Chapitre 2

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J'arrive au deuxième étage, je suis à bout souffle, les émotions, la chaleur, la course à pieds pour rentrer, je suis rouge écarlate.

Je cherche mes clés dans mon petit sac noir qui soit dit en passant, allait parfaitement bien avec ma petite robe noir.

Lorsque je les trouve enfin, la porte s'ouvre. Je lève la tête et trouve Maria, ses yeux marrons sont noirs de fureur, suspicieuse en me voyant habillée comme ça, elle me dévisage puis descend son regard sur ma robe et relève les yeux, un sourcil surélevé en croisant les bras.

Elle m'invite à entrer en se décalant sur le côté.

- Je ne te demande pas où tu étais ?

Je passe la porte sans prendre la peine de répondre. Une fois dans l'entrée, j'enlève mes chaussures, pose mon sac sur le meuble et me dirige vers la cuisine. Mon amie me suit en attendant ma réponse. Mais avant la confrontation, j'ai besoin de me désaltérer. Je prends un verre et fais couler l'eau pour le remplir.

C'est une cuisine moderne, les meubles sont blancs avec un plan de travail en bois. Au milieu se dresse un bar avec de grands tabourets, je m'y installe, pose mon verre face à moi et constate que Maria est devant moi sur un autre tabouret, les bras toujours croisés avec un regard accusateur.

J'inspire un grand coup puis expire lentement afin de laisser échapper cette tension encore présente à l'intérieur de mon corps. Je me penche en avant, les deux coudes sur le bar, le bout de mes doigts sur mes tempes que je commence à masser légèrement, les yeux fermés.

Ma main remonte sur mon front jusqu'à la racine de mes cheveux pour en faire glisser la perruque noire qui m'a accompagné aujourd'hui, laissant apparaître mes cheveux bruns plaqués.

Je pose la perruque, prends le verre et bois d'une seule traite, l'eau qui descend dans ma gorge m'apporte enfin la fraicheur que je cherchais. Je repose le verre, la regarde car elle n'a toujours pas bougé, donc je réponds :

- Non, ne me demande pas...
- Putain Hanne ! Tu avais promis de ne pas te mettre en danger !
- Oui je sais, mais je devais y aller !
- Et donc ? Qu'est-ce que ça t'a apporté ? dit-elle en levant ses sourcils
- Du soulagement, il est vraiment mort, dis-je sur un ton ironique avec un grand sourire

Elle me rend mon sourire mais toujours avec son air inquiet.
Elle connaît tous les moindres détails de mon histoire, les plus sombres mais les plus beaux aussi.
Je reprends mon verre d'eau et me relève pour m'en resservir un.

- Est-ce quelqu'un t'a reconnu ? me demande-t-elle
- Non je ne pense pas, je me suis fait très discrète, dis-je sans me retourner, me remémorant la scène avec Ezra.
- Oh non Hanne ! Pas à moi s'il te plaît !
- Je vais bien Maria, j'ai fait attention ! Dis-je en me retournant et en allant me rassoir face à elle
- Et ?
- Et bien à part Ezra, personne ne m'a regardé !
- Putain Hanne !! dit-elle en posant sa main sur son front.

Un claquement de porte surgit,

- Amouurrr !!!

Ouf sauvée ! C'est le petit copain de Maria qui rentre du boulot.
En continuant de me fixer, elle répond « Je suis dans la cuisine ! ». Je sens la tension dans sa voix.

Je suis consciente du danger que représentait ma présence à son enterrement, mais j'avais tout prévu, mon installation au fond de l'église, ma tenue, ma perruque, mes lentilles.
Même si j'avoue que le regard d'Ezra sur moi, m'a un peu déstabilisé.

Joe entre dans la cuisine puis se dirige vers Maria pour l'embrasser, je les trouve tellement mignons tous les deux, ils se sont rencontrés au Lycée et ne se sont plus jamais quittés.

- Salut Hannelore ! Dit-il son regard encore posé sur Maria
- Salut Joe, réponds-je me levant du tabouret emportant ma perruque pour aller prendre une douche.
- On terminera notre discussion plus tard, Hanne ! s'exclame Maria

Je suis déjà sur le pas de la porte de la cuisine en secouant ma perruque en l'air quand je lui réponds :
- J'ai hâte !

- Est-ce que j'ai envie de savoir ? demande Joe à Maria

Je n'entends pas la réponse de Maria car je suis arrivée dans la salle de bain, je commence à faire couler l'eau.

Je retire mes lentilles marron pour laisser apparaître mes yeux verts dans le miroir. Je souffle un bon coup. Cette douche va me faire beaucoup de bien.

Arrache-moi le coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant