#4 Le maître et ses élèves

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Au loin, entouré par les grands murs du labyrinthe de grès, sous un ciel rempli d'étoiles, un campement s'est formé au milieu d'un petit village ravagé sur la carrière de pierres sableuses.
Ici, seuls les chants d'un barbare ivre résonnent dans la nuit.
Plus d'une centaine d'hommes et de femmes de quinze à plus de trente ans sont installés sur des matelas de fortune installés sur le sol.
Ils ne ressentent pas le froid de la nuit ni leurs blessures causées par les défenses des habitants.
Et surtout, personne ne semble dérangé par l'odeur abominable qu'a causée l'immense bûcher crématoire qui a servi à faire disparaître les habitants.
Et au milieu de ces chants viens se loger des cris de rage et à bout de nerfs provenant d'une voix sifflante.
« Vous êtes tous des lâches ! Tous des lâches !! Détache-moi et affronte moi d'homme à homme ! Et dis à ton collègue de FERMER SA GRANDE GUEULE !!! »

C'est un serpent ressemblant à un crotale argenté à taille humaine sans sonnette au bout de la queue et doté de bras finissant par trois doigts griffus menottés d'une corde en cuir.
Cet animal étrangement humain est enfermé dans une cage en acier au milieu du camp.
« Tais-toi le serpent mal embouché ! Si tu restes sage, tu auras peut-être à manger demain matin. »
Dit avec moquerie un des guerriers de jeune âge d'environ seize ans aux cheveux bruns en pagaille qui donne l'impression d'une corne sur la gauche et qui a un petit kyste sous le sourcil droit.
Certains de ses cheveux tombent sur son front, cachant ce qui ressemble à des petites réflexions de lumière sur du métal.
Il est grand pour son âge avec son un mètre quatre-vingt-dix.
Vêtu d'une armure d'un métal de couleur cuivre avec des épines rouge sang sur ses spallières qui finissent en pointe.
L'armure a l'air plutôt fine, surtout sur les flancs laissant deviner la carrure svelte de cet escogriffe.
Des gantelets ornés de deux épines ne sont jamais de trop sur une armure, laissant ses doigts à l'air libre tout en protégeant ses avant-bras jusqu'aux poignets.
Par-dessus son pantalon en lin, il porte un court pagne rouge qui descend presque jusqu'à ses genoux au niveau des hanches ainsi que des bottes en cuir blindées du même métal que son armure qui montent jusqu'à la moitié de ses mollets.

« Eh ! Alkoren ! Au lieu de boire comme une épave et de chanter comme une casserole, tu pourrais peut-être prendre ma place ? J'en ai ras le bol de se serpent qui braille ! »
Hurle-t-il en direction de son collège de plus de trente ans qui a une bouteille de gnôle à moitié vide dans la main gauche et une large et longue épée dans l'autre.
Les épines sur son armure et son pagne sont de couleur gris foncé et il agite son arme de façon maladroite à cause de son ivresse.
Et un dernier détail de son armure est plus que macabre.
Une vingtaine de traits gravés sur le métal de son armure laisse présager du nombre de pauvres hères qu'il a déjà massacré.
Le jeune homme, lui, n'en a que quatre.
« La ferme Nyslam ! Je te rappelle que si c'est toi qui t'y colles, c'est parce que tu as été inutile dans cette bataille ! Et je ne voudrais pas aller au-delà de l'autorité de ton père ! »
Réplique Alkoren complètement ivre en se dirigeant vers les matelas pour cuver son alcool autour du feu de camp qui ne lui apporte aucune chaleur.
Il trébuche sur une roche et s'écroule endormi sur un lit de caillasse pointues en explosant sa bouteille d'alcool sur une autre pierre.
« Hmmmm... Dodo... »

« Guignol... »
Nyslam soupire d'un agacement typique des adolescents de son âge en regardant le serpent du coin de l'œil.
« Tu vois, Serpent-Mal-Embouché ? C'est toujours ça d'être le plus jeune et le protégé de son père et de ses oncles... On est toujours celui qui fait les basses besognes et à rester à l'écart. »
Bien que les serpents en général sont sourds, celui-là possède des oreilles externes, et il n'écoute pas le jeune barbare en reculant le plus possible dans son lieu de détention.
« Oh, tais-toi. Laisse moi me reposer un peu. Et avant que tu ne me repose la question... Pour la énième fois, votre proposition ne m'intéresse pas ! »
Il s'enroule sur lui-même et ferme fortement ses yeux dotés de paupières en cachant ses pseudo-mains attachées.
Un silence s'installe entre les deux interlocuteurs et ce silence est dérangé uniquement par les crépitements du feu situé à une bonne dizaine de mètres.
« Je sens que cette nuit va être longue... »
Rumine le jeune garçon en titrant une moue et en baissant la tête.

Les croisés du Plasma, livre 1 : Les quatre frères Où les histoires vivent. Découvrez maintenant