CRIME SCENE [EN COURS]

18 ♚ Grace.

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 18

♚ 𝚃𝙷𝙴 𝚃𝙸𝙼𝙴 ♚
Édition du 28 avril 2024

« Bientôt une interview exclusive de Grace Benson. »

☆⭒★⭑★⭒☆

GRACE

Le zéphyr me fouette de plein fouet alors que je cours pour perdre ce qui m'apparaît comme des kilos en trop.

Malgré le vent qui siffle par-dessus ma musique, je perçois le vrombissement d'un moteur dans mon dos. J'arrive au niveau d'une rue obscure, à cette heure-ci, le quai de la Tamise n'est plus illuminé par les lampadaires de la ville.

  Les feux de la voiture éclairent la route, et soudain, celle-ci me frôle en accélérant. Mon cœur rate plusieurs battements.

Courir en soirée lorsque tu es une femme n'est pas rassurant, alors si ce connard manque de me renverser, je risque de rentrer bien plus vite que prévu.

Mais je ne peux pas m'arrêter, je regrette amèrement les deux paquets de chips que j'ai engloutis.

Le goût amer du sel déteint sur ma langue et mes papilles gustatives, je voudrais régurgiter tout ce que j'ai avalé dans la journée.

  Je ralentis le rythme en comprenant que la voiture à la couleur sombre s'est arrêtée à quelques mètres plus loin.

Le conducteur, que je ne peux pas apercevoir, fait demi-tour. Il aurait pu faire ça dix mètres plus loin, dans une ruelle, or, il décide que j'en suis le témoin.

Une peur dru se traduit par la sueur qui coule contre mon front. Je déglutis alors que la voiture, qui me semble être une Berline, fonce droit sur moi.

Les phares avant m'éblouissent douloureusement, et avant même que la voiture m'effleure, je me jette contre le sol, contre le goudron humide et sale.

J'entends le bourdonnement du moteur qui s'éloigne, puis le silence se mêle à la cacophonie de mes gémissements et des corbeaux qui chantent insidieusement. Une douleur vive me cloue au sol. Je suis percluse par la faute de mes genoux brûlants.

La peur se transforme en une terreur alarmante. Des sanglots persécutent ma poitrine, et je suis incapable de bouger, allongé contre le sol, paralysé par la crainte qu'il revienne.

  Dans un sursaut affolant, je me relève dans mon lit, tirant alors une grimace de douleur.

Pourquoi mon inconscient persiste à me faire revivre chaque nuit mes jours les plus sombres ?

Le souvenir de l'incident de la veille me revient en mémoire. Je soulève mon jogging, mes genoux sont éraflés, et même si les pansements appliqués par Tara hier soir m'empêchent de ressentir la déchirure de manière sensible, l'image du sang séché par-dessus me fait plisser les yeux.

Je pousse ma couette afin de sortir de mon lit, et ce geste simple ravive les picotements ardents de mes paumes de mains.

  — Bien dormi ?, m'interroge ma meilleure amie en tirant la porte de ma chambre vers elle.

Je n'avais même pas remarqué qu'elle n'était plus dans le lit.

Tara a tenu à rester auprès de moi cette nuit, elle avait peur de culpabiliser en rentrant alors que ce malade pouvait revenir à tout moment.

Peut-être qu'il connait mon adresse, et de toute manière, ce n'est pas si difficile à trouver, les médias la connaissent d'ores et déjà.

Tout à coup, le sentiment de sécurité que je ressentais en étant enfermé chez moi s'évapore dans l'air. Est-ce que je suis réellement en sécurité ?