Mathieu Pruski
1er Janvier 2019
Les yeux mi-clos, je peine à monter toutes les marches sans en louper une. Putain ce que je regrette d'avoir autant bu, je sais déjà que je vais me faire déchirer par Alicia. Je sors mon téléphone de ma poche pour regarder mon reflet une dernière fois mais il n'y a rien à faire, c'est irrécupérable. Et malheureusement, mes lunettes de soleil ne pourront pas sauver mon apparence une fois entré dans l'appartement. Elle va inévitablement remarquer mes yeux injectés de sang et mes cernes anormalement marqués.
Je toque, lourdement accoudé contre le mur pour faire un minimum bonne figure. Je suis tellement perdu ce matin que j'ai eu du mal à me rappeler pourquoi je devais venir ici.
La porte s'ouvre après quelques secondes d'attente et le corps de la petite brune apparaît sous mes yeux. Je lui souris d'un air innocent sans m'attarder sur son pyjama enfantin en espérant que le sermon sera de courte durée.
— Salut ma vie, je tente.
— T'es en retard connard.
Au moins la température est prise, on dirait bien que maman n'apprécie pas ma venue tardive. Elle n'a pas l'air d'avoir fêté la nouvelle année avec autant d'entrain que moi, ce qui explique pourquoi elle m'apparaît si fraîche ce matin.
J'abandonne l'idée de la brosser dans le sens du poil. La bête de travail qu'elle est n'accepte aucun écart de ma part. C'est une bonne chose lorsqu'il s'agit de me faire bouger et ça ne m'a jamais posé problème. Mais aujourd'hui, mon manque de sommeil a réduit ma patience à néant. Elle n'y est pour rien, seulement ma bouche parle avant que mon cerveau ne l'y autorise et je ne sais m'empêcher de lui rejeter la faute sur le dos.
— C'est toi qui me fous des rendez-vous à neuf-heures du mat' un premier janvier !
— Tu me l'as demandé. Et puis c'est pas comme si on avait vraiment le choix. C'est la merde avec l'Olympia.
Cette annonce efface absolument toute trace de fatigue dans mon organisme. Je la regarde avec une mine paniquée qui n'attend qu'une chose : être rassurée à ce sujet. Pourtant, l'air grave qui s'est installé sur son visage ne fait qu'accélérer les battements de mon cœur. Alicia n'est jamais du genre à s'affoler. À chaque problème sa solution. C'est ce qu'elle ne cesse de me répéter. Alors si elle tire cette gueule là, c'est que la situation est vraiment critique. Et à dix-huit jours du concert le plus important de ma tournée, on ne peut pas se permettre de laisser une quelconque part d'ombre.
— Reste pas silencieuse comme ça, tu me fais stresser comme un taré là !
— Laisse moi le temps d'en placer une Mathieu ! L'entreprise privée qui devait mettre ses agents à notre disposition vient de nous planter. J'ai reçu un mail ce matin disant qu'il y avait eu un mal entendu et qu'ils pouvaient pas assurer leur prestation le dix-huit.
— Tu déconnes ? Comment c'est possible ? T'es censée avoir tout géré ! je m'énerve.
— J'ai tout géré ! J'ai vérifié absolument tous nos échanges et que ce soit la date, l'heure ou le nombre de spectateurs, tout est précisé à chaque fois ! Je suppose qu'ils ont eu une meilleure offre peut-être en dehors de la ville ou j'en sais rien. En tout cas ils nous ont lâché et j'ai fait la connerie de prévoir aucun plan de secours.
— Alicia, j'ai les nerfs fragiles ce matin, j'ai pas dormi depuis quarante-huit heures alors si toi aussi tu t'inquiètes, y a de grandes chances pour que je me mette à chialer. Supprime moi toutes les autres dates mais pas l'Olympia !
— Je viens d'avoir Antoine et il a appelé Ken pour qu'ils m'envoient le numéro d'Ikel et d'autres gens avec qui il a pu travailler. J'ai contacté tous ceux que je connaissais mais plus personne n'est dispo. Quoi qu'il en soit, si on veut être prêt à temps, on va devoir oublier les négociations et payer plein pot.
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Kagami • PLK
Fiksi Penggemar❝𝘈𝘯𝘥 𝘯𝘰𝘸 𝘪𝘵'𝘴 𝘤𝘭𝘦𝘢𝘳 𝘢𝘴 𝘵𝘩𝘪𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘮𝘪𝘴𝘦 𝘛𝘩𝘢𝘵 𝘸𝘦'𝘳𝘦 𝘮𝘢𝘬𝘪𝘯𝘨 𝘛𝘸𝘰 𝘳𝘦𝘧𝘭𝘦𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘪𝘯𝘵𝘰 𝘰𝘯𝘦 ❞ 𝐤𝐚𝐠𝐚𝐦𝐢 (𝘫𝘢𝘱) - 𝗆𝗂𝗋𝗋𝗈𝗋 C&M