CHAPITRE 2: Le loup solitaire

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"Cc, je m'appelle Émilia, je suis jeune j'ai 15 ans, je comprendrais si tu veux pas être ami avec moi, c'est pas grave."

Cornolio999 resta un instant a regardé le message qu'il venait de recevoir. "mince une gamine, c'est pas banal ça, je dois avoir 15 ans de plus qu'elle... Mais je vois pas pourquoi ça m'empêcherait de jouer avec elle après tout, elle est sacrément balèze a ce jeu en plus, elle m'a fait tourné le tueur en rond pendant pas mal de temps elle assure !"

Il valide la demande d'ami et par curiosité cliqua sur le profil d'Émilia. Il n'y avait rien d'écrit, mais l'avatar était une photo de la jeune fille de très mauvaise qualité, mais même ainsi son cœur s'arrêta un instant de battre et il se laissa tomber dans son fauteuil, la fille était d'une beauté à couper le souffle, derrière ses lunettes deux immenses yeux d'un bleu lagon le regardaient fixement, le sourire en coin qu'elle arborait la rendait énigmatique et il eut immédiatement envie de la connaître.

Ca dépassait l'envie de jouer a un jeu vidéo avec une bonne gameuse, il approuvait des émotions d'un tout autre domaine, c'était étrange venant de lui et il se rendu compte de son ahurissement et se sentit un peu con.

"Tu nous fais quoi la mec, une paire d'yeux et tu veux chatter avec cette fille? Mon vieux avec un minois pareil la donzelle doit déjà avoir plein de prétendants, elle est sûrement macquée en plus ! Putain, mais qu'est ce que je raconte c'est une lycéenne, et toi t'es un vieux con gardien de nuit et joueur de guitare dans un groupe merdique qui n'a jamais réussi a vendre plus de 150 disques par an... redescend mon gars"

Il se leva de son siège et contempla sur le mur à côté de son écran, un flyer multicolore tenu avec un magnet y était accroché.

"vendredi 7 juillet live des DTD au café concert " le chat qui pue"

Le prochain concert de son groupe était prévu pour la semaine prochaine et il avait à peine répété, il avait vu son bassiste Marco hier, mais ils avaient plus passé de temps à se siffler des bières qu'à faire de la musique.

Leur dernier album était une catastrophe en termes de vente, même si le cœur de leur audience l'adorait le reste du monde se foutait royalement des DTD, fallait dire qu'avec un nom pareil il recevait plus de questions sur la signification de l'acronyme plutôt que de demande d'autographes... et ouai DTD ça voulait dire "Don't Tell Daddy", une idée de Marco qui venait du fait que leur musique parfois sulfureuse attirait pas mal de jeunes filles...

Il tourna la tête par-dessus ses épaules, les restes de ses "répétitions" avec Marco étaient encore bien présents, des bouteilles vides devant le canapé et des coquilles de pistache parsemaient toujours le tapis.

"Va falloir que je ressorte l'aspiro avant que Stéphanie débarque"

Il pivote à 180 degrés sur son siège et fait face à la grande bibliothèque en bois exotique encastré dans le mur. Les rayonnages étaient couverts de livres et de bande dessinée parfois séparés par des figurines d'animé japonais.

Il plissa les yeux et dut se rendre à l'évidence que l'aspirateur n'allait pas être la seule de ses corvées aujourd'hui, la poussière avait envahi les étagères.

Il porta son regard sur le mur a sa droite, en son centre trônait une cheminée à foyer fermé, il pouvait voir la cendre accumulée à l'intérieur. On était en juillet, ça faisait un moment que ça attendait là.

II n'était pas un grand fan des corvées et il avait dû congédier sa femme de ménage il y a 6 mois quand sa maison de disque l'avait foutu lui et son groupe à la porte et qu'il s'était retrouvé gardien de nuit pour combler les fins de mois.

Son vaste salon avait bien besoin d'un grand ménage de printemps, le reste de la maison également et il n'osait imaginer l'état du jardin.

Les jours de gloire étaient loin, il y a 5 ans ils avaient eu un petit succès avec leur premier album, leur second était un hit et ça avait payé la maison et la vie c'était mis a changer du tout au tout, il avait immédiatement su à l'époque que cela ne durerait pas et avait réussi à échapper à la folie des grandeurs de toutes ces stars en herbe qui claque leur fric en quelque mois pour se retrouver sans un sou une fois leur gloire éphémère envolée.

