#9 Le légitime et le bâtard

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« Qu'est-ce que t'as dit ? »
Questionne sèchement Nyslam, abandonnant Skale comme un déchet sur le sol de sable brûlant pour s'approcher de quelques pas d'Awal.
Le blondinet ne montre aucun signe de peur à l'approche de celui au Plasma noir dont il connaît très bien la force.
« Je t'ai demandé ton nom. »
Insiste-t-il en enroulant la chaîne de son fléau dans sa main, cherchant à créer un cadre plus propice à la conversation.
Nyslam le regarde en détail des pieds à la tête et, sûr de lui mais toujours un peu prudent, il fait disparaître les flammes noires qui le couvrent mais garde son arme en main.
Sans perdre son expression agressive au visage, il répond :
« Qu'est-ce que ça peut te faire que je te donne mon nom ? Tu seras bientôt mort alors qu'est-ce que t'en as à faire ?! »
Entre les deux orateurs, rien n'a changé parmi ces ondes d'aversion, de défiance et de concurrence qu'ils dégagent.

Basim et Samu observent la scène d'un œil discret, ils font confiance à Awal concernant ses talents d'orateur.
Et Nyslam n'est qu'un adolescent, ils sont sûrs que le blondinet à la situation bien en main.
Intervenir avec ou sans leurs armes ne pourrait que jeter de l'huile sur le feu, surtout après qu'ils aient montré qu'ils n'étaient pas de son côté en sauvant Rabano.
Maintenant qu'ils y pensent, ils regardent vers la dune de sable ou les trois Soriniens ont été projetés par Nyslam.
Ils ont tous les trois arrêté de se traîner, visiblement, ils ont bel et bien perdus connaissance et ont le visage dans le sable.
Juste à côté du grand pâle inconscient, ils voient leurs couteaux de lancer briller au soleil.
Samu s'apprête à aller les chercher, et évidemment, Basim l'a stoppé en lui attrapant l'épaule.
« Attends de voir comment la situation va évoluer, imbécile ! Si ce maniaque nous voit tenter quoi que ce soit, ça va mal aller ! »
Soupirant, Samu reste à côté de son frère et ils observent la situation évoluer.

Awal n'a pas bougé, tachant de paraître le plus inoffensif possible.
« Écoute-moi, d'accord ? Je suis sûr et certain qu'on peut régler ce problème sans effusion de sang. Juste, essayons de parler. »
Lentement, il fait un premier pas en avant.
« Et si je me présentais en premier, hein ? »
Nyslam, lui, c'est en arrière qu'il fait un pas.
Ça n'empêche néanmoins pas le blondinet de forcer un sourire tordu par le stress et de tendre sa main vide de toute arme.
« Je m'appelle Awal Man Yamut. Et toi, quel est ton nom ? Je veux le connaître. »
Le jeune barbare hausse le sourcil se trouvant au-dessus de son kyste, n'ayant rien à perdre selon lui, il se prête au petit jeu d'Awal.
« Moi, je m'appelle Nyslam. Seulement Nyslam. Dis-moi, Awal-Je-Ne-Sais-Plus-Quoi, qu'essayes-tu de faire avec ce petit pourparler ? Me tuer d'ennui ? »
Awal soupire, observant l'adolescent avec un œil plus inquisiteur, le sourire arrogant qui se dessine sur le visage de Nyslam ne fait qu'amplifier cette atmosphère entre eux.

De son index, le blondinet pointe le plus horrible des détails de l'armure épineuse portée par le garçon.
« Ces quatre traits... Ce sont les gens que tu as tué, n'est-ce pas ? Et si j'ai bien compris Rabano, il s'agit des membres de sa famille. »
Sans éprouver le moindre remord, c'est limite si Nyslam ne l'applaudît pas.
« Précisément ! Tes yeux et oreilles sont parfaitement fonctionnels. »
Awal soupire mais tache de rester le plus calme et diplomate possible.
« Tu as tué des gens innocents qui étaient accessoirement les membres d'une famille et également les amis de certaines personnes. C'est un acte irrémédiable et inhumain, rien n'excuse le meurtre, RIEN ! Mais au dessus de l'acte, il y a l'humain. Et l'humain peut toujours changer et devenir meilleur. Je sais que, au fond de toi, tu n'es pas comme ça et tu regrettes tes gestes et tes actions. Alors, je t'en prie... Pose ton arme, et je te promet qu'il ne te sera fait aucun mal... S'il te plaît, Slamnyslas... »

Slamnyslas ?
« De qui il parle ? Il a pourtant dit s'appeler Nyslam. »
S'interrogent Basim et Samu, figés comme des statues car n'osant rien faire pendant ce dialogue entre les deux manieurs de fléau d'armes.
D'ailleurs, même celui à la mèche en corne a l'air perplexe, se demandant de qui Awal vient de parler.
« Mon nom est Nyslam ! T'es bouché ou quoi ?! T'as inversé deux syllabes et t'en as ajouté une troisième qui n'existe pas ! »
Ce n'est pas l'air de quelqu'un qui se rend compte de son erreur que prend le blondinet, mais plutôt l'expression d'un homme profondément déçu.
« Pardon... Nyslam... »
« Je m'en fous de tes excuses ! »
Le coupe amèrement celui aux pointes rouges sur les spalières.
Lui, encore, ce n'est que la haine que son visage montre.
Prouvant son absence de peur vis-à-vis d'Awal, il fait un pas vers lui, les bras croisés avec encore son arme en main.
Le boulet repose à ses pieds.

Les croisés du Plasma, livre 1 : Les quatre frères Où les histoires vivent. Découvrez maintenant