𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑

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Vancouver, Canada

Aylin

D'après Alec, tout est prêt. Les invitées ne devraient pas tarder à arriver, d'ailleurs. Au fond de moi, je suis morte d'inquiétude. Je crains de gâcher sa soirée en le forçant à rester tout le temps avec moi. Mais je ne vois pas d'alternative. Enfin si, je devrais peut-être me faire une nouvelle amie. Je ne peux pas me reposer uniquement sur lui et je l'ai bien compris au bout de deux semaines de cours.

Quatorze jours que je supporte ce foutu Miller.

Peut-être que la semaine prochaine à l'entraînement d'athlétisme, je me trouverai une partenaire et par la même occasion une nouvelle amie ? Je suis déjà rentrée bredouille suite au premier alors que j'avais promis à l'entraîneur de trouver une coéquipière. Bien sûr, personne n'a accepté de m'aider au club, donc j'ai dû rester sur le banc de touche.

Il faut que je me fasse une nouvelle amie, je n'ai pas le choix. Ou plutôt, je n'ai plus le choix. Cette sensation d'être un poids pour Alec commence à trop me peser. C'est comme si je ne pouvais rien faire sans lui, comme si j'étais une incapable. Une profonde peine m'étouffe à l'idée de devoir être assisté de cette manière toute ma vie. Rien n'est plus comme avant et ça me détruit d'y être confronté quotidiennement.

Encore plus maintenant que je n'ai plus l'athlétisme pour me vider la tête. Quand je pense qu'à la base ce n'était même pas ma première volonté, ça me fait rire. Au départ, c'était la natation qui m'avait attiré, cependant, mes parents ne voulaient pas que j'en fasse à cause des tenues exigées. Pour eux, elles dévoilent trop mon corps et c'est hors de question. Même quand je leur ai proposé un modèle plus couvrant, ils sont restés sur leurs décisions.

De prime abord, j'avoue avoir été un peu déçue, mais c'est vite passé, car l'athlétisme s'est trouvé être un sport incroyable. Aujourd'hui, je ne pense pas être capable de m'en priver. Tant de possibilités s'offrent à nous. Le sprint, le demi-fond et le fond, les sauts, les lancers, les épreuves combinées, etc. De plus, même dans ces disciplines, on a des sous-catégories différentes. Un sport où on peut tous au moins avoir un point fort. Un sport où on a le choix.

Désormais, je m'entraîne à un niveau assez haut, donc j'ai quatre entraînements par semaine et pratiquement des compétitions tous les mois. Mais ça me convient. J'aime être épuisé au point de faire taire toutes mes pensées, être fatigué au point de ne plus pouvoir penser tout court.

Mon problème, c'est que je réfléchis trop, tout le temps. Et que trop réfléchir m'entraîne sur des sentiers dangereux. Comme penser à Louis par exemple. Parce que quand je pense à lui, chacune de mes descriptions sont noires. Chaque instant est une épine dans le cœur, celle qu'il m'a plantée en partant. Une plaie béante qui ne veut pas se refermer couvre ma peau tuméfiée de solitude et d'angoisse. Lorsqu'il m'a abandonné, j'ai eu l'impression de mourir. Ce que j'ai ressenti, c'était un désespoir ravageur.

La trahison.

À l'instant où une sonnerie retentit dans la grande maison d'Al, je suis sortie de mes pensées. C'est parti pour une soirée de débauche, à laquelle je vais devoir survivre sans ma vue.

— Bienvenue à tous ! hurle Alec à l'attention de tous les invités.

Heureusement qu'il me tient, car j'entends rien qu'au bruit des nombreux pas qui franchissent l'entrée qu'il a invité beaucoup de monde.

Comme promis, je l'assiste pendant qu'il salue tous les invités en tant qu'hôte de la soirée. Sa sociabilité m'étonnera toujours. En réalité, je n'ai jamais compris pourquoi Alec passe son temps avec moi alors que tout le monde l'apprécie. Il aurait très facilement pu se faire d'autres amis. Mais il préfère garder les autres à distance.

BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant