Chapitre 3.2

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Hibouette rendait visite a son ami Séverin une fois par semaine, ce qui était beaucoup pour les habitants de Noctalis, leur amitié profonde venait du fait qu'ils étaient voisins et que leur travail était assez similaire. Séverin Harmonisait Les éléments vivants entre eux et elle, cherchait à définir les interactions qui les liaient, certains produisait plus d'énergie noire au contact d'un autre où à une certaine distance. Elle en profitait donc pour échanger avec lui sur la meilleur façon d'agencer le jardin, prendre de ses nouvelles et quelquefois le regarder travailler. Elle aussi avait vu disparaitre de la nuit au lendemain plusieurs de ses amis et était seul et maître de son petit royaume. 

En arrivant le soir de sa visite hebdomadaire elle fut surprise de ne pas l'apercevoir, la porte de la maison était ouverte et le seuil de la porte était recouvert de feuilles qui luisaient dans le noir.

- De la couleur terne.. comment es possible ?  Et elle avança dans la maison avec une boule dans la gorge, quelquefois fois le corps sait avant l'esprit. Malgré ses appels et après avoir fouillé les étages, Séverin demeurait introuvable, et une larme coula doucement le long de son visage. Le vent se mit à se lever dans une belle nuit dégagée et une bourrasque puissante sécha sa joue et emporta dans un tourbillon les feuilles d'automne découvrant le corps inerte de Clément.

Elle n'en croyait pas ces yeux, le reste des feuilles qui ne s'étaient pas envolées étaient comme soudées à ce corps et elle crut dans un premier temps voir son ami, elle se précipita vers lui mais stoppa net sa course, le visage et les habits de l'étranger posé au sol ne venaient pas d'ici.

Séverin avait' il tué cet être ? un Voleur ?  un assassin ?  elle devait savoir, quitte a braver un interdit, mais elle pressentait que le monde avait subi un changement profond et il fallait réagir vite, elle pouvait soit informer sa supérieure soit allez chercher le miroir.. 

Chaque maison de Noctalis abritait un miroir et seul les sages savaient et pouvaient s'en servir dans des cas extrêmes. Depuis longtemps ils avaient été bannis du monde car on disait qu'ils étaient les détenteurs de la vérité, ouvreurs du temps et de portes. Peut être qu'il pourrait raconter ce qu'il venait de se passer ou même retrouver son ami.

 Comme elle, il avait caché cette chose à l'envers au fond de la cave dans un coffre sous une bonne épaisseur de linges, faute de temps elle brisa la serrure et entra dans le noir profond que son regard perçait aisément. Heureusement la clef était proche du coffre, elle l'ouvrit et couvrit le miroir d'un drap puis remonta dans la maison auprès du corps feuillus.

Elle ne connaissait pas la marche à suivre, elle l'installa face à la scène mortuaire et le libéra de son linge, puis s'accroupit en tailleur scrutant sans y croire vraiment le dos du miroir. Le temps s'écoulait et elle prit ce temps pour se calmer et retrouver une froide logique, l'émotion ne pouvait que lui faire perdre du temps et lui faire commettre des erreurs de jugement, elle pensait à son ami. Au bout d'un moment son corps se fit plus léger et elle ne le sentit presque plus, ses paupières ne clignaient plus non plus et sa vision devint profonde comme dans un long tunnel. une lumière blanche apparut et sa clameur fit disparaitre les contours des objets, le dos du miroir disparut aussi et le jardin se dévoila devant elle. 

Elle comprit rapidement qu'elle voyait les derniers moments du jeune mort, sa surprise devant Séverin, sa tristesse et sa frustration de ne pouvoir échapper à son rêve. Elle fut estomaqué de voir le jour sans comprendre ce que cela pouvait être, mais aussi que séverin changeait sa matière en dormant, elle aussi ? 

Puis vint le moment tant redouté, l'explosion de ces deux êtres, la mort de l'un et l'évaporation de l'autre en une gerbe de feuilles et c'est là qu'elle vu la brèche, fine cicatrice qui flottait dans l'air devant elle, elle se releva tourna autour de la scène et aperçut la fissure du coin de l'œil. Son ami n'était peut être pas mort, elle approcha sa main mais une vive douleur la fit reculer. 

-Soit courageuse ma fille et elle agrippa de ces deux mains la brèche, le feu dévora ses mains pendant qu'elle écartait de toutes ses forces l'ouverture, et en hurlant de douleur elle entra lentement comme dans un champ de force qui la repoussait tel un aimant. Sa peau fondait à vue d'œil aussitôt remplacé par une autre plus rugueuse, tout son corps mutait et son âme devint bestiale, elle perdit la joie, la douceur et tout ce qui faisait d'elle un être si apprécié par les Noctaliens. Des griffes remplacèrent ses ongles, son regard devint noir et une soif de tuer s'instilla en elle alors quelle franchissait la porte d'un autre monde.

Elle arriva dans le jardin par le cèdre, son corps dégoulinant comme de la sève au sol, elle huma cet air étrange et sentit la chair si proche, si appétissante, au loin brillait une forme qui dansait dans l'air et éclairait des visages grimaçants. Une rage l'envahit et elle se précipita sur eux toutes griffes en avant, et avant de planter ses lames dans le corps du premier qui était de dos, elle put pressentit le plaisir infini qu'elle allait avoir en le pénétrant et ce fut une libération de sentir la chair s'ouvrir sans mal dans la proie pris aux pièges, surprise sans aucun doute de se faire fouiller de la sorte. Elle bascula avec lui dans un enfer chaud aux saveurs ancestrales et alors qu'elle commençait à le mettre à mort elle salivait d'avance en voyant la peur dans le regard du deuxième. 

Son nouvel état de Bête la rendait surpuissante et sans peur et  il n'y avait plus de place en elle pour la réflexion mais seulement pour les sensations, heureusement pour eux elle prenait encore trop de plaisir à savourer les instants et elle ne sentit même pas les premiers coups qui déferlaient sur elle. 

Alors qu'elle tombait dans l'inconscience elle sourit en pensant au bien que pouvait faire le mal

NoctalisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant