Arrache-moi le coeur

Prologue / Chapitre 1

Prologue

- Arrête de pleurer, Hannelore !

- Mais Papa, tu ne peux pas me faire ça !

Je le supplie en essayant de lui arracher le pull qu'il tient dans sa main.

- Je suis désolé mais je suis obligé ! Réplique-t-il en tirant plus fort sur le vêtement pour le mettre dans ma valise.

- Ce n'est pas juste, Papa !

Nous sommes dans ma chambre, mon père fait des allers retours entre mon armoire et mon lit où se trouve ma valise grande ouverte.

Il se tourne vers moi et me regarde tristement, il sait au fond de lui que j'ai raison.
Les larmes coulent sur mon visage, mes yeux sont rouges. De la même couleur que le sang qui a failli couler hier soir. Mon sang...

Il baisse les yeux pour ne plus être confronté à ma tristesse, puis repart vers l'armoire afin de reprendre des vêtements qu'il s'empresse d'apporter vers ma valise.

- Je fais ça pour te protéger, tu ne peux pas me le reprocher, toute cette histoire a été trop loin, Hannelore !

- Mais je ne veux pas partir loin d'ici ! Ma vie est ici à Berlin avec toi, avec Papy et Mamie et mes amis

Je fais les cent pas dans ma chambre suivant ceux de mon père, la tête penchée pour le forcer à me regarder. Je me mets plusieurs fois devant lui mais rien ne l'arrête.

- Ma décision est prise, tu pars demain matin, ton avion est à 8h. C'est non négociable !

La sentence est tombée, ses mots me brisent le cœur.

Je suis épuisée, je m'assoie sur mon lit à côté de la valise puis regarde mon père qui me chasse de chez moi pour me protéger. Je me sens impuissante face à mon propre destin.

Mais une chose est sûr, je ne partirais pas sans lui dire au revoir...

Chapitre I (4 ans plus tard)

Lorsque j'entre dans cet endroit sombre, mes yeux s'adaptent difficilement au changement de luminosité, dehors il fait beau et très chaud pour un mois de Mai.

La différence de température est saisissante, l'ambiance est froide et tendue, je ne me sens pas du tout à ma place. Malgré tout, il était hors de question de ne pas assister à cet évènement. Afin de tourner définitivement la page.

Une page que je souhaite même détruire avant de pouvoir commencer un nouveau chapitre de ma vie. La vie que j'ai mise entre parenthèses pendant 4 ans.

Pour l'occasion, j'ai mi une robe noire. Elle me colle tellement à la peau que j'ai l'impression d'étouffer dedans. Elle m'arrive à mi-cuisse et le décolleté est assez ouvert pour laisser entrevoir plus de poitrine que je ne le souhaiterais.

Tout en gardant mes lunettes de soleil sur le nez, car je ne dois pas me faire remarquer, je lance un regard furtif sur l'assemblée déjà présente. Il y a déjà beaucoup de monde, certains d'entre eux doivent être de la famille Wolf mais je ne reconnais personne pour l'instant.

Sans m'attarder, je me mets à la recherche d'un endroit un peu en retrait. En tournant la tête, vers la droite, j'aperçois un banc au dernier rang. C'est parfait.

Je me dirige vers celui-ci, le bruit de mes talons résonne sur le sol de l'église. J'ai l'impression que tous les regards sont braqués sur moi. J'essaie de prendre de longues inspirations pour ralentir les battements de mon cœur un peu trop rapides à mon goût. Puis j'expire avec la même intensité, pour calmer ma nervosité.