Chapitre 1.1

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Un café au lait à 15 heures, le feuillage zèbre mon visage d'ombres et de lumières, il fait doux, le vent souffle à peine. Je suis assis sur une chaise en fer forgé, accoudé a la table ou l'ensemble de mes poches sont étalées, je perds mon regard dans un bout de jardin. Un seringa saillant forme un petit dôme au dessus de ce petit espace qui jouxte l'entrée de la maison, un drôle d'espace, vide la plupart du temps comme en témoigne les salissures sur les chaises et la table. je me sens heureux, apaisé, fatigué, en vie.

"Hamand tu apprécie ce moment ?  - Oui merci Daguant, je repensais à la journée d'hier et  aux jours précédents et aussi beaucoup aux temps calmes avant tout ça.. - On s'ennuyaient pas mal non ? "Marint est encore endormie, ces blessures ont quasiment disparues répondit Daguant, avec son sourire sans peur, les yeux rieurs, un café brulant en main. Comment pouvait 'il n'avoir aucune gravité en lui après ce qu'il venait d'arriver ? j'avais beau le scruter rien de perceptible n'avait changer chez lui, en apparence peut-être, ou bien étais ce l'aboutissement de son chemin de vie, quelque chose pour laquelle il était préparé depuis toujours ?

 La vie venait de me surprendre, d'un tempérament calme j'appréciait les changements doux, et j'avais beau attendre qu'il ne s'y passe pas trop d'événements ce n'est pas moi qui décidait. Soudainement tout était arrivé en même temps comme si une balance a deux coupelles s'effondrait sous le poids d'une qui est trop remplie: " Ce n'est pas possible, il était lacéré de part en part ! 

Séverin encore endormi, rêvait d'une étrange lumière, ce n'était pas la première fois. Il se promenait dans un endroit magnifique, un petit coin de nature très coloré et cela le remplissait de joie car il n'avait jamais vu cette couleur et encore moins autant de nuances différentes .

La lune se faisait plus forte et à travers l'entrebâillement  des volets, les rayons se glissaient doucement dans la chambre de Séverin, une tiède et douce chaleur réveilla peu à peu le petit endormi " Haaaa, c'est le 1 juillet ! Ma saison préféré commence!!  S'esclaffa t'il en bâillant très fort - D'un bond il se leva , sa chambre au dernier étage de la maison était spacieuse et haute de plafond, faite de bois ancien terni,  on pouvait ressentir l'âme d'une vieille demeure et la fenêtre en forme d'alcôve ajoutait un charme désuet. Il enfila sa tenue faite d'un gilet ample et d'un pantalon bouffant et de chaussures confortables mais solide, puis il fila dans la cuisine en descendant l'escalier quatre à quatre pour se préparer un bon bol de rosée du matin.

Il dégusta son petit-déjeuner et son regard se perdit dans la fenêtre donnant sur le jardin. La lune et les étoiles doraient le paysage de teintes grises et argentées alors que la nuit, costumière des ombres, habillait le monde d'obscures couleurs que seul les habitants du Pays de Noctalis pouvaient voir grâce à leurs grands yeux ronds d'un violet profond. Il se mit a penser au passé, il y avait de l'animation lorsqu'ils étaient trois , Sirg et Trouble les deux autres élèves avaient vécus avec Séverin pendant 3 années, caressant le jardin avec lui dans l'espoir de maîtriser les éléments. Puis un à un ils avaient été aspirés dans l'autre monde par la porte du Cèdre, victimes de leurs inattention, l'échec n'avait aucune place avec les forces présentes

" L'autre monde...? Es donc là ou je me rends régulièrement dans mes rêves ? -

Une fois il en avait parlé à son ami " Hibouette " qui lui avait répondu que personne ne se posait ce genre de questions à Noctalis car personne ne rêvait de choses qui n'existait pas et en riant elle l'avait gentiment traité de fou rêveur. Pourtant ce questionnement revenait de plus en plus dans les pensées "Nocturiennes" du petit Séverin et une drôle d'idée, qu'il essayait de ne pas écouter, commençait à faire son chemin.

 Séverin vivait seul et il aimait ça, toutes les nuits son travail consistait à bien s'occuper du jardin, le conserver dans sa normalité et le traiter avec respect, car tous les soirs quelque chose changeait.. Les arbres, les feuilles, les pierres se mettaient à réagir, leur essence vibrait autrement. Imperceptiblement mais sûrement, on aurait dit que quelque chose d'invisible éclaircissait le monde dès que Noctalis s'endormait.

 Il faut savoir qu'à la fin de la nuit tous les habitants  tombaient dans un sommeil profond. Sans pouvoir s'y préparer ni se réveiller tant que la lune et les étoiles ne brillaient pas. On pouvait assister à des scènes burlesques ou l'on retrouvait un tel dans un arbre, un autre dans son assiette ou même sur les toilettes. Séverin quand à lui se mettait bien en avance dans son lit, " Le monde est remplie de mystères se dit Séverin. Pourtant personne n'y trouvait rien à redire et les gens préféraient cela, car vivre dans un monde de mystères et de rêves, ou les légendes de toutes sortes alimentaient les discussions faisaient le bonheur des Noctaliens. Pourtant.. et pourtant.. Le petit Séverin se sentait différent.  "Bon! Ca suffit toutes ces pensées  se dit'il en secouant la tête, et il entama son travail. 

Il se présenta alors devant toutes les pierres, tous les arbres, feuilles, chantant et dansant dans la lumière argentée. Séverin très concentré sur sa tâche se mis au centre du jardin, les bras le long du corps, paumes ouverte, il s'unit à son environnement en restant attentif à la perception du reflet des choses. Ressentir la matière ne lui demandait que peu d'effort et à force d'entrainement il pu réunir en lui un lien qui les reliaient en un cycle d'équilibre, l'énergie apaisé se faufilant de lui aux autres éléments dans une prière fragile et forte, dénué d'intérêt et ralentissant le changement. Puis il se promena allant caresser chaque être jusqu'à sentir leur âme et leur humeur. Il joua avec les chouettes, les souris et les chats pendant des heures et enfin le jardin commença à se souvenir, sourire et s'apaiser. Surtout il effaça peu à peu les étranges taches claires qui étaient apparues.

 " Le jardin à retrouvé son éclat naturel, bienvenue chez toi la pierre, la feuille et l'arbre chanta une dernière fois Séverin. Puis il se dirigea vers sa maison pour se préparer au coucher, une torpeur commençait à monter en lui des pieds à la tête et au moment d'ouvrir la porte quelque chose attira son œil, un petit éclat au fond du jardin, un flash qui lui fit peur car il l'avait déjà vu dans ses rêves. Pris de panique il voulut s'enfuir au plus vite mais il ne pouvait pas laisser le jardin seul avec cette anomalie. Il n'était déjà plus en état de réfléchir et une petite voix dans sa tête lui dit: - Tu l'as vue toi aussi ? Tu l'as vue le petit garçon dans le miroir ? et la petite voix se mit à rire.




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