Un ventre qui gargouille résonna dans la pièce, réveillant le rire d'Héléna.
"Il faudrait peut-être penser à te remplir la panse, ma belle."
Une Lenie toute gênée acquiesça. "Mais je veux d'abord retirer ces vêtements."
"Je peux arranger ça," taquina Héléna avec un sourire espiègle au coin des lèvres, remontant sa main sur la hanche de cette dernière.
Lenie n'hésita pas un seul instant avant de lui pousser les épaules, laissant le dos d'Héléna heurter le matelas et lui balançant son éternel "même pas en rêve," naturellement accompagné du son de son rire.
Finalement, Lenie avait quitter la chambre pour rejoindre la salle de bain. Héléna décida à son tour de bouger et se rendit à la cuisine pour préparer deux assiettes.
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"Ça sent bon," s'exclama Lénie déjà l'eau à la bouche en acceptant le plat qu'Héléna lui avait apporté jusqu'à son lit.
Tu sens bon, pensa la blonde sans oser faire la remarque. Au lieu de ça, elle se contenta d'annoncer le contenu de l'assiette. "Pâtes carbonara, j'ai cru comprendre que tu adores ça."
Les yeux de la benjamine pétillaient déjà dès la première bouchée. "Un délice, merci."
Héléna sourit, s'installant à son tour pour y goûter.
"Il y a quoi là-dedans?" demanda la brune en désignant le carnet de l'autre fille avec sa fourchette.
"Des trucs," répondit la belge avec nonchalance.
"Des trucs," répéta Lenie sur un ton léger.
Héléna lui lança un regard amusée.
"Des textes que j'écris comme-ci comme ça," précisa alors Héléna en terminant son repas.
"Tu me laisserais lire un de ces trucs?"
"Peut-être? À condition que tu me laisses lire dans le tien en retour."
"Je ne vois pas de quoi tu parles," réagit Lenie en prenant l'air innocent.
"Je t'ai vu écrire dans ton journal."
"D'accord, je suis cramée," céda la brune en souriant. "Mais je choisis la page," proposa-t-elle en offrant une poignée de main. "Deal?"
"Deal," accepta Héléna en scellant l'accord.
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Débarrassées des assiettes, les deux filles parcoururent leurs carnets respectifs afin de trouver le texte qu'elles souhaitaient faire lire à l'autre.
"Celui-là," décida Héléna en terminant la lecture d'une note qu'elle avait écrit il y a peu. "Juste une ébauche en réalité mais le message est plutôt clair."
Lenie s'arrêta sur une page en particulier de son cahier, le regard errant, l'insécurité la submergeant. Elle revivait brutalement les mots qu'elle avait couché sur le papier il a plusieurs mois déjà.
Héléna, qui avait fini par lever les yeux sur elle remarqua immédiatement l'hésitation et glissa sa main dans la sienne pour lui apporter son soutien. Lenie respira lourdement avant d'enfin oser croiser le regard de la blonde.
"Je l'avais oublié celui-là, sombre période," ajouta la brune en se pinçant les lèvres.
"Je peux?"
Lenie poussa silencieusement son carnet sur la belge qui avait trouvé sa place jambes croisées face à elle.
Héléna la remercia et, gardant fermement sa main dans la sienne, elle laissa son regard s'intéresser à l'écriture de sa camarade.
L'amour de soi
Ma foi, j'ai fais trop de faux pas
Prisonnière du sortilège des mille éclatsJ'ai regardé dans le miroir
J'aurai voulu être dans le noir
Mais j'y ai vu mon sale reflet
Quelle putain envie de creverComment apprendre à s'aimer ?
Le monde est cruel
Mais j'suis la première contre moi-même
Dans le carrousel de la haineUne ribambelle de doutes
Je voudrais bien dire que j'm'en fou
La vérité c'est que chaque jour
J'm'aime peu, j'ai le coeur lourdEt il se peut qu'au crépuscule
Refuge d'une vie de solitude
Je murmure en boucle à la lune
L'immensité de mes incertitudesLe trop, le peu, le nébuleux
Aspirant pourtant au merveilleux
Et me sentir pour le mieux
Loin de toutes les larmes dans mes yeuxJe voudrais être manuscrit
D'une toute autre vie
Une danse sous la pluie
Être muse à poésieEt surtout de vous à moi
Au moins une fois
Sourire quand je me voisLenie avait gardé les yeux fixés sur la belge tout du long pour jauger ses réactions au fur et à mesure. Ses yeux s'embuèrent de larmes en constatant à quel point Héléna était bouleversée, essuyant une larme qui avait coulé d'elle-même pendant sa lecture.
"Lenie," murmura Héléna à la fin, cherchant son regard et s'y noyant. Sa voix se sentait remplie d'émotions. "Est-ce que tu ressens toujours ça?"
"Parfois," admis Lenie. "Mais je pense que c'est normal. Je crois que tout le monde a un peu de ça en soi et le gardera toujours même dans la lumière."
"J'ai ressenti chaque mot tellement profondément. Merci d'avoir mis des mots sincères sur les maux qui sont propres à chacun. Personne ne peut contredire que le combat le plus ardu en amour est bien celui qu'on a avec soi-même."
"Il y aura toujours cette petite voix qui s'immisce et sème le trouble mais depuis que j'ai écris ceci, j'ai beaucoup travaillé sur ça et j'ai appris à équilibrer mon jugement intérieur. Ce n'est pas facile tu sais, de se remettre en question, mais en faisant toujours la part des choses pour discerner le vrai du faux.. j'avance."
"Je pourrais bien dire que tu es d'une magnificence sans failles mais ce serait too much, non?" complimenta Héléna avec légèreté, les mains liées à celles de Lenie. "Saches juste que les défauts que tu as ne sont qu'infime à côté de toute la grandeur de tes qualités. Ta beauté est renversante."
Lenie se voyait inévitablement émue par les mots d'Héléna. Aussi, se laissant porter par ses émotions, elle se jeta dans ses bras, l'étreignant avec toute la reconnaissance et l'amour qu'elle ressentait à l'instant. "Tu es un doucereux vertige pour le cœur mademoiselle Bailly," chuchota-t-elle quelques minutes plus tard alors que le silence les enlacer en retour.
Elles s'éloignèrent finalement, Lenie attrapant vivement le carnet d'Héléna. "À mon tour. Qu'est-ce que nous avons là?"
Héléna sourit, maintenant bien heureuse d'avoir choisi cet extrait. Timing parfait pour répondre brièvement au texte de la benjamine.
Ta sensibilité n'est pas fatalité, ne sois pas fatiguée de fleurir émotive d'où sublimée. Si tu es née vivante c'est bien une qualité. Dans la tempête il n'y a pas d'excès, seulement des maux ou des délices, obscurité, félicité, des larmes sur ta peau y'en a jamais assez. Abîmée ou apaisée, il y a toujours de quoi briller. Si dans ton cœur le tout est beau, j'aime ta vérité. Ton être si doux, j'en suis toute chamboulée. N'oublie jamais que ta lumière reste l'authenticité.
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EVERY LITTLE THING (helenie)
FanfictionJuste une petite histoire Helenie (Star Ac). Ceci est cent pourcent fictif, ne le prenez pas au sérieux