Vancouver, Canada
Louis
Lentement, j'ouvre mes paupières, me demandant ce que cela doit faire d'être sans cesse dans le noir, me demandant comment elle a pu s'adapter à un tel changement. Enfin, j'admets pour ma part que même avec deux yeux fonctionnels, l'impression d'être dans le noir me colle à la peau. Sans elle, la lumière n'est plus là.
Après m'être levé, je me dirige vers la salle de bain afin de me laver le visage. L'eau glacée qui me fouette la peau est le seul moyen de m'empêcher de me rendormir. C'est difficile de continuer à se réveiller tous les matins quand notre raison de vivre ne nous appartient plus.
Pourquoi est-ce que tu m'as brisé le cœur Aylin ?
Tout en observant mon reflet dans le miroir, je détaille mes boucles blondes qui descendent sur mon front. Mes yeux verts sont vides. Sans vie. Je ne pensais pas que c'était possible d'être mort et pourtant de continuer à vivre. Mais de toute évidence, je me suis trompé.
Comme sur les sentiments qu'Aylin portait à mon égard. Toutes ces promesses n'étaient que du vent. J'inspire une grande bouffée d'air et fixe mon reflet à travers le miroir de ma salle de bain.
— Tu n'es pas détruit, affirmé-je aussi sûre de moi que possible. Tu peux encore continuer à vivre. Un cœur peut aussi guérir. Se régénérer.
Mais certains vides ne se combleront jamais. Ils continueront d'aspirer mon bonheur comme des trous noirs. Je suis censé être son ennemie à présent. Voilà une nouvelle qui ravit Miller. Il veut sans cesse la pousser à bout. D'après lui, elle mérite tout ça pour m'avoir abandonné. C'est vrai qu'elle m'a détruit et abandonné quand j'avais le plus besoin d'elle.
Mes mâchoires se resserrent face à ces souvenirs douloureux. Certaines blessures ne se referment jamais vraiment. Puis, en la côtoyant, si je peux par la même occasion, lui glaner quelques rayons de lumière pour m'éviter de sombrer, ça m'est suffisant. Bien que la rancœur emplisse mon être tout entier, je suis assez honnête avec moi-même pour assumer qu'une partie de moi l'aime toujours. Cette partie de moi m'inspire une haine intarissable. Il faut que je la canalise ou je risque de reproduire les mêmes erreurs que dans mon passé.
Une fois bien réveillé, je retourne dans ma chambre et m'habille. Aujourd'hui, j'ai envie de reprendre un style qu'Aylin adorait et détestait à la fois. Même si cela n'a plus grand intérêt, car elle ne peut pas en profiter.
« Je n'aime pas quand tu t'habilles en noir. On dirait un ange démoniaque. Un ange déchu. Bien que d'un autre côté ça te rend irrésistiblement attirant. Louis, tu réveilles mes désirs les plus sombres, c'est dangereux. Voudrais-tu m'attirer dans tes ténèbres ? »
Sa voix moqueuse résonne encore dans mes oreilles. J'aurais aimé qu'elle m'y rejoigne. Pour me libérer. Pour qu'on puisse rester ensemble pour l'éternité. Mes ténèbres auraient pu effrayer certains et les empêcher de nous approcher tandis que sa lumière aurait aveuglé les quelques-uns restants. Afin que l'univers ne garde que nous, juste nous deux.
Elle et moi. Aylin et Louis. Le passé.
Après avoir récupéré mon pantalon noir ainsi qu'une chemise sombre, je quitte mon état de nostalgie. Je les enfilent et avant de sortir de ma chambre, je mets ma veste en cuir, noir elle aussi, puis récupère mon sac. Ensuite, je passe voir si ma mère est réveillée. J'entrouvre la porte de sa chambre et constate qu'elle est encore endormie. Ne préférant pas la déranger, je lui dépose juste un petit baiser sur le front, puis la laisse à son sommeil
Maman...
En dévalant les escaliers, je récupère mon téléphone et constate que Selena a du retard. Elle m'a laissé un message dans lequel elle m'explique qu'elle doit déposer ses enfants à l'école, car son mari est souffrant. Je lui réponds qu'il n'y a aucun souci comme ma mère dort encore, puis j'enfile mes baskets et sors de la maison.
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BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]
RomanceDans le noir, le moindre faux pas peut s'avérer fatal... Juste avant d'entamer sa troisième année de psychologie, Aylin voit sa vie bouleversée à jamais par un terrible accident qui la prive de sa vue. Alors qu'elle tente de trouver ses repères dans...