#1 Vert et bleu

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« Alors ? Qu'en dis-tu ? »
« Je ne sais pas. J'ai eu tellement peur en un instant. Mais... Je... Je ne trouve pas les mots sur ce qui vient de se passer. »
« Eh bien... Nous non plus à vrai dire. Nous sommes nés il y a à peine deux mois. Ou semaines... On ne s'en rappelle plus... »
« Mon frère, pourquoi parles tu au pluriel ? »
« Hein ? Je ne sais pas... Ça m'est venu comme ça. »
« Bien. Tirons un trait sur tout ça. Mais... Depuis tout à l'heure que j'ai un sentiment étrange. »
« Celui de l'existence ? »
« Non. Un autre. Un sentiment que je ne ressens que quand je suis en ta présence. Un sentiment qui me donne l'impression que mon cœur se fait plus léger. Je crois que... Je t'aime, mon frère. »
« Hm ? Moi aussi. Je crois ? Je ne sais pas, j'ai du mal avec les sentiments. Mal, bien, bonheur, tristesse, colère, acceptation, rédemptions, sacrifice... Tant de principes que je ne comprends pas. J'aimerais les ressentir un jour. »
« Alors pourquoi tu m'as sauvé ? Pourquoi as-tu fauché son âme pour la mienne ? Tu maîtrises la foudre omniprésente de l'univers, tu aurais pu faire tant plus ! »
« Pourquoi t'avoir sauvé ? C'était une pulsion que je ne pouvais pas supporter, je voulais être avec toi ! Je voulais venger nos autres frères et sœurs morts nés ! Et cette maudite foudre, c'est comme si elle était toujours avec moi, je l'ai toujours sentie... Je ne l'ai pas découvert, elle est une partie de moi. C'est étrange, n'est-ce pas ? C'est comme si j'avais juste découvert mon bras ou la jambe. »
« Ah ! Alors je serais capable de le faire aussi du coup ! Mais bon, je préfère la chaleur des flammes aux pincements des éclairs. »
« Comme tu veux, mon frère. Comme tu veux. »
« Et... Pour ces vies qui commencent à émerger ? Que comptes-tu faire pour eux ? Personnellement, je ne donne pas cher de leur peau. Je préfère la pureté d'une race primitive à la mesquinerie d'une race intelligente. »
« Cher Frère, l'idée de savoir que de nouveaux mondes et d'autres vies apparaissent dans l'univers m'a fait poser cette question : Aura-t-il une guerre entre eux ? Qui la commencera ? Dans tous les cas, je vais faire ce que je dois faire : Donner mon don à ces êtres qui se meuvent sur notre monde pour qu'un jour, ils nous égalent dans notre sagesse. »

Des millions d'années plus tard, deux yeux verts et deux yeux bleus s'ouvrent quand la foudre retentit bruyamment pour voir toute la majesté de ce monde.
La planète Bylial, perdue aux confins de l'univers, cette planète est entièrement ravagée par deux forces inconnues.
Les forêts sont devenues de grands champs de désolation sans vie.
Les capitales, les villes et les villages sont réduits à des étendues sans fin de gravats où quelques os carbonisés sont nichés entre trois briques.
Les montagnes ne sont plus qu'un tas de pierres.
Les glaciers ont complètement fondu, faisant monter le niveau de la mer si vite qu'elle est toute agitée et provoque de grands raz de marée.
Le ciel est encore plus inhabituel, couvert de nuages qui forment des spirales crachant des éclairs de couleur vert et bleu.
Cachés dans leur cave, les petits Basim et Samu sont en face des deux forces qui ont ravagées leur monde en à peine deux heures.

Ces deux ombres.
Celle de droite a les yeux bleu saphir avec des pupilles de reptiles, celui de gauche a les yeux vert émeraude.
Celui de droite replie son bras droit vers l'arrière et sort des éclairs bleus de sa main, celui de gauche lève son bras gauche au-dessus de sa tête et sort de sa main des éclairs verts.
Ils rapprochent leurs mains des deux jeunes garçons, qui, impuissants, se font vaporiser en même temps que leur planète qui disparaît aussitôt dans une gerbe de feu et de poussière.
S'ensuit l'image de deux yeux noirs et vides, un tuyau volant vers le visage d'un homme à la peau brune, et ces deux voix :
« Nous vous retrouverons. Et nous vous tuerons. Nos frères. »

Ils se réveillent.

« Non... Non pas ça ! »
Crient les deux jeunes garçons en se redressant sur leurs matelas disposés à même le sol.
Ils regardent autour d'eux et voient les autres enfants dormir autour, certains ne sont pas de la même espèce qu'eux, car ils viennent d'une autre planète, comme celui dont Samu tapote le dos afin de le réveiller et de lui demander :
« Wolfetsu, pourquoi tu ne nous as pas réveillés ? »
Un jeune loup anthropomorphique tourne la tête et fait une moue d'agacement en s'adressant à Samu.
« Ça fait deux mois que vous faites le même cauchemar, j'en ai marre moi ! En plus, il est trois heures du matin laissez moi dormir. »
Wolfetsu se rendort à côté d'un scorpion ayant des formes humaines, une sorte d'hybride.
Les deux jeunes garçons se recouchent sur le dos et se demandent avant de dormir :
« Que s'est-il passé ce jour-là ? »
Puis ils ferment les yeux et essayent de ne plus penser à ces ombres et ils finissent par s'endormir.

Les croisés du Plasma, livre 1 : Les quatre frères Où les histoires vivent. Découvrez maintenant