Mathieu Pruski
— Pars.
Cameron me regarde droit dans les yeux, un air meurtri étendu sur le visage. Je crois qu'elle est autant énervée que blessée d'avoir appris que je l'ai volontairement mise à l'écart. Et je peux comprendre, j'aurais moi-même eu les nerfs. Mais je ne pensais pas qu'elle en viendrait à me demander de partir pour autant.
— Pars Mathieu.
— Non.
Ma réponse est immédiate et elle n'a pas l'air de lui plaire. L'espace d'un court instant je retrouve la Cameron de nos débuts qui ne savait pas cacher tout le mépris qu'elle me portait. Ses iris verts d'habitude à l'origine d'une douce chaleur réconfortante ne sont plus que des snipers près à m'abattre au moindre faux pas. Il faut que je trouve un moyen de désamorcer la bombe, et ce n'est certainement pas en partant que je le pourrais.
— Je vais rester et on va en discuter, c'est normal que tu sois vénère mais laisse nous au moins l'occasion de régler le problème.
— Je sais pas à quel moment mes mots étaient pas assez clairs, Mathieu. Je veux plus te voir. Pas pour le moment.
Elle se mord la lèvre avant de continuer sa phrase, confirmant mes doutes. Je ferme la porte de la cuisine pour éviter de déranger ceux qui dorment et me rapproche de Cameron autant que je le peux. Je sais très bien pourquoi elle voudrait m'esquiver ce soir, mais je ne vais pas lui faire le plaisir de fuir.
— Tu veux m'en mettre plein la gueule ? Vas-y, je survivrai. T'es à cran pour mille raisons, je le vois bien. Et si ce soir t'as plus ce qu'il faut pour tout contenir à l'intérieur alors te retiens pas. Je sais faire la part des choses. Défoule-toi sur moi en prétendant que tu t'énerves juste parce que j'ai menti. Fais-le Cam. Si ça te fait du bien alors je m'en fiche d'être ton bouc-émissaire le temps d'une petite heure.
Ses défenses se fragilisent sous mes yeux à mesure que je parle. Je suis conscient que toute cette histoire lui pèse depuis longtemps, et peut-être bien que découvrir que j'étais au courant de la situation d'Alicia était la goutte de trop. Celle qui la met trop en colère pour se taire et faire comme si de rien n'était.
— Fais-moi tous les reproches du monde Cam, je les encaisserai sans rien te reprocher. Mais arrête de vouloir me mettre à l'écart quand t'as l'impression de te faire submerger. Peut-être que tes mots seront blessants, peut-être qu'on va s'embrouiller. Sûrement même. Et alors ? C'est ce qu'on fait toujours. On s'est déjà dit les pires saletés, rien n'a changé. Parce que je sais distinguer quand tu plaisantes, quand tu veux simplement te défendre, quand t'es blessée ou quand tu le penses sincèrement. Parle-moi, c'est tout ce que je te demande. Je saurai faire la différence. Et je préfère fonctionner comme ça plutôt que de laisser des non-dits pourrir au fond de toi, au fond de moi. Hurle-moi dessus si c'est ce que tu veux. Mais laisse enfin toute cette merde sortir, parce qu'elle te fait plus de mal à toi qu'elle pourrait m'en faire à moi si tu lâches tout.
Sa main désormais dans la mienne, je la pose contre ma poitrine, dans l'espoir peut-être de la convaincre que je suis sincère. Elle y est presque, je le sens. Et ce n'est que quand elle braque à nouveau son regard sur moi, arrachant ses doigts de ma prise, que la machine se lance enfin. Le son de la victoire retentit un court instant, très vite balayé par la voix tranchante de mon doc.
— J'essaie de la récupérer depuis des mois, de la tirer de ses bras malsains. Maladroitement, peut-être, mais j'ai essayé inlassablement de lui faire entendre raison en sachant pertinemment que la chute serait douloureuse. Je savais combien ça lui ferait mal et je lui avais promis d'être là pour elle à ce moment-là. Et soudainement j'apprends que ça fait des semaines qu'elle fuit ce grand malade, toujours dans la peur qu'il finisse par la retrouver, et que t'as pas daigné m'en parler ? Je comprends même pas comment t'as pu me cacher ça alors qu'on est toujours fourré ensemble Mathieu ! Tu te comportes comme un connard et je suis censée la fermer ? Si y a bien une chose que je pensais éviter avec toi, c'est les mythos. Et en un claquement de doigts tu fous tout en l'air, comme si ça n'avait aucune importance.
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Kagami • PLK
Fanfic❝𝘈𝘯𝘥 𝘯𝘰𝘸 𝘪𝘵'𝘴 𝘤𝘭𝘦𝘢𝘳 𝘢𝘴 𝘵𝘩𝘪𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘮𝘪𝘴𝘦 𝘛𝘩𝘢𝘵 𝘸𝘦'𝘳𝘦 𝘮𝘢𝘬𝘪𝘯𝘨 𝘛𝘸𝘰 𝘳𝘦𝘧𝘭𝘦𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘪𝘯𝘵𝘰 𝘰𝘯𝘦 ❞ 𝐤𝐚𝐠𝐚𝐦𝐢 (𝘫𝘢𝘱) - 𝗆𝗂𝗋𝗋𝗈𝗋 C&M