EMISSEN

Chapitre 17

Daëri

Je sors de l'atelier et sursaute en entendant derrière moi une voix grave me lancer amusée:
-T'as enfin fini?

Je me tourne sur, comme je m'en doutais, Atmos. Je lui lance un regard noir. Je ne l'avais pas vu depuis des jours et c'était parfait. Il se lève pour se détacher du mur lisse et chromé. Il contraste avec les marches larges, presque plates, sur lesquelles des gens indifférents passent. Il enlève ses écouteurs. Parfait, il pourra bien m'entendre. Avant que je ne puisse parler il ajoute avec un sourire débile:
-T'as de beaux cheveux comme ça aussi. Tu vas faire d'autres tresses?

J'ignore la partie de moi qui aime les compliments pour lui dire:
-Si t'as besoin de l'entendre pour en être sûr, je veux plus te voir.

Il grimace avec ses lèvres énervantes, puis commence à me lancer un de ces regards avec ses iris vert brillant. On dirait un des chiots que j'ai vu à la télé. Je ne sais pas pourquoi j'ai envie de rire, mais j'inspire pour me reprendre puis lui dis:
-Sérieusement?

Atmos sourit de toutes ses dents et je grimace pour chasser mon envie stupide de l'imiter. Peut-être un truc instinctif pourri. Il s'arrête enfin et prend un air sérieux intimidant. Surtout avec son regard faisant ressortir ses longs sourcils sombres. Il me dit ensuite:
-Je suis vraiment, vraiment désolé de t'avoir fait du mal. Je vais pas recommencer t'inquiètes pas. Je veux pas te faire de mal Daëri.

Je ne sais pas pourquoi là, il me fait peur. Une partie de moi a peur de ce qu'il se passe. C'est comme quand il me faisait peur quand ils m'ont attrapé, son regard vert...
À ma propre surprise, je me mets à courir en l'entendant crier derrière moi:
-Daëri!

Il me rattrape trop rapidement et me prend carrément contre lui. Je pense faire une attaque cardiaque contre lui et sa chaleur. Entre ses bras. Des bras qui pourraient facilement détruire aussi bien que protéger. Justement, il me lâche quand je le pousse, même s'il aurait pu me garder. Je lui lance un regard noir et il me dit:
-Pardon, je voulais pas tirer ton bras. Ça t'aurait peut-être fait mal vu comme tu courrais.

Mais bien sûr. Il a presque touché ma peau avec ses sales pattes. Heureusement que je porte cette combinaison recouvrant presque tout mon corps. Je regarde brièvement sur le côté. Les gens qui nous regardaient, ont repris leurs vies. Même la personne qui a dû siffler. Je menace Atmos:
-Tu me fous la paix ou je te tue ok?

Il écarquille ses yeux jade foncé. Ils deviennent rieurs avant qu'il ne sourit lentement. Il me demande moqueur:
-Je te fais peur?

-Non.

-Ok alors si t'as pas peur je t'offre une glace et après je te fous la paix. T'en as déjà mangé?

-Pour qui tu me prends? Et ta psychologie inversée marche pas.

Il esquisse un léger sourire débile creusant un peu ses joues puis réplique:
-T'accepterais même pas pour m'expliquer deux trois trucs sur Nyx?

Je le fixe malgré ma peur que je fais taire. Je lui dis, menaçante:
-Je ne te dirais rien pour lui faire du mal.

Atmos hausse les épaules et répond:
-Je voulais juste savoir ce qu'il a bien pu t'apprendre.

Je réfléchis puis soupire, peut-être que s'ils comprennent Papa, ils lui foutront la paix et me laisseront partir.
Quand on est assis à l'intérieur j'observe toujours cette glacerie, avec des murs décorés de tâches multicolores sur fond blanc et les meubles assortis. Il y a même une aire de jeu pour enfants. À notre table, je jette un coup d'œil à Atmos qui a fini sa glace en trois secondes. Il me regarde continuer de manger, mais j'analyse aussi les passants tous si différents. En ayant marre je tourne la tête. Avant ma dernière cuillère je lance à Atmos:
-J'ai l'air d'une télé?