05.

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CHAPITRE.
CINQ.















LEANDER.
















— Ça fera dix dollars, dis-je au client.

Deux jours sont passés. Les minutes se sont défilés rapidement. Mila et moi nous nous sommes pas revus. Les informations sur la télévision ont parlé de la mort des trois amis de Mila. Soit disant mort par overdoses et j'ai écarquillé des yeux. Excuse seulement dédié pour le cartel Costa Nostra.

Peu importe la personne, quand elle meurt des mains du cartel, le justificatif de la mort est overdose. Code qui a été mis en place depuis cinq ans, depuis mon arrivée ici. Alors, mon cœur a cessé de battre. La sueur a couvert mon corps.

— Un verre de vodka et trois bouteilles de bière.

— Ça fera vingt dollars. Carte ou cash ? lui demande-je.

Il sort un billet de dix et une pièce qu'il me tend avant de prendre sa commande. Serviette sur l'épaule, je l'attrape avant de sécher les verres propres. La musique en arrière plan, j'aurai habituellement chantonné mais je n'ai pas la force.

Pas quand la peur s'infiltre dans mes veines.

— Leander, va servir les riches, là haut ! hurle Jules, mon boss.

Il n'a jamais osé le faire car les riches ne sont que les bandits. J'ai même entendu dire qu'un serveur est mort car il avait renversé le contenu du verre sur un homme. Rumeur qui ne sera jamais avouée car seuls les anciens savent la vérité. Règle d'or à Vinegar Hill, c'est de ne jamais parler, surtout quand c'est un supérieur qui l'a fait.

Les riches. Les bandits.

Leurs faits et gestes ne doivent pas être des commérages. Sauf si le parleur est prêt à recevoir une balle au front. Si je sais toutes ses règles, c'est grâce aux anciens amis de Mila. Ils nous avaient prévenu. Ils nous avaient mis en garde. Le cartel a beau vendre de la drogue ou bien des organes, peu importe, on ne doit pas faire de même ou en parler.

Considéré comme traitre.

Et les cadavres des traîtres ne sont jamais retrouvés.

Les escaliers montées, j'entre dans le repère des monstres qui se réunissent. Interdit par les nouveaux serveurs, j'ai le droit car ça fait plus de quatre ans que je travaille ici.

La couleur de la pièce est rouge. Les corps nues des femmes dansent devant chaque table, montant même dessus. Il n'y aucune gêne, il n'y a aucune pudeur. Un homme pourrait prendre une femme devant les autres et rien ne sera mal vu. Car leur monde est perverti, bien trop sombre pour qu'on comprenne.

La chance de ce bar est que les femmes sont d'accord. Elles ont signé un contrat avant de travailler. Ou bien deux contrats. Un pour le travail et un autre pour garder le silence. La même chose que j'ai du faire. Alors, leur travail comparé au mien, qu'elle est la différence ?

— Mec, descends, je prends la relève, préviens-je à mon collègue, Blake.

— Merci Dieu, bonne chance, me souffle-t-il à l'oreille en me souriant gentiment.

Blake me donne le carnet de note avant de sortir d'ici presque en courant. Plus âgé que moi et pourtant, il est plus trouillard. Montrant que ce n'est pas l'âge qui compte mais bien la sensibilité.

Je n'ai pas peur des monstres, parce que j'en ai vécu avec un.

J'attrape le stylo posé sur le comptoir et marche vers les tables. Je passe à chaque table, demandant doucement s'il souhaitent quelque chose. Visage neutre mais pas trop, il ne faut pas provoquer, il ne faut pas qu'ils croient qu'on est hypocrite.

KNIGHT.  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant