Vancouver, Canada
Aylin
Mon corps entier est tendu de peur. J'essaye de garder la tête haute, alors qu'en réalité, je suis tétanisée. Sa voix. Elle était si grave. Si vide.
Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer au juste ?
À peine deux jours après sa première menace, il recommence. Je crois que je suis tombée sur un psychopathe. Un adversaire de taille. J'ai intérêt à toujours rester vigilante et sur mes gardes. Je sens qu'avec lui, je n'aurais pas le droit à l'erreur.
— Non, papa...Ce n'est pas ce que tu crois...Arrête...Bon je te laisse je dois retourner en cours...
Alec est au téléphone avec son père. Le pauvre. Ils ont une relation très explosive. Son père n'adhère jamais avec ses décisions. C'est dommage. Même triste, je dirais. C'est sa vie, il devrait pouvoir la mener comme bon lui semble. Il en souffre beaucoup, je le sais. Mais il ne l'avouera jamais.
— Oh, tu es là, s'exclame-t-il surpris. Désolé, j'étais au téléphone avec mon père et comme d'habitude il arrive à m'énerver en moins de trente secondes.
— Je ne t'en veux pas et tu le sais, le rassuré-je avec sincérité. Changeons de sujet, j'ai besoin de quelqu'un pour courir avec moi en athlétisme et...
— Et ? relance-t-il en me voyant hésiter.
D'une voix mielleuse, je continue :
— Et je me suis dit que tu pourrais m'aider, toi ?
Aucun bruit ne me parvient l'espace de quelques secondes avant qu'il n'explose de rire. Et ça dure longtemps. Trop longtemps.
— Bon, c'est bon, j'ai compris Alec, répliqué-je désemparé d'avoir cru qu'il accepterait. Tu peux arrêter de glousser.
Pourtant, il ne s'arrête pas.
— Nan mais attends, Ay, tu t'es vraiment dit que moi, j'avais le niveau pour courir avec toi ?
Et il repart de plus belle.
— Je suis vraiment désolé, mais s'il y a bien une personne qui sait que je déteste courir, c'est toi, continu-t-il toujours plus hilare. Moi je suis entrée dans cet établissement grâce à mes aptitudes intellectuelles et uniquement pour ces dernières.
Il a raison, mais je suis désespérée. J'ai besoin de quelqu'un sinon je ne pourrais pas continuer.
— Oui, je sais, mais je n'ai pas d'autres amis si ce n'est toi...
Tout à coup, il s'arrête de pouffer. Tout devient silencieux. A mon avis, on pense tous les deux à la même chose. À la même personne.
« Louis, Alec et Aylin. Une équipe. Ensemble. »
Avant, j'en avais deux. Des amis.
— Il est peut-être temps qu'on se fasse de nouveaux amis, Al, tu ne penses pas ?
Ma propre proposition me déstabilise, mais je suis dans une impasse.
— D'accord. Tu as raison, admet-il avec difficulté. Il faut qu'on s'ouvre à de nouvelles amitiés et qu'on laisse le passé au passé.
Le passé.
Pourtant, j'ai encore l'impression que c'était hier qu'on liait notre amitié avec cette promesse.
— Je vais essayer de voir au club d'athlétisme si quelqu'un pourrait être partant, proposé-je pas très convaincue.
Sachant que je n'ai jamais calculé personne depuis deux ans, je sens que ça va être difficile. J'espère qu'on ne m'en tiendra pas rigueur.
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BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]
RomanceDans le noir, le moindre faux pas peut s'avérer fatal... Juste avant d'entamer sa troisième année de psychologie, Aylin voit sa vie bouleversée à jamais par un terrible accident qui la prive de sa vue. Alors qu'elle tente de trouver ses repères dans...