CHAPITRE 17 - Tu sais parler à mon cœur

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Le cœur chargé en émotions, Héléna n'avait su que dire à Lenie et s'était contentée de la serrer très fort dans ses bras en lui chuchotant sa gratitude pour ses mots. Puis, après quelques minutes, elle s'était éclipsée pour aller se préparer pour la nuit.

Heureusement, Lenie, qui avait vu clair dans son attitude nonchalante, prit le chemin de la cuisine afin de s'assurer que cette dernière mangerait quelque chose après sa douche.

Une fois là-bas, la benjamine fut surprise de trouver la pièce déserte. Visiblement, ses camarades vaquaient déjà à d'autres occupations, laissant cependant derrière eux un désordre monstre. Lenie se pinça les lèvres, exaspérée. Chaque jour le même combat. C'est vraiment si difficile de mettre son assiette dans le lave vaisselle? En temps normal, elle n'aurait pas laissé ça passer et elle serait immédiatement passée en mode daronne en allant tous les chercher pour qu'ils débarrassent. Mais pour l'heure, Héléna était sa seule priorité, elle rouspéterait les autres plus tard.

▪︎▪︎▪︎

"Tu viens?" surgit une voix dans le dos d'Héléna alors que celle-ci rangeait sa brosse à cheveux.

Elle se retourna, souriant à la brune.

"Où ça ma Lenie?"

La benjamine s'avança, prenant ses mains dans les siennes. "Tu me fais confiance?"

"Oui," acquiesça Héléna sans hésitation, agrandissant alors le doux sourire de la ciotadenne qui après avoir reçu son accord l'entraîna par la main vers le grand escalier.

Dès lors qu'elles atteignirent le vestibule, Lenie attrapa le manteau de la blonde pour l'inviter à se couvrir. Le regard d'Héléna était bourré de questions mais elle n'en posa aucune. Elle enfila simplement son blouson avant de rapidement voler l'écharpe de la brune pour la mettre soigneusement autour de son propre cou.

"C'est ça que tu cherches?" taquina Héléna alors que Lenie fouillait partout manifestement à la recherche de quelque chose.

La brune se stoppa, faisant volte-face pour jeter un œil sur la chose à laquelle Héléna faisait référence.

Remarquant son écharpe sur cette dernière, Lenie leva les yeux au ciel en souriant bêtement. Finalement, elle copia le choix d'Héléna en lui piquant à son tour son écharpe et les deux prirent le chemin des jardins.

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"Le théâtre?" demanda Héléna en fronçant les sourcils. "Qu'est-ce qu'on vient faire là?"

Lenie haussa les épaules, dissimulant son sourire sous l'écharpe.

Parfaitement devant la porte, Lenie se positionna en première, bloquant l'accès à Héléna.

"Est-ce que tu m'aimes?" demanda la brune avec sérieux, captant immédiatement l'attention de la blonde qui avait au préalable le regard distrait au-dessus de son épaule.

"Quoi?" balbutia Héléna, prise de court par la question.

"Est-ce que tu m'aimes?" réitéra cette dernière avec un sourire aveuglant ornant ses lèvres.

La blonde la fixa, incrédule, cachant au mieux sa nervosité grandissante. "C'est quel genre de question ça, Lenie?"

Lenie souffla, manifestant son attitude boudeuse avec une moue incontestablement adorable. En s'apercevant de la petite bouille ronchon de la benjamine, la blonde s'empressa de rectifier le tir.

"Bien sûr que oui," dit-elle d'un ton grave, appuyé et facétieux.

La brune lui lança un regard pointu, amenant directement Héléna à reprendre son sérieux. Après coup, la blonde fit un pas en avant, cherchant le contact de Lenie. Le bras tendu dans sa direction, elle laissa sa main à nouveau trouver la sienne.

"Oui. Je t'aime beaucoup," avoua Héléna dans un murmure profond, le regard ancré dans celui de la brune. "Sans l'ombre d'un doute."

La blonde se racla ensuite la gorge, essayant par instinct d'alléger la tension palpable dans laquelle elle s'était embourbée. Si elle écoutait encore la petite voix dans sa tête, elle pourrait bien se pencher sur-le-champ pour capturer de ses lèvres le sourire immense qu'elle venait de peindre sur celles de la benjamine.

Héléna sentit ses joues chauffer à cette simple pensée et secoua la tête pour retrouver ses esprits. "On y va?"

Lenie sursauta, semblant sortir d'un état second. "Umm."

De sa main libre, elle chercha à l'aveugle la poignée de la porte. "Je... ouais, allons-y."

Quand la brune parvint enfin à se ressaisir, elle les entraîna à l'intérieur.

"J'espère que tu as faim," prononça-t-elle d'un ton incertain, attendant une quelconque réaction d'Héléna.

La belge avait les yeux fixés sur la scène qui n'était alors qu'éclairée que par quelques bougies. À première vue, dans cette atmosphère pour le moins très intimiste, Héléna pouvait distinguée au sol une couverture et de la nourriture. Le reste de la pièce était plongé dans la pénombre.

La blonde se tourna vers Lenie et lui sourit, ses yeux reflétant son émotion. "Je meurs de faim, merci."

Prenant une énième fois la brune par la main, elle alla vers la scène et s'installa confortablement pour découvrir plus en détails le repas.

"LENIE!!" s'enthousiasma Héléna en sentant l'odeur des frites. "Par quel miracle? Punaise je pourrais..."

"Quoi?" demanda Lenie amusée par l'émerveillement de la belge devant quelques frites.

"Tu sais parler à mon cœur," plaisanta Héléna avec la plus grande sincérité. "Il ne manque plus que-"

Héléna fut couper par la brune brandissant sa sauce préférée sous son nez.

"Comment?" questionna la blonde impressionnée.

"J'ai utilisé ma minute pour appeler ta maman. C'était bizarre mais étonnamment très familier. J'ai à peine eu le temps de demander ta sauce préférée avant de devoir couper la conversation. J'avais osé espérer qu'elle me dise quelque chose de banal comme le ketchup ou la mayonnaise mais madame à des goûts de luxe du coup je me suis payée le culot de supplier la prod pour en obtenir en urgence."

"Mais Lenie, t'es folle, tu risques de te faire engueuler."

"Je m'en fous, si ça t'a fait plaisir ça en valait totalement coup. Maintenant goûte avant que ce soit immangeable."

Héléna prit une frite, l'enroba de sauce avant de la porter à sa bouche. Le petit bruit de plaisir gustative qu'elle fit à l'instant où l'aliment toucha son palais en aurait alors fait rougir plus d'un.

En succulant sa quatrième frite, la blonde fut gênée de se rendre compte qu'elle était la seule à manger. Aussi, elle décida de partager la prochaine avec Lenie en l'invitant silencieuse à goûter la frite qu'elle venait de porter à sa bouche. La benjamine ne se fit pas prier, écartant les lèvres pour dérober délicament la frite entre les doigts d'Héléna. Le goût nouveau de la sauce brazil fit frémir la brune.

"Merde, c'est vachement bon!"

Héléna sourit fièrement.

"Je veux ça à notre mariage," commenta  la benjamine.

La blonde rit. "Maintenant qui a des goûts de luxe, ma belle."

Lenie se jeta spontanément sur Héléna pour la recouvrir de bisous sur la joue, déstabilisant complètement la belge par cet élan si chaotique et imprévu.

EVERY LITTLE THING (helenie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant