Chapitre 5.1

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Au second étage Aude fumait une cigarette à la fenêtre de la cuisine, le rebord était garnie de plantes aromatiques qu'elle avait savamment disposées dans des bacs, les odeurs mélangées lui rappelaient la Toscane et la Provence. Enfin c'est ce qu'elle supposait car elle ne voyageait jamais, même petite, ses parents n'aimaient pas ça et comme eux elle préférait travailler dur et retrouver son cocon le soir et les Week-ends.

Et puis elle n'avait personne avec qui partir, une jeune vieille fille pensait 'elle, trente sept ans déjà, trente pour se rendre compte qu'elle aimait les filles, sept pour constater que vivre avec quelqu'un lui était impossible. La cigarette se consumait doucement alors qu'elle se perdait dans le comptage de ses ex, elle ne faisait pas l'effort de les retenir ni de les aimer vraiment, une feuille précoce d'un automne encore lointain se mit a flotter devant elle. 

Son regard se perdait au loin dans la fumée, les senteurs et la nature l'appelait au delà des toits où l'horizon se fondait avec la forêt, peut être était il temps pour elle de partir aussi, elle avait du mal avec la locataire qui habitait au dessus d'elle et les moments de calme qu'elle aimait tant devenaient rare.

Elle venait de l'entendre crier encore, dès le matin, et s'ensuivit la cavalcade des voisins et maintenant les bruits sourds de conversation, ca changeait des scènes de sexe débridées que lui offrait régulièrement sa charmante voisine . C'était bien dommage d'ailleurs car lors de son arrivée elle l'avait trouvé à son goût comme beaucoup dans l'immeuble, jolie blonde assez mince, la trentaine. Elle l'avait trouvé polie et très sympathique, elle lui avait très vite donné son numéro de téléphone en plus, entre filles seules et voisines c'est mieux de pouvoir se parler rapidement, une amitié aurait pu naître et qui sait ..

Elle se rendit compte assez vite qu'elle aimait les filles autant que les garçons et au début entendre les gémissements et les orgasmes la troublait beaucoup. Elle passa de longs moments à tenter d'écouter les conversations en restant dans le silence, les murs étaient minces et les planchers anciens. Le plaisir de cet intimité secrète pris le pas sur les vrais relations et ce voyeurisme sonore devint obsédant.

Comme une drogué en manque elle essaya maladroitement d'attirer son attention en la croisant inopinément dans l'escalier toute apprêté et souriante, mais la frustration grandissait et rien ne changeait, encore.. une vie d'immobilisme et elle si dynamique, toujours entourée, jamais vraiment disponible. Comme souvent le plaisir se mua doucement en souffrance, le bruit continu une plaie et elle se surprit à la détester.

Elle commença à lui envoyer des sms de voisinage comme : Pourrais tu faire moins de bruit ce soir merci, Aude. Ou encore : J'entends Clément courir le soir, mais aussi à peu près tout, pourrais tu faire moins de bruit, merci !

Au début Diane répondait poliment en s'excusant, puis les réponses devinrent étendues dans le temps, plus courtes, puis rare, puis rien.. Elles ne souriaient plus en se croisant par accident, le phantasme disparut, encore un échec.

Elle les entendaient en haut, des hommes avec elle bien sur, elle préférait leur compagnie, elle l'avait entendu maintes fois se plaindre auprès de tous ses mâles protecteurs, pleurer puis jouir, la femme dans toute sa splendeur. Elle se ralluma une cigarette espérant secrètement que le cri qu'elle avait entendu était du à un terrible accident qui l'aurai défiguré par exemple, oui ou handicapé, ca lui apprendrait peut être à vraiment s'intéresser aux autres.

Perdu dans ses pensées, là ou son âme était soudainement devenu sombre elle n'entendit pas le syphon de sa salle de bains gargouillé joyeusement.

Séverin voulait comprendre pourquoi le gros sentait Hibouette et il profita de leur roulade pour se coller contre son poitrail et bien le renifler, l'odeur était différente quand même et puis comment aurait elle pu être dans ce monde avec lui, il relâcha son emprise et courut dans sa chambre.

Nous étions tous surpris par la rapidité de la scène, Marint le premier. Il suivit du regard Le gamin s'enfuir et se releva en s'inspectant et en s'époussetant 

- Bon j'ai compris c'est ma fête quoi ! Voila pourquoi j'ai pas fait de gosses

- je.. je suis désolé, je ne comprends pas ce qui se passe avec lui répondit sa mère qui semblait effrayé

- En tous cas nous ca nous rappelle quelque chose lança Daguant

-Oui et c'est pas bon du tout Diane, elle venait de s'asseoir un peu choqué, et je m'asseyais devant elle, son torchon était tombé dévoilant son cou, une marque rouge vif y était présente et on pouvait voir des dizaines de traces de dents comme des mordillements à répétitions.

- Laisse le se remettre dans sa chambre, en attendant on va te raconter ce qu'il c'est passé cette nuit.

Après quelques minutes nous avions fini nos versions de l'histoire, elle nous regardait sans rien dire

- Vous vous foutez de moi en fait ? je vous ai entendu hier et c'était pas de l'eau que vous buviez et pas non plus de la poésie que vous récitiez. J'avoue que Clément est trop bizarre ce matin et qu'après votre " agression " ca peut faire beaucoup mais je vois pas trop le lien. 

- Ok Diane, vient au moins avec nous voir le truc dans la salle de bains si ca a pas déjà changé de forme, on ne peut pas rester sans prendre de décision, je te promets qu'on te ballade pas et que tout ca est bien arrivé lui répondit Daguant.

Devant sa mine dubitative je renchérissais

- On a besoin d'un regard extérieur, s'il te plaît, deux secondes

- Bon.. ok , mais je laisse pas Clément seul

- Ok va le chercher si tu préfères mais surveille le, pas envie de me refaire un frotti-frotta avec lui encore bougonna Marint

Diane se dirigea vers la chambre de son fils, frappa quelques petits coups et ouvrit un peu la porte.

- Clément viens ici, ce n'est pas grave, tu me diras après ce qu'il se passe, ok mon bébé? On descends juste deux minutes chez Daguant

-Ca va maman.. j'ai envie de rester dans ma chambre, je suis fatigué, pardonne moi..

Elle réfléchit un instant

 - D'accord, j'en ai pour deux minutes, je t'aime tu sais ca ? elle elle repartit dans le salon

Séverin avait juste eu le temps de se relever du plancher ou il était allongé, un bruit attirait son attention dans l'appartement du dessous et une voix lointaine dans sa tête commençait à lui parler. 


NoctalisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant