La situation vue de l'extérieur aurait pu être cocasse, trois hommes murs en fille indienne armés de louches et de couteaux à steak avançaient lentement, les oreilles tendues à l'extrême dans l'escalier du premier étage. Mais ils n'en menaient pas large, les souvenirs de la veille affluaient:
Marint se rappelait être devant le feu rigolant fort d'une de ses blagues et soudainement se faire projeté en plein dans le Barbecue comme si une rafale de vent avait plaqué sa chaise contre lui, emprisonnant sa jambe, et au milieu des gerbes de feu il crut que des tisons transperçaient son abdomen. La douleur était atroce et il comprit ce que ressentait ces millions de saucisses lentement cuites au feu à travers le monde.Daguant était en face de lui se souvint de cette forme qui avait brusquement surgit derrière Marint, deux bras déformés, tendus en avant et entourés d'une épaisse chevelure noir comme la nuit. Sa peur fut intense et le fit bondir hors de sa chaise, par réflexe il saisit le tisonnier qui était sur la table et frappa encore et encore le dos et la tête de cette sorte d'épouvantail qui enlaçait son ami dans les braises.
Quand à moi, je me rappelais admirer la capacité de Marint à s'auto acclamer alors qu'il nous racontait une énième anecdote croustillante de rencontres rapides. Sa méthode avec les autres était simple et efficace, un intérêt rapide et non feint, quelques questions innocentes mais bien ciblées. Puis quelques moqueries niveau collège et si cela marchait il passait vite à la vulgarité débridé, car pour lui cela était le gage d'un échange honnête et donc d'un gain de temps.
Alors qu'il terminait son monologue endiablé par son fameux rire tonitruant, il plongea littéralement dans le "Barbeuc", projetant la grille et les flammes dans ma direction et je perdit l'équilibre dans une roulade peu glorieuse. Alors que je m'appuyais sur le sol avec mes mains pour me relever, mon visage se retrouvât au niveau de Marint. Son expression douloureuse et ses yeux révulsés n'étaient rien en comparaison de l'autre regard qui me fixait froidement, à travers la fumée on aurait dit que ses yeux étaient violets et ses cheveux rappelait celle de la Gorgone Méduse, la femme aux cheveux de serpents. Un échange oculaire qui n'avait duré que quelques secondes mais qui pouvait se résumer en un: " C'est toi le suivant ".
Le tisonnier s'abattit lourdement sur sa tête et son regard devint féroce, Daguant la frappait comme un forcené , elle relâcha son emprise et avec un cri strident s'enroula sur elle même et s'accroupit paumes tendus vers lui, j'aurais juré qu'elle maintenait Marint au sol avec sa jambe autour de lui , la nuit et le feu qui mourrait lentement sous ce ce duo me faisait penser à une lionne qui défend sa proie fraichement tué contre des hyènes opportuniste. Elle s'apprêtait à bondir sur Daguant qui eu un mouvement de recul mais je fus plus rapide et tout en me levant je saisis une chaise que je fracassais sur la "Folle ", et pris de fureur panique je lui sautais dessus en lui déversant une avalanche de coups de poings. Daguant se précipita vers la cuisine toute proche et appuya sur l'interrupteur qui allumait la lampe extérieure, puis vint à mon secours et stoppa net sa course.
Un corps pétrifié gisait sous moi, mes mains étaient ensanglantées, le dernier coup porté m'avait presque brisé les articulations, Marint gémit, son sang coulait hors de lui comme de la lave et devenait tout noir en se mélangeant à la cendre. Il se tint le ventre et se retourna vers nous, il agonisait, l'attaque furtive avait été rapide et efficace comme pouvait attester son visage devenu livide, tous nos sens nous alertaient de sa mort imminente alors que nos cerveaux réfutaient tout cela en essayant de trouver une solution pour le secourir. La créature tressaillit soudainement et ses cheveux se dressèrent en autant de lianes vivantes, tout son corps pris une teinte émeraude et des centaines de paupières apparurent des boucles de sa chevelure, et lorsque elles s'ouvrirent un son de carillon extrêmement puissant retentit.
Le monde se mit à trembler autour de moi, du coin de l'œil je vis Marint se lever et fuir dans la maison en titubant en tous sens. Le son nous paralysaient presque entièrement, Daguant pris le sac a charbon de bois vide qui était au sol et recouvrit la tête de la créature ce qui atténua la puissance du son
-Aide moi, on va enfermer ce truc dans la salle de bains, c'est la seule pièce qui ferme, puis il tenta de la soulever.
On aurait dit une énorme pierre, je saisis le bas et lui le haut en maintenant fermement le sac, le temps de la transporter sa masse devint de plus en plus ferme et lourde, et au prix d'un effort surhumain et surement aussi grâce a un haut taux d'adrénaline nous pûmes la déposer dans la baignoire et Daguant ferma la porte a double tour.
Un voile obscurcit le monde et je me réveillais paisiblement dans le canapé au premier étage tout habillé. Une forte envie de café frais et d'air pur monopolisait mon esprit, je descendais vers la cuisine avec ce sentiment frustrant de ne pas pouvoir se rappeler d'un rêve.
Marint qui était en tête se retourna vers nous:
- Ce n'étaient pas des couteaux les gars, je crois bien que c'était ses ongles et ce qui c'est enroulé autour de ma jambe ressemblait à un serpent .. comme un boa qui immobilise et étouffe sa proie.
- Un serpent avec des ongles qui avait de long cheveux ? Ça me rappelle une ex, tenta de blaguer Daguant qui sortit cette phrase entre ses dents serrés, ce qui émit un sifflement rappelant un serpent à sonnette.
Nous arrivâmes finalement silencieusement devant la porte coulissante en bois de la salle de bains du dernier étage, on pouvait percevoir le clapotis de l'eau qui coulait doucement à l'intérieur.
- je suis chez moi cria Daguant en ouvrant brusquement, tout en faisant tournoyer sa louche comme un lasso au dessus de sa tête il dégomma l'ampoule du plafonnier qui se mit à danser dans tous les sens, projetant les ombres et les lumières comme dans un train fantôme qui aurait perdu la raison.la douche italienne ruisselait sur une sorte de "blob" verdâtre, la créature devenu pierre était à présent mou comme du "slime" et flottait dans la baignoire a moitié remplie. la lumière se stabilisa.
Daguant s'approcha au plus près du liquide puis nous se retourna vers nous
- Bon.. On vide le bain ou pas ?
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Noctalis
خارق للطبيعةLe rêve d'un enfant devient un cauchemar pour les habitants d'un petit immeuble dans la proche Banlieue du Sud-ouest de Paris