CRIME SCENE [EN COURS]

01 ♚ Grace.

Ⅰ : LA PATINEUSE MAUDITE.

« Pour celles et ceux qui ont préféré fermer leur cœur plutôt que de tomber amoureuse, amoureux.»

CHAPITRE 1

♚ 𝚃𝙷𝙴 𝚃𝙸𝙼𝙴 ♚
Edition du 13 mars 2024

« Les Championnats d'Europe du patinage artistique touche bientôt à sa fin, à Londres.»

☆⭒★⭑★⭒☆

GRACE

—  Vos mouvements ne sont pas assez coordonnés, vous n'affichez aucune émotion, or le patinage est un art dans lequel le visage doit exprimer les sentiments d'une grâce ultime. Je ne comprends pas le succès affluant autour de vous, mademoiselle Benson.

La présidente du jury referme son calepin en ayant préalablement foutu son putain de stylo à l'intérieur. Son tailleur noir, je lui ferai bien bouffer, mais une patineuse comme moi doit être doté d'une grâce et d'un calme extraordinaire.

Madame Sinclair arque un sourcil en remarquant que je ne réagis pas tout de suite à ses remarques cruelles sur ma prestation. Je tire une grimace de dégoût en réalisant que son fond de teint est beaucoup trop foncé pour sa carnation. Ses sourcils sont mal dessinés et la poudre qu'elle a appliquée sur son front est visible lorsqu'elle fronce les sourcils et que ses rides apparaissent au grand jour.

La grande Agatha Sinclair, qualifiée comme bienveillante et pédagogue par les médias, n'est qu'en réalité une garce aux multiples facettes. Dans les vestiaires, après les compétitions, et les entraînements, elle s'amuse à nous cracher dessus, sans même prêter attention à nos prestations.

Nostalgique de l'époque où elle pouvait encore user de l'élégance, elle n'exprime plus que de la jalousie et de l'aversion envers celles et ceux qui osent vouloir reprendre le flambeau.

Cette compétition, elle est la mienne. Et je refuse ouvertement que cette charogne me manque de respect ainsi, devant autant de spectateurs.

Dans le sport, l'important n'est pas de participer, comme le cri sur tous les toits ces hypocrites au dos chargé de venin. Ce qui est capital, c'est de gagner, et de se retrouver sur le sommet du podium, en méprisant tous les autres.

Car c'est seulement quand ils comprendront qu'ils ne pourront jamais atteindre votre niveau, qu'ils parleront de vous partout, dans n'importe quel journal, et que votre popularité grimpera en flèche.

— Allez vous faire foutre ! Ça montre assez mes émotions ou il vous en faut plus ?, lui craché-je au visage, en glissant sur la glace pour faire demi-tour.

Les caméras sont évidemment tournées vers moi et mon body blanc couvert de paillettes dorées. De toute manière, que j'agisse de cette façon ou non, les médias auront toujours leur mot à dire.

Personne n'est parfait.

Et d'un certain sens, ils continueront tous à me manger dans la paume de la main, que je sois une salope, ou non, car... Qui sont-ils sans moi ? Leurs journaux, leurs articles, ne valent rien si mon nom n'apparaît pas.

Les médias m'ont transformé en une bête de foire, sans âme, ni émotions. Je ne suis que l'image que l'on veut que je sois. Parfois, j'ai juste envie de tout envoyer valser, comme lorsque je suis sur la glace.

Personne ne saura réellement qui est Grace Benson, et cela me convient parfaitement. Moins ils s'en savent, mieux, je me porte.

Les regards rivés sur ma chevelure blonde, plaquée en un chignon bas, je quitte la glace, et je m'empresse de quitter cet endroit regorgeant de journalistes affamés pour pousser la porte qui conduit aux vestiaires des femmes.