Chapitre 8

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Trois ans plus tard, Stepstones

Le soleil se couchait sur les austères landes de pierre bordant les côtes, alors que des cris résonnèrent, au centre du campement établi sous les bannières des maisons Targaryen et Velaryon, sur Dwarfstone. Manteaux d'or et soldats de Haute-Marée s'étaient rassemblés pour observer un duel palpitant, des acclamations fusant tandis que les lames des deux combattants s'entrechoquèrent bruyamment.

Et quels combattants !

L'héritier de la maison Velaryon et dragonnier de Seasmoke, Laenor, affrontait l'Enfant Bénie des Dragons, liée à la Monture de l'Etranger, la Princesse Aelys Targaryen.

La cadette Targaryen avait bien grandi, durant ces trois années de guerre. Ses traits d'enfant s'étaient estompés, laissant place à ceux de la jeune femme qu'elle s'apprêtait à devenir. Elle était grande, pour son âge, et si elle était fine, comme bien d'autres jeunes filles de la Cour, elle s'était façonné un corps musclé par le combat et les entrainements, serrant d'une poigne forte les deux glaives qu'elle tenait, la respiration sifflante mais un fin sourire aux lèvres.

Elle esquiva habilement l'épée de Laenor et tenta une estoc que le jeune homme para de justesse, avant de lancer un assaut frontal, comptant sur sa carrure pour prendre l'avantage. Mais Aelys croisa ses glaives pour bloquer la lame plus imposante du fils Velaryon et le repoussa d'un coup de botte.

La respiration coupée, Laenor n'hésita pourtant pas une seconde à se lancer dans une nouvelle charge, plusieurs coups et parades s'enchainant à toute vitesse avant que les lames, dans un scintillement métallique, ne se figèrent, les deux opposants se fixant du regard, chacun menaçant l'autre à la gorge de son arme, en une parfaite égalité.

Des applaudissements retentirent quand ils baissèrent leurs lames, avant que des capitaines n'ordonnent aux troupes de retourner à leurs occupations. Dégageant une mèche de son visage, Aelys lança à Laenor, sur le ton de la taquinerie:

- Tu ne t'es pas trop mal battu, peut-être parviendras-tu à me vaincre un jour !

- Méfie-toi, ce jour est plus proche que tu ne le crois ! Répliqua l'héritier de la maison Velaryon en riant.

La guerre des Stepstones les avait rapprochés: ils avaient découvert le monde des champs de bataille et des combats, les vrais, bien différents des joutes de tournoi, ensemble, et avaient grandi pour devenir des compagnons d'armes loyal l'un à l'autre.

Laenor aurait pu, comme tant d'autres lorsque la cadette Targaryen est arrivée au campement, en compagnie de son oncle Daemon, montrer de l'hostilité envers la fillette. Elle était l'enfant du Roi qui refusait de les aider et, pire encore, une gamine, appartenant au genre qu'ils estimaient incapable de se battre !

Mais le jeune Velaryon s'était montré chaleureux et accueillant, fidèle à son humeur solaire, et ils se trouvèrent liés par une indéfectible amitié. Après tout, Laenor aussi ne correspondait pas forcément à l'idée qu'on se faisait de lui...

Alors qu'ils prirent soin de leurs armes, un jeune homme les rejoignit pour les aider, leur demandant avec entrain:

- Qui a gagné le duel, aujourd'hui ?

- Il s'est conclu sur une parfaite égalité, Sir Joffrey. Lui apprit Aelys. Ce qui signifie que je dois m'entrainer d'avantage, afin de restaurer ma série de victoire.

- Peut-être aurez-vous besoin de mon aide pour déconcentrer Sir Laenor, lors de votre prochain combat ?

- C'est une possibilité...

- Comment, vous oseriez pactiser avec ma rivale, Sir Joffrey ? S'exclama Laenor en riant. Cela ne restera pas impuni !

Le jeune seigneur lui rendit son sourire, Aelys les observant avec attention. Elle n'ignorait rien de la nature de leur relation: elle les avait surpris, il y a quelques mois, en train de s'embrasser. Bien sûr, elle avait juré devant les Sept de ne rien révéler de cet amour prohibé, et comptait bien tenir sa promesse. En les voyant ainsi, si complice, elle n'était pas gênée, bien au contraire, elle en ressentait même un léger pincement de jalousie: être aimé ainsi par une personne qui nous aime en retour, quel agréable sentiment cela devait-il être...

Le sang des Dragons (HOTD)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant