LA BALLADE DE LUCY GRAY BAIRD (Terminée)

Chapitre 12.

Alors que Lucy Gray pensait qu'elle allait pouvoir retourner chez elle et enfin se reposer, les Pacificateurs lui barrèrent la route à la sortie de la gare, et pratiquèrent une fouille de ses vêtements. Elle se laissa faire; mais su immédiatement et amèrement qu'ils allaient trouver le poudrier de Snow. Quand enfin le Pacificateur mit la main dessus et s'immobilisa, elle ferma les yeux. Elle savait que tout le monde saurait dorénavant que son Mentor avait tricher. Le Pacificateur se recula et agita le poudrier devant le regard impassible et dégoûté de Lucy Gray: 

- Un cadeau de tes admirateurs ou est-ce que ce serait ton gentil Mentor qui te l'as passé avant les Jeux?" Elle ne répondit pas, la mâchoire serrée, mais son visage disait tout. Elle était coupable, et Snow aussi. Le Pacificateur sourit, puis la laissa partir, et ils la lâchèrent enfin lorsqu'elle entra dans le quartier de la Veine. Les habitants la regardaient avec admiration, et elle les salua; se fit offrir encore des fleurs, on la félicitait, on criait son nom, et enfin, elle retourna chez elle. 

Cette vieille maison décrépie du Douze. Celle où elle avait vécu pendant tant d'années, et qu'elle n'avait jamais penser retrouver. Elle s'arrêta un instant devant la porte, les larmes aux yeux, puis la porte s'ouvrit en coup de vent: 

- Lucy Gray!" Sa cousine, Maude Ivory, se précipita dans ses bras, et la serra du plus fort qu'elle pouvait, les larmes coulant sur la robe de Lucy. La même robe arc-en-ciel qu'elle portait depuis des semaines. Sa propre odeur corporelle était pestilentielle, même pour elle-même. Mais Maude ne montra rien, et se recula pour prendre le visage de la jeune fille entres ses mains: "Mon dieu, c'est si bon de te revoir, ma vieille!" Lucy lui adressa un sourire triste, les larmes aux yeux, et sa copine la prit par les épaules pour la faire entrer: "Viens, entres vite avant que ton fan-club n'envahisse le quartier." 

A l'intérieur, le reste des Covey l'y attendaient; Barb Azure la prit immédiatement dans ses bras et la fit tournoyer en l'air avec un cri de triomphe: 

- Notre petite gagnante du Douze! C'est si bon de te revoir!" 

Clerk Carmine la prit également dans ses bras avant de lui présenter la belle tranche de viande qu'ils avaient fait cuire sur les braises du fourneau pour elle. Il y avait aussi quelques légumes et des champignons. Un maigre repas, mais il n'avait jamais été aussi riche pour elle. Elle s'assit et mangea lentement, même si elle aurait voulu tout engloutir d'un coup. Elle ne disait rien, alors que tout les Coveys autour d'elle la bombardaient de questions; tranquillement, ils lui demandaient comment avait été son voyage; comment elle se sentait; comment était le Capitole, et les gens qui y vivaient; et Snow, comment était-il, Coriolanus Snow?

Lucy Gray répondit par de petites réponses ça et là, mais voulait garder toute l'histoire pour elle. Elle ne le reverrait jamais; de toute façon, et elle ne voulait pas que ses amis apprennent ce qu'elle pouvait ressentir pour lui. Il l'avait sauvée, il l'avait aidée à sortir de ces Jeux, comme il lui l'avait promis. Elle lui en serait éternellement reconnaissante. A la fin de son repas, elle prit un long bain, avec des pétales de roses et du savon, et elle prit le temps de se récurer la peau jusqu'à ce que celle-ci rougisse. Sa cousine Maude lui avait même cousu une nouvelle robe pour l'accueillir.

Alors que la brune sortait du bain, elle enfila la robe de Maude, tout en entendant des voix derrière la porte; des chuchotements inquiets du reste des Coveys. Elle sourit tout en grimaçant à cause de sa blessure à la jambe; le fouet des Tributs de l'Arène lui avait laissé une longue estafilade rougeâtre, et la peau était encore à vif. Elle tressa ses cheveux, tout en regardant son reflet dans un petit miroir qu'on avait pendu au bout d'un fil dans la pièce. 

Elle pensa soudainement à Coriolanus; et à ce que sa victoire lui avait apporté; Il avait été envoyé au District Huit? C'était une sorte de punition, ou quelque chose comme ça? Elle devait l'oublier, alors.