Il avait aussi vu clair dans le petit manège social qui se déroulait devant lui après la signature de son contrat de production et l'envolée des ventes des deux albums. Lui qui n'avait jamais eu beaucoup d'amis s'était soudain vu entouré de plein de gens souriants et attentionné, trop attentionné... non ce n'était pas le mot ces enfoirés étaient juste très intéressés ! En particulier par les chiffres à 4 zéros qui tombaient chaque mois sur son compte bancaire.

La nature humaine avait toujours eu le don de le dégoûter même avant qu'il écoule son premier disque. Il s'en était pas mal sorti, surfant sur le succès en gardant la tête froide, il des investissements raisonnables qui lui assurerait toujours une petite subsistance même dans les pires cas, et surtout sa maison qu'il avait conçue à son goût et qui lui permettrait de toujours avoir un toit sur la tête!

Bon évidemment il n'était pas parfait et n'avait pas toujours su garder la tête claire, des erreurs de jeunesse avaient été commises, le coupé sportif de luxe à présent immobilisé dans son garage en était sûrement la preuve la plus flagrante... Et durant les 5 dernières années de sa vie de pseudo rock star il avait vu défiler dans son lit plus de filles que dans toute sa vie précédente.

Il ne s'en plaignait pas, et le geek paumé dans son univers de manga et littérature de science-fiction était devenu un expert a dégrafé les soutien-gorge et s'occuper des désirs féminins n'avait plus de secret pour lui... une nouvelle corde à son arc qui avait son utilité même si le flot de gonzesses toute de talon haut et dentelle s'était tari en même temps que le flot d'essence qu'il fallait déverser dans le réservoir de sa voiture de sport.

Il supposait que c'était plus grâce à ses compétences dans la chambre a couché que le remplissage de son compte bancaire que Stéphanie était restée, il l'avait rencontré alors qu'il était déjà sur la pente descendante il y a moins d'un an, et sa bagnole de rock star à la con prenait déjà la poussière dans son garage, mais elle était quelque peu différente des groupies hypnotisés par l'aura de gloire et de glamour, elle survolait ce monde, détaché de tout, flottant au-dessus de l'agitation des humains...trop détachée peu être, elle oubliait souvent qu'elle avait un mec, n'appelait jamais en semaine, et débarquait le week-end sans prévenir , repartant le dimanche soir sans crié gare, laissant juste derrière elle une traînée de son parfum capiteux ainsi que sa petite culotte toujours accrochée au loquet de la porte de la chambre, comme pour marqué son territoire et laissé un souvenir coquin a son amant . Ca faisait son effet sur notre Cornolio, ça marchait en revanche beaucoup moins sur la femme de ménage qui arrivait le lundi matin et qui trouvait la chambre a couché dans un sale état..

Esperanza, la cinquantaine bien tassé, aussi sèche que le désert, et dont le tempérament déjà grognon devenait encore plus sombre quand elle devait se charger de ramasser lingerie sexy et draps souillés par l'amour avant de passé au reste de la maison, cette vieille chouette ne devait pas avoir vu de bite depuis au moins 150 ans, la passion et les amourettes la laissai aussi froide que l'Antarctique.

Il en était presque honteux, il concevait mal avoir besoin d'une "dame du ménage" comme on disait, mais il fallait se rendre à l'évidence: il n'était pas le plus ordonné des hommes dans ce domaine... et après tout il la payait grassement, ça valait bien le fait de tomber occasionnellement sur une culotte sale ou un sex toy oublié sur le lit. Peut être que cette vieille pie était jalouse après tout, peu importe, elle n'était plus là !

Stéphanie en revanche était toujours la et après 2 semaines d'absence et elle allait débarquer ce soir, une salade du McDo dans une main et une bouteille de vin blanc italien dans l'autre... mélange improbable, mais il savait déjà qu'elle ne venait pas pour déguster un bon dîné... mais plus pour se repaître d'amour avant de disparaître à nouveau.

Cornolio se leva de son siège, traversa le salon rectangulaire, longeant les grandes baies vitrées qui borde tout le long du mur nord. Un immense aquarium s'étendait sur le mur opposé à la cheminée, encadré sur le côté par deux grands placards en palissandre. Il ouvrit celui de droite et en sortit un aspirateur.

"au boulot mon vieux " 

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