o4. Orphelins

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105 APG : deux ans plus tard

Le reflet du miroir lui renvoie l'image d'un adolescent prisonnier dans un corps d'adulte et un habit de monarque.

Il était si jeune la dernière fois ...

Il se sent si vieux à présent ...

Rien n'est plus pareil. Seule sa cicatrice est identique.

Zuko lisse d'une main anxieuse le riche tissus d'un bordeaux profond orné de motifs délicats figurant flammes et dragons entremêlés. Une servante s'incline face à lui, entreprend de nouer à sa taille une large bande de satin noir tandis qu'à sa droite, une autre s'applique à fixer ses épaulières aux extrémités pointues d'or finement ciselé. Il inspire profondément, s'assure que l'insigne royal retient parfaitement le chignon au sommet de sa tête, puis se regarde à nouveau dans les yeux. Absorbé par son propre jugement, il sent a peine l'une des filles déposer avec révérence une épaisse cape noire ourlée de fourrure sombre sur ses épaules.

Il traverse les coursives de son navire jusqu'à rejoindre le pont. Un air glacial et sec lui mord aussitôt la peau. Il ferme les yeux, inspire, expire longuement. Le feu qui coule dans ses veines se ravive, une douce chaleur se répand à nouveau en lui.

Sur la berge, de tout petits flocons souillés de suie tombent sans bruit sur le sol immaculé aux pieds de la délégation qui l'attend.

L'un de ses hommes à bord crie son titre comme on lance un assaut. Il grimace. La violence associée à son peuple semble ne jamais devoir lui accorder de répit.

Les bannières de sa Nation claquent au vent alors qu'il emprunte la passerelle et rejoint la terre ferme, flanqué de son escorte. Là, il est accueilli par le Grand Chef de la Tribu de l'Eau du Sud, cet homme qu'il a libéré de prison il y a des années.

Il y a si longtemps qu'ils ne se sont vus. Réfugiés jadis, ils se saluent aujourd'hui en dirigeants de leur peuple respectif.

Rien n'est plus pareil. C'est étrange, mais il se dit que les choses étaient parfois plus simples pendant la guerre.

Les soldats qui entourent leur Chef plantent comme un seul homme leur lance dans le sol glacé et inclinent leur tête coiffée d'une tête de loup. Hakoda s'avance seul, s'incline légèrement à son tour et salue le Seigneur du Feu comme l'exige le protocole, une main ouverte, les doigts joints, au dessus d'un poing fermé. Zuko lui rend son salut puis agrippe son avant-bras d'une main ferme, selon la coutume du Pôle Sud.

Une longue seconde, les deux hommes s'observent et se jaugent en silence. Derrière son air dur et son charisme glaçant, Hakoda semble accuser le poids des années. De profondes rides sillonnent son front et le coin de ses yeux. Ses cheveux coupés aux épaules, retenus sur un côté de son visage par deux tresses ornées de perles, sont veinés de gris. À la ceinture de sa longue parka, Zuko remarque cependant sa massue et son boomerang. Il ne doute pas une seconde que le patriarche demeure un impitoyable guerrier.

— Seigneur Zuko ! Soyez le bienvenu à la Crique du Loup.

Hakoda étend sa main ouverte vers le village derrière lui, l'invitant à le suivre.

La vision qui s'offre à Zuko lui coupe le souffle. Devant lui, les remparts fondent et s'écroulent sur eux-mêmes pour lui ouvrir la voie. À l'intérieur de l'enceinte, le village qu'il a connu n'est plus. Les fragiles huttes tendues de peau de yak-caribous ont fait place à de solides igloos sculptés dans la glace et implantés de chaque coté d'une large allée centrale. Tout au bout de cette avenue, semblant jaillir du glacier délimitant la partie la plus au sud du village, s'élève à plus de cent pieds de haut un bâtiment immense de forme circulaire. À son sommet, un dôme translucide réverbère l'éclat du soleil en d'innombrables rayons iridescents.

Ceux qui Restent [Katara & Zuko]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant