☆•11°Révélations•☆

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Liar-Magnolia Park

J’ouvrais doucement les yeux, j’étais étendu sur le dos, dans mon lit, uniquement couvert de mon caleçon. Mon bras était caché, en dessous de la tête blonde de Tomas. Je me roulai sur le flanc gauche pour être plus confortable, puis, de ma main libre, je dégageai les boucles qui cachaient le visage endormi de Tom. J'étais totalement apaisé par la vue. Je l'observais tranquillement quand ma bulle s'éclata : ''mon meilleur ami'' avait ouvert les yeux. Celui-ci s'étira légèrement, se réveillant lentement. Quand ce drôle d'être humain changeait, soudainement, d'expression faciale, me fixant d'un air qui ne me rassurait guère. Apeuré par cette tête de démon, je le menaçai de mon majeur.
Il rit et s'écarta pour emprisonner l'entièreté de la couette noire dans ses petits bras. Je grognai avant de me lever, marchant d'un pas lourd. J'atteignis la salle de bain où je me brossais les dents, me lavai le visage et vidai ma vessie.
Après m'être lavée les mains, je retournai me coucher auprès d'un Tomas camouflé. Ce con s'était enveloppé sous la couverture. Amusée par ses enfantillages, je le rejoignis dans sa cachette. Il était sur le flanc droit, moi sur celui de gauche. Nous nous regardions en silence. La couette par-dessous nos deux têtes.
Je ne montrais aucune émotion, comparé à Tom, je ne voulais pas me retrouver vulnérable de si bon matin. Inconsciemment, j'approchais précautionneusement ma main de ses lèvres. Du bout des doigts, je venais les caresser, déviant par la suite mes gestes sur sa mâchoire, me remémorant les événements de la veille.
-Tu penses à quoi, me surpris Tomas.
-À plein de choses, Tomas, mais j'aimerais bien qu'on discute… Sérieusement… Sans aller plus loin…
-Mmh...
Le blondinet se mordilla la lèvre inférieure. Pris par ses pensées accablantes, fusant de partout dans son minuscule crâne. Tel un aimant, son corps s'approchait graduellement du mien, tendu par l'appréhension. Plus il s'approchait, plus je sentais ses bouclettes chatouiller ma mâchoire. Sa joue rejoignit la chaleur de mon pectoral et son souffle caressa ma peau nue, parcourue de frissons. Naturellement, ma main se cacha dans l'océan blond qu'étaient ses cheveux, tandis que la pulpe de ses doigts entama de discrets frôlements sur mes abdos contractés par l'envie de l'avoir contre moi. Toutes ces subtilités provoquaient de multiples décharges électriques dans mes membres.
-Tu veux qu'on soit honnête, maintenant ?
Ses paroles résonnaient en échos dans mes tympans.
Révéler ce qu'on gardait enfui en nous...
-Oui.
-Tu es gay ?
J'étais stoïque en comprenant sa question. Je n'avais aucune réponse précise à lui donner. Je gloussai nerveusement. Il releva la tête vers moi, plongeant son regard dans le mien. J’avais demandé de l'honnêteté, mais cela devait aller dans les deux sens…
-Je ne sais pas si je suis réellement gay… En réalité, c'est assez compliqué... Tu veux le long monologue ou seulement un résumé ? tentais-je.
-Si tu es prêt à en parler, je veux bien la version longue… disait-il, sourire en coin.
Je soufflai un bon coup, lui fit un bisou sur le front et entamais mon récit des plus mélancoliques :
-J'avais treize ans quand j'ai embrassé un garçon pour la première fois. Il me plaisait, avouais-je, le soir même, je l'ai dit à mon père. Il m'a directement soutenue, sauf que quelques semaines plus tard, quand j'ai revu Maximilien, je lui ai dit. Il était mon meilleur ami, à l'époque. Je ne t'ai jamais parlé de lui à cet âge, parce que… J'avais peur du jugement : si j'avais avoué que mon meilleur ami était mon oncle, tout le monde m'aurait trouvé étrange.
Je savais que mes larmes allaient couler à flots au moindre geste réconfortant de la part de Tom. C'était atrocement dur de se mettre à nu devant une personne, mais si cette personne était Tomas, je me devais de le faire. Il fallait que j'avance avec lui…
-Il s'est passé quoi après que tu lui aies dit ?
-Il a mal réagi. Très mal d'ailleurs. Et la réaction qu'il a eue m'a traumatisée, c'était inévitable. Et je crois que ÇA, ça a gâché ma chance d'explorer ma sexualité sans peur parce qu’après, j’ai refusé de me laisser aller avec les garçons qui me plaisaient… J'avais trop peur de revivre ce que Maxime m'avait fait subir, même si les choses continuaient de toute manière…
-Et, le garçon que tu as embrassé ? Tu as fait quoi avec lui ?
-Je lui ai dit qu'il ne me plaisait pas finalement, et hier… Je ne sais pas… Je crois que je me suis enfin… Dévoiler ? Avec toi… J'ai oublié une partie de mes peurs…
-
-Et pour ta question, je ne connais rien en orientation sexuelle et surtout pas la mienne. Je suis donc très loin de savoir dans quelle case me mettre…
Il garda le silence, je sentis le bout de sa langue frôler mes lèvres lorsqu'il humidifia les siennes, ce qui me fit lâcher un rictus. J'approchai ma bouche de son épaule nue et j'y déposai un baiser. Mon visage était proche du sien, à présent, mes joues étaient en feu. Une étrange tension régnait entre nous, puis le blond souffla tendrement, dans mon oreille :
-Tu n'es pas obligé de savoir dans quelle case tu veux te mettre…
Je ne sais pas pourquoi, mais cette simple phrase, si banale soit-elle, créa une explosion de joie dans mon ventre et dans mon esprit. Un torrent de petits frissons parcourait mon ventre. Comme on ne cessait de dire dans les livres ; j'avais les papillons dans le ventre, grâce à lui, Tomas.
-Tu as des questions ? finissait-t-il par dire, ne bougeant pas d'un seul centimètre.
-Oui, j'en ai, mais je ne veux pas te forcer.
-Arrête et accouche Juju. Je veux qu'on arrête de se mentir...
-...
-Qu'on arrête de se voiler la face.
Cela le pesait de me mentir, et de cacher ses sentiments parce que : Se voiler la face... C'était exactement ce qu'on faisait depuis des années, dans tous les partis de notre relation. Et de nos sentiments...
Il avait trouvé les parfaits mots pour décrire notre relation ; un constant besoin de se voiler la face.
-D'accord…
Je le serrais plus fort contre moi. J'avais l'impression que poser cette question était inapproprié au vu de ce que j'avais fait pendant ma relation avec Nadia, mais je ne pouvais faire marche arrière maintenant.
-Pourquoi tu ne m'as jamais dit pour Hugo ?
Il ne prit pas le temps de réfléchir et déballa sa réponse :
-Je pensais que tu étais homophobe.
-Je l'étais, pas énormément, mais avec l'influence que Maxime a eue sur moi, c'était inévitable, je pense…
Je démêlais ses boucles d'or une par une, tandis qu'il grogna un léger ; mmh, d'approbation.
-Tu es en couple avec Nadia, où c'est vraiment fini ?
-C'est mort depuis longtemps… Et penses-tu que j'aurais fait ça avec toi si j'avais été en couple ?
Il rigola nerveusement, comme gêné. Croyait-il vraiment que j'étais de nouveau avec elle ?
-Tu...
-Rien. Je rien, s'empressait-il d'ajouter.
Je gloussais et humai ses cheveux, déposant un baiser sur son crâne pour le rassurer.
-La dispute avec tes parents, entamais-je, c'était à cause de qui tu mettais dans ton lit ?
-Ouais…
Un silence confortable s'installa, sauf que graduellement, une tension pas comme les précédentes prit place. Tels des non-dits sur le point d'exploser. Ce sentiment était lourd. Je me tortillais pour être à la hauteur du visage de Tomas et plongeais mon regard dans le sien. Il comprit instantanément et avoua enfin :
-C'était aussi la raison de l'accident.
Ma bouche s'ouvrit sous la surprise, que voulait-il dire par-là ?
-Ils sont… Mort, avant que tu ne sois mis à la porte, Tomas…
-Je sais… Mais si ma mère n'avait pas eu des doutes sur ma sexualité, ils seraient encore en vie…
Je me crispais à ses mots. Ne comprenant pas plus où il voulait en venir.
-Comment tu peux savoir ça ? Tu n’étais pas là…
-Elle me l’a dit… Ma mère me l'a dit droit dans les yeux, Gaèl…

Sunshine-Histoire gayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant