Kagami • PLK

7 • I told you I was sorry and high

Mathieu Pruski

Je me gare au plus proche de l'entrée de l'hôpital et indique à Cameron où elle pourra me trouver. Mon message est lu mais je ne pense pas recevoir de réponse, madame ne perd pas son temps pour ça. J'attends qu'elle arrive en écoutant le Planète Rap de Vald et en la maudissant d'être si longue à me trouver. La buée commence à recouvrir mes fenêtres, m'empêchant de clairement voir ce qu'il se passe à l'extérieur. J'aurais bien kiffé être ailleurs que dans ma caisse à patienter comme un bouffon pour une meuf qui m'ignore royalement. Pourtant je suis là, à rouler mon joint en bougeant ma tête au rythme du beat qui résonne dans l'habitacle, sachant pertinemment que je n'aurais même pas le droit à un pauvre merci.

La portière de la voiture s'ouvre brusquement et Cam s'installe à côté de moi de la même façon. Elle claque la porte derrière elle, le regard fixé droit devant, observant minutieusement quelque chose qui n'existe pas.

Je tasse mon pét' contre le volant sans faire de réflexion. Je pensais naïvement qu'elle me dirait bonjour. Or tout ce que j'entends, c'est le silence glacial qui s'installe encore entre nous.

— Salut Mathieu, merci de venir me récupérer alors que ma vago est en panne, c'est vraiment gentil de ta part. Oh pas de soucis Cameron, j'ai que ça à faire de toute manière et puis c'est pas comme si tu prenais un malin plaisir à me faire douter de ma propre existence.

— Ça y est, t'as fini ton cinéma ? Démarre s'il te plaît.

— Impressionnant. T'as réussi à m'adresser deux phrases sans t'étouffer. Qu'est-ce qui t'arrive, tu t'es greffée une langue pendant la journée ?

— Je peux savoir ce qui te prend là ?

— Ce qui m'arrive à moi ? C'est toi qui devrais répondre à cette question, ouais. Tu pourrais m'expliquer pourquoi tu me prends pour une merde depuis un mois ?

— C'est faux.

— Évidemment.

Je balance mon briquet sur le tableau de bord après avoir allumé mon pers' et démarre au quart de tours, gavé par son attitude. C'est toujours pareil, à chaque fois que j'essaie de savoir ce qui me vaut soudainement si peu de considération, Cameron nie en bloc. Je ne sais même pas pourquoi j'essaie encore.

Le feu passe au rouge, m'obligeant à m'arrêter. J'ouvre ma fenêtre pour laisser la fumée s'échapper en espérant que ma colère disparaisse grâce à un coup de vent. Mais l'atmosphère plus tendue que jamais joue dangereusement avec mes nerfs et le courant d'air ne fait qu'attiser la flamme.

— Tu me prends vraiment pour un con Cameron, dis-je en repartant. Bizarrement, quand il te faut de l'aide, tu sais que je suis là. Autrement je peux bien aller me faire foutre.

— Arrête, c'est pas moi qui t'aies demandé de venir.

— Tu t'es pas non plus battue pour qu'Alicia me laisse tranquille.

— Arrête toi Mathieu.

— Quoi ?

— Je t'ai dis d'arrêter la voiture, m'ordonne-t-elle.

Pris de cours, je me fous en double file après avoir vérifié qu'il n'y ait aucun danger. La brune se barre avant que je n'ai pu prendre la parole, me laissant en plan sans aucune hésitation. Je ne perds pas une seconde pour la suivre et attraper son bras dès que j'arrive à sa hauteur. Ses yeux rencontrent enfin les miens. Peut-être que j'aurais dû la laisser partir tête baissée, ça m'aurait évité de devoir me confronter à ce regard noyé.

— Tu te fous de ma gueule Cam ?

— Désolée de t'avoir dérangé, tu peux rentrer chez toi, je vais prendre le métro.