Emilia ne sut pas combien de temps elle gît sur le sol quand elle revint à elle mais quand elle rouvrit les yeux il était toujours là,assis en silence sur le canapé.
Il contemplait le corps nu et meurtri de sa belle fille avec un œil éteint, la lèvre inférieure pendante, il avait l'air déconnecté du réel.
Il revint immédiatement à lui quand il perçut les premiers mouvements d'Émilia, ses pupilles reprirent leur éclat et il se leva lentement.
Il ne la frappa pas cette fois, pourtant la douleur fut atroce quand il la souleva dans ses bras pour la reposer sur le canapé-lit, son corps était cassé, elle n'était plus que souffrance et même les coussins moelleux du canapé lui faisaient mal.
Son beau-père couvrit la nudité d'Émilia avec une des couvertures qui étaient toujours disposées sur le canapé et il dit d'une voix étrangement douce, mais brisée:
— Écoute- moi bien Emiliaaa, je suis désolé de t'avoir grondée. Sa voie était morne, éteinte, comme lointaine et détachée et il prononça le mot "grondé" d'une façon si enfantine et déplacée que ça en était absurde.
Son corps était peut-être brisé, mais son esprit ne put s'empêcher de le remarquer avec une certaine ironie.
Grondé ? Oui c'était bien le mot qu'il avait utilisé comme quand on gronde un enfant qui a pris un cookie avant l'heure du goûter... elle s'était fait « grondée ».
Elle s'était fait violemment casser la gueule, mais son beau-père et probablement le reste de la famille avait déjà digéré les événements et ramené ça à une petite engueulade où on avait grondé la vilaine fille.
Plus rien n'avait de sens, son monde déjà vacillant avait basculé dans la folie.
Elle entendit son beau-père qui murmurait des mots, mais ne comprit rien, il soliloquait pour lui-même dans son propre monde de taré...
Il continua son monologue puis se tut, se leva et sortit de la pièce.
Rien de plus, c'était fin, comme on passe du jour à la nuit en un clic d'interrupteurs en plastique merdique et jauni.
Wow elle s'était faite « grondée » et on dirait bien qu'on venait de lui présenter ensuite ce qui ressemblait le plus a des excuses? Peu être? Pourquoi? Merde c'était quoi ce cinéma?
Elle sourit malgré elle, mais le regretta aussitôt, le moindre mouvement de son visage tuméfié lui procurait une douleur intense.
Elle palpa son corps meurtri, n'osant se relever, ne sachant même plus quoi faire, elle replongea dans un sommeil quasi comateux sans rêve et la douleur s'estompa.
Quand elle se réveilla, Midi était loin, l'heure du goûter aussi, et bien que son ventre gargouillait de faim elle n'en avait cure.
Recroquevillée sur le canapé-lit en dessous de son lit superposé, recouverte d'une couverture, elle ne pleurait pas, elle avait toujours mal, mal partout, son corps et son âme étaient dans une peine insondable.
Elle se releva aussi doucement que possible, mais un éclair de douleur traversa tout son corps, elle fit quelques petits pas hésitants et chacun d'eux était un nouvel éclair de vive douleur.
Elle finit par atteindre son téléphone tombé non loin de son bureau.
Elle le ramassa machinalement avant de s'asseoir sur sa chaise de bureau avec mille précautions.
« Emilia a un mec ! Emilia a un mec ! Emilia est une salope !! »
La voix de son demi-frère dansait dans son esprit, ou ce petit fils de pute était-il allé fouiner?
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Bleu Ocean 🍋
RomansaLoin de la grande ville, l'été est chaud et lourd, les champs sont brûlés de soleil, mais la tempête approche, car c'est l'été de toutes les aventures, de toutes les découvertes, de tous les chagrins... de tous les plaisirs aussi. Émilia est une je...