CHAPITRE 9 - god. fucking. dammit.

1.5K 67 17
                                    

Une fois en haut, Héléna était passée au petit coin puis par le dressing pour attraper des affaires propres. Lorsqu'elle rejoignit enfin Lenie dans la salle de bain, cette dernière était déjà sous la douche.

En se déshabillant, la belge se repassa la conversation taquine qui avait eu lieu plus tôt en bas. Et, s'il y a bien une chose que sa maladresse lui avait appris, c'est que la benjamine pouvait avoir l'esprit assez facétieux quand il s'agissait de camoufler une situation gênante.

"Héléna, c'est toi?" demanda la petite voix de Lenie, faisant sortir la belge de sa bulle.

Héléna se racla la gorge. "Oui, je filais à la douche."

"J'ai oublié le shampooing. Tu pourrais me le donner s'il te plaît?"

La belge jeta un œil à son reflet lointain dans le miroir, riant nerveusement. "Je suis déjà en tenue d'Ève, ma belle."

Un silence de plomb s'installa dans la pièce pendant plusieurs secondes, invitant Héléna à taquiner la brune.

"Est-ce que notre petite Lenox aurait soudainement perdue son impudence?"

La cabine de douche de cette dernière s'entrouvrit, sa petite bouille mouillée passant dans l'entrebâillement.
Dans sa poitrine, le cœur d'Héléna fit un double salto. Puis, elle se rendit compte que la benjamine avait les yeux fermés et poussa un soupire de soulagement.

"Entoure-toi d'une serviette et amène tes fesses ici," s'exclama une Lenie amusée, qui se volatilisa plus vite qu'elle n'était apparue.

Héléna empoigna vivement la dite serviette et s'exécuta.

La bouteille en main et les yeux levés vers le plafond, elle toqua légèrement à la porte de la douche. Le bras gauche de la brune suivit de sa tête firent leur chemin hors de celle-ci.

"Jolies jambes," lança la benjamine avec espièglerie.

La remarque fut suffisante pour déstabiliser une Héléna déjà bien plus nerveuse que de nature. Instinctivement, son regard tomba dans celui de sa camarade qui avait les iris pétillants de malice et un sourire narquois sur ses lèvres.

Les joues en feu, Héléna tendit le shampooing à l'autre fille, "tiens."

Une Lenie satisfaite de la situation attrapa le flacon, remerciant la blonde.

"Tu peux toujours me rejoindre," proposa-t-elle ensuite, un air faussement innocent au visage.

Héléna rit pour cacher son trouble. "Même pas en rêve," répondit-elle en reprenant l'expression de la brune.

Puis, elle s'éloigna pour rejoindre une autre cabine, le rire de Lenie lui faisant écho.

▪︎▪︎▪︎

Héléna était sortie la première de la douche puis s'était positionnée devant la glace pour arranger soigneusement ses cheveux. C'est à ce moment là, alors qu'elle s'y attendait le moins du monde, qu'elle se figea d'elle-même en croisant le regard de Lenie qui se reflétait dans le dit miroir.

GOD. FUCKING. DAMMIT.

Le temps sembla s'être suspendu tandis qu'elle se tenait là, les yeux rivés sur l'autre fille, toutes les deux tout juste couvertes d'une serviette.

Il lui fallut un laps de temps considérable pour sortir de son état de transe, de longues secondes pendant lesquelles elle scruta ces yeux d'un brun mystique qui lui semblait à l'instant renfermés toute la lumière du monde.

La fille à la chevelure dorée détourna finalement le regard, gênée par l'insistance dont elle avait fait preuve.

De son côté, l'attention de la jolie brune ne s'arrêta guère, glissant par instinct vers des lèvres légèrement vermeilles où le sourire de l'autre fille se retenait sentinelle. Elle avait l'air soudainement perdue dans ses pensées les plus inavouables.

Les joues rougies par la chaleur récente de la douche et un sentiment évident de timidité, Lenie considéra la belge. Lui vint à l'esprit qu'elle avait la personnification de la beauté elle-même sous les yeux et, se convainquant qu'elle perdait la tête, se mit à nier ses pensées et s'avança nonchalamment vers le miroir pour gérer sa sombre chevelure.

Héléna évita cette proximité imminente en se déplaçant dans un autre coin de la pièce. Elle respirait lourdement face à la réalisation brutale qui venait de la foudroyer: Lenie était un régal pour les yeux et un putain de doucereux vertige au cœur.

Selon toute vraisemblance, la belge faisait dans la présente l'irréfutable expérience de son attirance indéniable pour la ciotadenne. Son esprit ne pouvait plus passer sous silence ce qu'elle avait si fermement nié pendant toute la semaine qui venait de s'écouler.

À quelques pas de l'autre fille, l'esprit en déroute et le coeur battant la chamade, Héléna perdait une grande partie de ses habilités cognitives et motrices. Elle n'était point nerveuse, non, elle était fébrile. Ou peut-être bien  que l'un n'allait pas sans l'autre.

Elle semblait désormais prostrée. Ses mains avaient commencé à trembler et ses jambes ne lui permettaient plus de soutenir son poids.

Avait-elle perdu la tête?

Oui.

Non.

Peut-être.

MM avait raison.

Son souffle se tarit. Elle voulut le reprendre et sentit l'air lui brûler.

Elle s'empressa d'attraper ses vêtements   et s'éclipsa pour les enfiler.

Fuir. Il lui fallait fuir.

▪︎▪︎▪︎

Toute pimpante avec un simple chignon et un jogging, Lenie sortit de la salle d'eau avec l'intention de traîner avec Héléna avant le cours de danse qui aurait lieu dans quelques heures.

Le plan fut vite compromis par l'absence de la blonde. Lenie avait fouillé chaque recoin du château mais en vain, cette dernière était introuvable.

Au bout d'un quart d'heure de recherches intensives, la brune abandonna l'idée de retrouver sa blonde. Elle espérait qu'Héléna la rejoindrait d'elle-même lorsqu'elle aurait fini de jouer au chat et à la souris. Aussi, elle grimpa les escaliers avec le seul but de rejoindre sa chambre et s'allonger tout du long dans son lit. Quelle fut donc sa surprise une fois en haut d'entendre le rire de la belge. Perplexe, elle suivit le son et se retrouva devant l'image d'une Héléna tranquillement posée avec MM, Vico, Lola et Pierrot dans le lit de ce dernier.

Héléna remarqua sa présence du coin de l'œil mais sembla aussitôt l'ignorer volontairement. Lenie s'en aperçu et sentit un profond sentiment d'impuissance et d'incompréhension la submerger.

Et, pour une raison qu'elle ignorait, le comportement contradictoire de l'autre fille fructifiait des picotements plus que désagréables dans sa poitrine, lui donnant une envie folle d'hurler dans son oreiller et de pleurer à chaudes larmes.

Au lieu de ça, elle écouta la petite voix dans sa tête qui avait la rage au ventre et elle décida qu'à partir de maintenant, si Héléna venait à elle, elle lui rendrait la monnaie de sa pièce.

Avec ça, elle fit demi-tour et emprunta les escaliers en sens inverse. Une fois en bas, elle attrapa sa veste et sortit en trombe du château, la porte claquant derrière elle.

EVERY LITTLE THING (helenie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant