Vancouver, Canada
Aylin
— Non, mais grand-mère, j'y arrive plus, avoué-je, fatiguée des faux semblants. Parfois, j'ai seulement envie de partir de cette ville pour ne jamais revenir.
Me rendre chez ma grand-mère est le seul plan que j'ai trouvé afin d'aller à la fête de rentrée qui a lieu chez Alec ce soir. Si je suis censée passer la soirée et dormir chez elle, il s'avère qu'elle est ma complice dans ce plan. Tant que je ne rentre pas trop tard, elle est d'accord pour ne rien dire à mes parents.
— Je comprends que ça peut être pesant, ma petite lune, me rassure-t-elle, en caressant mes cheveux. Mais tu sais, s'il y a bien un métier auquel on n'est jamais préparé et dont on apprend tous les jours, c'est bien celui de parents.
Ma petite lune. Ce surnom, c'est parce que dans mon prénom les deux premières lettres signifient lune en turc. Ay. Elle m'a toujours appelé comme ça du plus loin que je m'en souvienne. Je préfère ce surnom à...
Petite étoile.
Miller.
Nous nous sommes fait la guerre toute la semaine. Bien qu'il y a des jours où il est plus blessant que d'autres. Parfois, j'ai même la sensation qu'il ne me déteste pas tant que ça. Puis le lendemain, sans aucune raison apparente, il est horrible avec moi. Jusqu'ici, il n'est pas allé plus loin que des attaques verbales.
Pourtant, un étrange pressentiment me laisse penser que le pire est à venir. Ces sautes d'humeur ne m'inspirent pas confiance. J'ai l'impression qu'il pourrait disjoncter à tout moment. Cependant, je l'attends constamment, même si la peur de le retrouver m'angoisse. Une excitation vivifiante pulse en moi lors de nos discussions, mais cela n'empêche pas le stress de m'inonder pour autant. Avec lui, mes émotions sont sans cesse tiraillées entre deux extrêmes.
— Oui, je sais, enfin, je m'en doute. Mais maman ne fait aucun effort, soufflé-je, tout en sanglotant. Parfois, j'ai l'impression qu'elle fait exprès de ne pas voir que je souffre.
Les larmes dévalent mes joues. Je les laisse couler. Puisqu'ici, j'en ai le droit. Ici, on ne me trouvera pas faible.
— Mais non. Pourquoi penses-tu ça ? Explique-moi tout, ma chérie.
Tandis que je prends une grande inspiration, je me rends compte que je m'apprête à lui parler de quelqu'un que je m'étais juré d'oublier. Pourtant, j'ai le sentiment de tout le temps penser à lui. Enfin, en réalité, un peu moins depuis que Miller est entré dans ma vie. Il est comment dire... Assez envahissant et, ce, même dans mes pensées.
— Depuis le départ de Louis, elle ne m'a jamais pardonné d'avoir découvert l'étendue de mes sentiments à son égard. Comme si c'était un péché d'aimer. D'aimer aussi fort, terminé-je avec la voix tremblante avant d'être emporté dans mes souvenirs les plus douloureux.
Flashback
— Aylin sort de cette chambre tout de suite ! hurle ma mère en frappant de toutes ses forces contre la porte de ma chambre.
Non. Non. Laissez-moi tranquille.
Ma souffrance m'empêche de m'exprimer. La tristesse qui m'accable est telle que j'ai la sensation qu'elle m'étouffe. Les mots restent coincés dans ma gorge, toute force de répondre m'a quitté depuis longtemps.
— Ça suffit maintenant ! Ça fait une semaine que tu n'as daigné adresser la parole à personne.
Parce que la seule personne à qui je veux parler n'est plus là.
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BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]
RomanceDans le noir, le moindre faux pas peut s'avérer fatal... Juste avant d'entamer sa troisième année de psychologie, Aylin voit sa vie bouleversée à jamais par un terrible accident qui la prive de sa vue. Alors qu'elle tente de trouver ses repères dans...