LA BALLADE DE LUCY GRAY BAIRD (Terminée)

Chapitre 3.

La journée fila à une vitesse folle. La lumière du crépuscule commençait déjà à inonder le ciel au dessus des cages du zoo, et le froid s'installait peu à peu; Lucy était recroquevillée contre la pierre froide, près de Jessup, qui la tenait tout contre elle et frottait son bras pour la réchauffer. Cela faisait des heures que des visiteurs allaient et venaient devant la cage; bien qu'elle détestait être observée comme une bête en cage, elle devait continuer de donner le change. Alors quand quelqu'un s'approchait des barreaux et lui lançait un regard, à elle, ou à Jessup, elle se contentait de leur adresser un sourire, puis, quand elle pouvait se cacher, elle détournait le visage pour que personne ne puisse voir sa peur et sa fatigue. 

Puis, elle songea à Coriolanus. Allait-il repasser la voir, avant qu'elle ne reparte pour l'Arène? Allait-il lui apporter à manger? Elle ne cessait de penser à ce qui allait se passer ensuite. Elle était douée pour se faire aimer des gens, c'était une certitude et une chose qui l'avait bien aidée au cours de toutes ces années, mais avec le garçon du Capitole, elle avait immédiatement senti ce lien spécial qui les avait immédiatement liés. 

Elle ne cessait de jeter des regards vers l'endroit où les caméras étaient installées, de l'autre côté des barreaux, mais elle ne voyait jamais arriver la silhouette de Coriolanus. Puis, lentement, une petite foule de public s'amassa devant les grilles, et enfin, des Mentors se frayèrent un passage. Elle reconnu l'ami de Coriolanus, ce garçon aux boucles brunes, qui s'approchait prudemment des barreaux, en sortant quelque chose de son sac; un sandwich; Lucy Gray pouvait sentir son estomac gargouiller, mais elle ne bougea pas. 

Dill, la petite du District Douze, se tenait non loin des barreaux et semblait intéressée par la nourriture; la pauvre, elle mourrait probablement de faim et ne pouvait plus résister. Lucy sentit son coeur se serrer à cette vue. Elle se redressa pour se diriger vers le petit lavabo vers l'arrière de la cage; il y avait de l'eau sale qui en coulait, mais elle s'en fichait; elle devait bien se débarbouiller avant de retourner sur le devant de la scène. Elle prit quelques instant pour prendre quelques bouffées d'air et se concentra. C'est ton moment de briller, ma vieille, se dit-elle. 

Elle sourit et contourna le rocher, puis aperçu le garçon aux cheveux bouclés et Coriolanus qui discutaient, le garçon fouillait dans son sac et semblait vouloir convaincre le Mentor de Lucy de quelque chose. Puis, elle vit Coriolanus réapparaitre à sa vue et s'installa près d'un rocher plat, sur lequel il installa une petite serviette où il disposa des sandwichs. L'estomac de Lucy se tordit à la vue de ces sandwichs appétissants, et elle se força à se contrôler: Elle s'approcha en souriant et dit d'un air enjoué: 

- Pour qui sont-ils, ces sandwich? 

- Pour toi, répondit alors Coriolanus en s'accroupissant de son côté et l'invitant à s'asseoir. Un diner galant, alors? Se dit-elle, et elle se demanda ce que pouvaient bien penser les autres Tributs. Coriolanus était le seul à être entré dans la cage en direction du zoo, puis, à être venu s'asseoir pour manger avec elle, maintenant. Il la traitait comme son égale, pas juste comme une Tribut qu'il avait à conseiller en priant pour qu'elle ne se fasse pas tuer. Et ça la perturbait fortement. Mais, naturellement, elle n'en laissait rien paraitre sur son visage et ses traits. 

Elle sourit, son coeur s'emballant un peu. Il était très élégant, et elle s'imagina un instant qu'ils s'étaient rencontrés au Douze, qu'il était venu la chercher pour un pique nique dans la nature, au milieu des arbres et de la prairie. Ça avait l'air vraiment doux. 

Elle saisit alors un des sandwich et mordit dedans. Les saveurs étaient relevées, savoureuses, et elle profita de chaque seconde. Face à elle, pourtant, Coriolanus ne mangeait pas. Il se contentait de l'observer comme une bête curieuse. Elle se demanda si elle s'était étalé du beurre sur la figure et finit par lui lancer: