Chapitre 9

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Daëri

Sous d'autres lumières, mais dans un endroit plus calme et sans cette odeur de combat, on me jette par terre toujours attachée et la douleur me fait retenir ma respiration. J'imagine maintenant toutes les choses horribles qu'ils pourraient me faire. Tout comme Papa fait à ces déchets. Je ferme les yeux très forts.

Sûrement des heures après j'ai vraiment mal aux bras, coincée sous cette fichue tente. Malgré sa grande taille la chaleur à l'intérieur m'étouffe. C'est parce qu'ils ont eu la bonne idée d'allumer un feu et parce que, cette poufiasse, celle à la queue de cheval noire et l'air boudeur, elle a complètement désactivé ma combinaison qui me rafraichissait. J'ai l'impression d'être dans ce four où je m'étais brûlé, pour la première fois en faisant des cookies, mais maintenant c'est la Poufiasse qui me brûle avec ses questions. Elle continue:
-T'es la fille de Nyx pas vrai?

Je m'arrête de respirer encerclée tandis qu'elle poursuit:
-Il n'y a pas d'autre explication, tu ressembles à ce à quoi elle ressemblait petite.

Le connard qui m'a attrapé avant que j'atteigne les motos dit:
-Son expérience bizarre ou je sais pas quoi, je pensais qu'il l'avait tué il y a des années.

La voix de Blade dit:
-Je suppose que le jour est arrivé.

Je garde le silence bouillante de rage et observe les tapis couleur sable décorés de vert avec les coussins assortis sur lesquels certains sont assis ou couchés, contrairement à moi assise par terre. Je me mets à regarder les côtés de la tente éclairée par le feu artificiel aux dégradés de bleu. Mais bien-sûr, La poufiasse s'y remet:
-Il t'a envoyé ici juste avec un escadron.

Je ne dis toujours rien et la blonde-sang avec ses gros iris clairs l'ouvre pour dire:
-Effectivement, il a essayé de se débarrasser de toi.

Ne pouvant plus me retenir, je réponds entre mes dents:
-Ferme-là.

Elle se lève et me met une grande claque. La surprise prévaut sur ma douleur, mais je lui souris défiante. Elle me lance un regard méprisant m'indiquant qu'elle s'apprête sûrement à recommencer. Soudain une fille à la peau brune claire, et au regard bas à l'air inoffensif, malgré le sang la tachant, s'approche. En prenant la main de la blonde, elle s'écrie:
-Aelia arrête!

La Aelia en question obéit et se rassied sous les regards de tout le monde et les rires amusés de certains face à sa violence. De sa voix naturellement taquine, mais vibrante, Blade fait remarquer à mon intention:
-Ils ont raison, tu sais. Cette chose n'est toujours pas en train de te chercher et ça fait des heures. Ce truc n'a même pas tenté avec un de ses drones qui va griller, ses nouveaux soldats de merde ou ses robots inutiles.

La façon dont ils appellent Papa me donne envie de les insulter, et puis comment est-ce qu'ils pourraient le savoir? Ils mentent. Ils n'ont rien à part leurs quelques gadgets, j'espère. Justement La poufiasse leur dit:
-Elle n'a pas d'implant, nulle part j'ai vérifié.

Je tremble légèrement en me souvenant de cette sensation de froid au milieu de ce désert quand sous sa "tente médicale" elle m'a fait subir cet examen complet. On s'est battues pour qu'elle m'enlève ma combinaison, mais elle a menacé d'appeler les hommes pour l'aider. Donc je l'ai laissé faire son putain de scan en me retenant de pleurer. Je déteste que des gens me touchent. Au contact je m'en suis souvenue comme le fait qu'à part Papa il n'y a eu que ces trois idiots que je ne connaissais pas mais qui essayaient de flirter avec moi, pendant la mission où je devais découvrir "l'extérieur". L'un d'eux m'a caressé la joue et j'étais sur le point de sortir mon pistolet laser, mais je devais régler la situation moi-même. La discrétion faisait partie de la mission. Je leur ai bien fait comprendre que ce sera non, et ignorais leurs insultes dans mon dos, comme celles sur la teinte assez unique de ma peau. Cela les avait pourtant attirés juste avant. Quels ignares. De toutes les façons, c'était juste avant mon extraction. Ils sont morts maintenant.
Pour ce qui est de ceux qui doivent encore le devenir, je lance un regard défiant à La poufiasse et lui dis comme une menace:
-Il viendra me chercher.

Elle se tourne vers les autres. Sur un ton différent de celui dont l'autorité baissait le timbre de voix tout à l'heure, elle leur dit satisfaite:
-Je vous l'avais dit, c'est la fille de ce putain tas de ferraille!

Toi tu finiras en tas de chair. Le jeune inconnu aux yeux verts, lui, m'effraie à nouveau en s'approchant. Il s'accroupit devant moi. Il a un peu lavé son visage et donc son regard sur moi me submerge encore plus. Je ne sais pas pourquoi ça le fait rire doucement. Ça ne peut pas être si évident sur mon visage. Je sens que j'ai la même expression fermée. L'une d'entre eux aime me gifler. Lui, il aime juste se moquer de moi, je suppose. Il me coupe dans mes pensées en me disant d'une voix que je trouve bizarrement suave:
-Tu commences à douter qu'il viendra te chercher.

Je crache:
-Va te faire foutre avec tes suppositions de merde.

Les autres émettent des bruits amusés. Sur le visage du jeune homme, des lèvres que je veux déchiqueter s'étirent légèrement. Ses yeux me rappellent des gouttes d'eau, sur une feuille verte que j'ai envie de pulvériser. Ils se plissent avec son sourire, lui donnant un air plus inoffensif. Il corrige:
-C'est pas une supposition, j'en suis sûr. On peut même le voir à ta tête.

Il ment, clairement il ment. Peut-être que j'ai laissé mon masque tomber une seconde. Non, ça y est, il me fait douter. Avant que je puisse répondre, il me demande:
-C'est quoi ton prénom déjà?

À cette question, je me souviens que je pense et me comporte sûrement comme une bête enragée. Papa serait scandalisé. Mais là, je ne peux pas, le calme m'a abandonné. J'entends un sourire dans le ton du gars qui m'a tiré par les cheveux quand il dit à l'inconnu:
-Elle veut pas dire son prénom, et je crois que le truc l'a jamais révélé non?

Le truc...j'espère bien qu'ils finiront à l'incinérateur vivants. Depuis l'autre côté du feu, le roux aux yeux bleus clairs dit de sa voix légèrement grave:
-Peut-être qu'on pourrait l'aider à parler?

Blade dit enthousiaste:
-Oui.

Je leur réponds trop durement afin de cacher les tremblements de ma voix:
-Allez-y, essayez.

Je reporte mon regard sur l'inconnu en face de moi, que j'incendie du regard pour me défendre. Avant qu'il puisse se remettre à l'ouvrir la fille qui m'a sauvé d'Aelia lance:
-Laissez-la tranquille un peu.

L'inconnu souffle et se lève.

EMISSENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant