Chapitre 3

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3 ans après La Brûlure

Jali s'arrêta à la limite des badlands, ces paysages arides avec des formations comme des canyons et des buttes, créés par l'érosion des roches. Ils bordaient la forêt. Une forêt où se tenait droitement des arbres fins aussi noirs que le ciel la nuit. Ces plantes étaient desséchées et entourées d'un brouillard gris inhospitalier. Mais justement, cet endroit était un havre de paix pour les proies malgré sa proximité avec les prédateurs déchus, comme une provocation. Pendant des années le soleil a tout brûlé, y compris ces arbres. La vague de cancer a arrêté d'être soignée, mais de toutes les façons une grande partie de la population était déjà morte de la guerre, de la famine ou des autres événements qui sont arrivés quand le soleil s'est calmé.
Jali chassait malgré le fait que son mari détestait cela, surtout depuis qu'elle était enceinte, mais il ne pouvait pas l'arrêter. Son fils qui l'admirait et la suivait partout où il le pouvait, lui, rêvait de partir chasser avec elle. Elle avait fini par céder un jour et l'avait emmené avec elle, depuis il la suivait souvent en forêt. C'était la fin de l'hiver et comme son mari l'avait prédit en blaguant cela arriva. Les mouvements de son ventre et son souffle coupé, suivis par l'humidité des eaux qu'elle avait perdues, lui criaient qu'elle allait avoir son enfant dans la forêt. Très vite elle n'eut plus le choix et dut enlever en partie sa combinaison au milieu d'un froid l'épargnant un peu de sa morsure. Elle se coucha, et tremblante, elle commença à effectuer des exercices de respiration. Elle les avait déjà appris et maîtrisés pour avoir son premier enfant. Ce dernier l'informa en paniquant:
-On ne capte rien! Je vais chercher de l'aide.

Connaissant la distance entre ici et leur foyer aux limites de la cité, il ne servait à rien que son fils parte. De plus, la peur envahissait Jali de plus en plus. Avec la douleur contractant ses muscles, elle se mit à crier:
-Non! Sar, reste avec moi.

-Il te faut de l'aide.

-Je ne peux pas, je ne peux pas l'avoir seule.

Au milieu de la lumière grise, les yeux bleus mer de Sar s'écarquillèrent. Il allait voir son frère naître. Au bout de plusieurs heures, Sar approche malgré les nouvelles protestations de Jali qui gémissait de douleur:
-Non! Ne regarde pas! C'est trop! Sar! Je t'ai dit de rester, car j'avais peur de rester seule, mais tout ça est beaucoup trop pour toi...

Sar s'assit à côté d'elle qui essayait de se cacher un peu plus sous la combinaison qu'elle avait enlevée et utilisait comme une couverture. Son fils lui dit:
-Maman, ils nous apprennent des choses à l'école, tu sais. C'est plus scientifique que maintenant, mais je sais ce qu'il se passe.

Elle rit doucement. Il lui prit la main et demanda:
-Tu crois que ça va durer encore longtemps? Pour moi ça a duré?

-Non, heureusement. J'espère que ton frère suivra l'exemple.

Ils rirent puis elle grimaça de douleur à l'intensification de ses contractions. Jali essaya de lâcher la main de Sar, mais il résista. Elle lui dit haletante de douleur:
-Je dois pousser maintenant, laisse moi de l'espace.

Il hocha la tête et s'éloigna. Jali s'assit sur ses talons, se pencha en avant les mains sur le sol puis poussa quand le besoin de pousser se faisait sentir et continua à alterner entre cela et ses pauses. Des minutes après elle sentait l'énergie la quitter alors que son bébé n'était pas encore né. Elle se coucha comme elle put, exténuée et tremblante. Le ciel gris emplissait sa vision et ses larmes coulaient pendant qu'elle réalisait sa grave erreur. Elle regarda son fils et sanglota:
-Tu avais raison, j'aurais dû te laisser partir. Si ça se trouve, ça va durer beaucoup trop longtemps. Je ne tiendrais pas et je ne sais pas ce qui peut arriver...non j'ai peur de savoir ce qui va arriver, si je ne peux pas le faire naitre. J'ai tout gâché.

EMISSENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant