Psyco-Taylor Acorn
L'alarme distinctive de mon réveil-matin me menait brusquement aux portes de sortie du pays des rêves. Je grognais, m'étirais et mis une tarte à mon portable pour faire cesser le boucan, coucher sur le dos, j'observais le plafond jusqu'à enfin trouver la motivation de me lever. Le plancher était froid et le soleil m’aveuglait. Je sentais déjà la mauvaise humeur envahir la moindre des particules de mon corps. Je fouillais vigoureusement dans mon placard, écoutant la voix rugueuse de Kurt Cobain, chantant Somethings in the way. La musique était en provenance de la chambre du blond. Ce qui voulait dire que Tomas était, lui aussi, réveillé.
Après quelques essayages foireux, j'abandonnais rageusement l’idée d’être stylé aujourd'hui. J'empoignais un t-shirt à l’effigie du nouvel album de Machine Gun Kelly ; Genre : Sad Boy, et un chandail manche longue blanc. Je pris, par la suite, un jean noir troué à divers endroits puis j’enfilais le tout dans un temps record. Je fourrais mon portable et mes écouteurs sans fil dans mes poches quand des coups à la porte me sortirent soudainement de mes pensées maussades.
J’ouvris sans trop me questionner et découvris Sandra. Ses longs cheveux blonds étaient vulgairement attachés à l'aide d'une pince rose à l'arrière de son crâne. Elle était, comme tous les matins, vêtue de sa fameuse robe de chambre décorée de princesses Disney. De petites touches de maquillage étaient visibles sur son visage de poupée, signe qu'elle était sur le point de se préparer. Sans un sourire, je la laissai entrer. Droit comme un piquet, au bout de mon lit, celle-ci me fixait un moment, cherchant probablement ses mots.
-Il y a un problème ? disais-je impatient.
-Tu comptes aller porter les papiers après tes cours ? Je peux toujours le faire, tu sais…
J'aurais dû m'y attendre...
-Ouais, je vais y aller, j’ai besoin de lui parler de toute façon…
~
Nullement heureux d'être au cégep à une heure si matinale, je claquais violemment la porte de mon casier et trimbalais mon sac comme on traînait une vielle chaussette. Ensuite, je fis volte-face et fus surpris par Olivier. Le corps tendu et le visage stoïque. Sans aucune trace d'émotion. Seulement la touche de malice présente dans son regard brunâtre était source de trahison.
-Vous sortez enfin ensemble ? déballait-il, d'un souffle.
-Quoi ?
Perdu ; je m’étouffais avec ma salive.
-Tu sors avec Tomas ?
Je toussotai, reprenant mon souffle. Dès que j'étais parvenue à assimiler les informations, tant bien que mal, je bafouillai malgré moi :
-Bah, p~peut-être, je sais pas vraiment… Je crois que… O~oui.
-Ho mon Dieu ! Je suis TROP content pour vous, ça fait tellement longtemps que vous vous tourniez autour en plus !
-Ça ne fait pas si longtemps !
Olivier me dévisageait de haut en bas, scandalisé.
-Tu me prends vraiment pour un con, Gaèl-Julien. Je te signale que tu rêves de son cul depuis…
Je le coupai, me retenant de lui mettre une droite :
-C’est bon, c’est bon, j’ai compris.
~
Tomas était à la maison avec Sandra, et moi sur la route. Seul dans ma voiture, je tentais de calmer mes angoisses à l'aide d'un fond de musique. Après plusieurs minutes à conduire, j'atteignais finalement le bon arrondissement.
Le quartier dans lequel il habitait était riche, on pouvait apercevoir un grand parc colorer au coin de la rue et simplement avec l'architecture des maisons familiales ; c'était évident que les habitants n'étaient pas à plaindre. J'examinais chacune des demeures, une par une, jusqu'à enfin reconnaître la bonne. Rouge vin, deux étages et un sous-sol, de grandes baies vitrées rendait l'espace spacieux.
Comme dans mes souvenirs.
Ma gorge s'asséchait, et mes mains commençaient à glisser sur le volant cuivré. Je me garais maladroitement dans l'allée de cette immense maison. À côté d'un véhicule que je reconnus immédiatement. J'éteignis le moteur, sortis de l’habitacle et monta les marches du balcon, sauf que je n'eus pas le temps de cogner à la porte, car une femme ouvrit d'elle-même. Prête à se rendre je ne sais où. Elle était certainement dans la mi-trentaine, elle portait dans ses bras un bébé au trait métissé d'environ neuf mois. Elle avait un teint pâle, porcelaine, elle était vêtue d'une longue robe rose poudrée, ses cheveux blonds tombaient sur ses épaules et ses yeux bleus brillaient grâce aux reflets du soleil.
Elle ressemblait fortement à Sandra…
-Puis-je vous aider ? disait-elle d’une voix calme.
-J’aimerais voir Maximilien.
Sa bouche s'ouvrit sous une certaine surprise, pourtant, avant qu'elle ne puisse ajouter une simple phrase, la porte se rouvrait, mais cette fois, c'était sur un grand homme, imposant. En un claquement de doigts, le sourire de la dame réapparu, et elle disait joyeusement :
-Justement, chéri, c'est bien que tu sois arrivé, ce gentil garçon voulait te voir !
Je déglutissais, percevant les traits de sa mâchoire se crisper. Une peur indescriptible se frayait à l’intérieur de mes veines, je devais me battre contre ma raison pour ne pas partir en courant.
-Gaèl… commençait-il en oubliant que sa supposée femme était là. Tu n’as rien à faire ici, si tu ne pars pas dans...
J'amassai tout le courage que j'étais en capacité d'avoir, mes ongles s'enfonçaient naturellement dans la fine peau de ma paume, tandis que, fièrement, je lui coupai la parole :
-Je ne suis pas venu ici pour me manger tes insultes en pleine tronche ou encore moins ta queue, d’accord ? Je dois te parler de ta première ou de ta deuxième femme.
-…
-Tout dépend quel numéro tu as donné à cette fille, ajoutais-je en pointant ladite dame d'un signe de tête.
L'amante de celui-ci était manifestement abattue.
Elle me croyait sur parole.
-De quelle autre femme parle-t-il, Max !?
En moins de deux secondes, je me retrouvais plaqué contre la barrière du balcon, je sentais le souffle chaud de Maximilien chatouiller mon visage. Une haine viscérale contrôlait ses agissements. Il serait capable de me tuer sur-le-champ.
-Tu veux quoi, sale merde ? crachait-il, en resserrant sa prise.
-Sandra est enceinte...
-Et alors, tu veux que ça me fasse quoi ?
-Rien, je voulais simplement t’apporter les papiers de divorce. Et aussi, te prévenir, n’essaie pas d’avoir un seul droit sur le bébé, de toute manière, Sandra va cocher la case : père inconnu, pour être certaine que tu ne lui fasses pas ce que tu m'as fait.
Dès que les derniers mots sortirent de ma bouche, je me pris une violente claque, cependant, même avec la douleur aiguë se rependant sur ma joue, je n’en avais rien à foutre, puisqu’il me relâchait aussitôt, crachant à mes pieds, au passage. Impassible, je lui tendais les papiers, et avant de partir, je disais, les mains tremblantes :
-Et sache que je n'ai plus peur de ta gueule. Fais ce que tu veux de ta vie, mais gardes en tête que je ne changerai pas. J'aime les bites point barre.
Je fis volte-face et une fois devant la portière de ma voiture, je levai fièrement mon majeur.
J’étais libre.
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Sunshine-Histoire gay
RomansaGaèl et Tom. Une amitié qui mélangeait amour, inquiétude et haine. Amis depuis l'enfance, ils avaient tous vu les difficultés de la jeunesse ensemble. Des fêtes, des coups d'un soir. Leur vie entière se basait sur l'autre depuis qu'ils avaient dix...