𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓

9.7K 693 929
                                    

Vancouver, Canada

Louis

Seuls dans une chambre, Aylin avec Pierre, ce garçon de notre classe qui passe un peu trop de temps à la regarder à mon goût. Mes nerfs sont à vif. L'envie de me jeter sur lui pour lui faire du mal s'insinue dangereusement en moi. Même si je n'en ai pas le droit. Elle n'est plus à moi. Pour mon plus grand désarroi.

Alors que mes yeux détaillent la scène qui se joue devant moi, tout à coup, le temps s'arrête. Je remarque qu'elle a quelque chose sur le coup. Une marque de suçon. Je crois que j'ai envie de le tuer. Comme ose-t-il la toucher comme ça ?

Je refuse que quelqu'un d'autre que moi la touche.

Elle est mienne. Pour le meilleur et pour le pire.

Mon regard passe sur le visage d'Aylin et constate quelque chose de terrifiant. Elle a tout sauf l'air d'être dérangée par ma venue inopinée. Un air désorienté et horrifié peint son visage, maculé de larmes. Ce connard lui a fait quelque chose de grave et j'ai envie de tout réduire en cendres dans cette maison.

La voir pleurer me donne envie de la prendre dans mes bras pour la réconforter. C'est douloureux de ne pouvoir rien faire. Traître de cœur, je me laisse attendrir avec beaucoup trop de facilité. Il ne faut pas que j'oublie pourquoi aujourd'hui je suis obligé de jouer un rôle pour pouvoir être à proximité d'elle.

C'est toi, Aylin, qui a décidé que nous deux c'était fini.

« Il ne s'est rien passé. »

Pourquoi est-ce que je ne crois pas une seconde à ses mots ? Cette rage qui n'attend que d'être déchaînée s'impatiente en moi. Un mot, Aylin, un mot et je le raye de ce monde. Pour toi, tout pour toi. Aucune limite que je ne franchirais pas. Aucune loi que je ne défierais pas. Aucune règle que je ne briserais pas. Te voir dans cet état suffit à me faire souffrir le martyre. Alors parle-moi, avant que ça ne soit pire. Évite-moi de dépérir. Je n'ai besoin que de tes mots pour guérir.

Mes yeux sont braqués sur Aylin, pourtant, je constate que Pierre est tout sauf serein dans son coin. Ses yeux cherchent une échappatoire, la sueur perle sur son front. Ses mains tremblent. Il est angoissé. Alors que nous avançons en direction de la sortie de la chambre, j'entends quelque chose qui me donne envie d'exploser.

— À bientôt, Aylin, murmure Pierre d'un ton malicieux.

Les nerfs à vif, je me retourne, prêt à aller le défoncer pour les idées salaces qui le traversent. Soudain, je sens que la prise d'Aylin se fait plus forte sur mon bras.

— Il n'en vaut pas la peine, même pour toi, chuchote-t-elle pâle et fatiguée.

Mes poings se serrent au point que mes phalanges blanchissent. Cependant, je ne peux pas aller à l'encontre de sa décision. Je me résigne donc pour cette fois, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Pierre, je saurais te faire regretter d'avoir posé tes mains sur ce que j'ai de plus précieux dans ce monde. Et crois-moi, lorsqu'on a connu l'enfer, on n'en a plus peur. Je n'ai plus rien à perdre. Les dents serrés, je me contente de lancer un dernier regard meurtrier à ma nouvelle cible.

Le visage d'Aylin est crispé, je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé dans cette chambre, mais l'image de Pierre et sa ceinture défaite, Pierre et son pantalon un peu trop bas sur ses hanches, me hantent. Nous sortons en direction de la salle de bain, pourtant, je n'oublierai jamais les pensées qui m'habitent en ce moment. J'ai envie de frapper. J'ai envie de détruire. J'ai envie de tuer.

Toutes les cellules de mon corps m'ordonnent de retourner dans cette pièce pour le réduire en bouillie. Le fait d'être dans l'ignorance me rend fou. Une boule de stress noue mon ventre. Nous arrivons devant les toilettes et alors que je compte l'accompagner à l'intérieur, elle me freine.

BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant