Acte 1 - scène 4

2 0 0
                                    

Dernière soirée...

Ce soir, les esprits sont parmi nous, j'en suis sûr.

Ils arpentent la terre des mortels à l'abri des regards, ombres parmi les ombres. Un voile paisible se dépose sur la cime des arbres. Cette brume légère joue avec les rayons tentant d'éclairer les esprits curieux venus sur Terre. Ces géants sans feuillages veillent avec complicité. Des odeurs boisées chatouillent mes narines. Une flagrance plus timide, plus éloigné, se cache parmi elles. Celle de l'iode et du sel marin. L'habitacle est silencieux. J'entends même les caresses du ressac sauvage. La côte n'est pas loin. Entre les rochers, à l'abri des regards, se trouve un rivage accueillant. C'est là que je veux l'amener avant de rentrer. Lui faire découvrir le soleil couchant sur la plage de mon enfance.

Margot allume la radio et à la suite de quelques grésillements, des voix s'élèvent. Et elle ne peut s'empêcher de fredonner les paroles. Ses joues s'aplatissent doucement, ses lèvres remuent vivement, sa tête se balance au rythme des acoustiques et elle se laisse porter par ce chant. Cela me fait sourire. Sa voix enjôleuse s'élève. J'aime entendre sa voix. Sa merveilleuse voix.

Je revois ma mère esquisser les mêmes mouvements, chanter sur les mêmes paroles de The show must go on alors que la radio diffuse la chanson. Cette même chanson qu'interprète Margot à mes côtés. Je tourne mon regard vers la vitre. Une brume épaisse nous entoure. Les arbres sont sans parures. La lumière se créait son propre chemin parmi ces obstacles. Il fait chaud malgré les vitres ouvertes. J'entends les vagues se jetant contre les rochers.

« Marin, devine ce que je vois... »

Je me tourne vers cette voix élancée. Elle appartient à une fillette blonde assise sur son siège auto. Ses cheveux sont tressés et ces yeux azurés parsemé de nuages argentés me regardent avec interrogation.

« Marin ?

Je cligne des yeux face à la route qui s'étend devant moi. Je lance un coup d'œil furtif à ma droite. C'est Margot qui me regarde en attendant une réponse.

— Oui ?

— Ca va ? T'avais l'air ailleurs...

— Tout va bien, je me suis laissé entraîner dans mes pensées », la rassurais-je.

Je m'arrête sur le parking. Nous sommes arrivés. Je l'entraîne vers le chemin serpentant dans la forêt. Peu de temps après, on l'atteint, cette plage sauvagement protégée. Son regard s'illumine, se perd sur l'océan silencieux, se pose sur le soleil couchant. Elle quitte ses chaussures et se précipite, comme une enfant, à l'eau.

« Elle est troop bonne ! s'exclame-t-elle en revenant immédiatement vers moi.

J'te crois pas, je lui réponds avec méfiance.

Alleeeeez, viens jouer avec moi, s'il te plaiiiiiiiit, me supplie Maëlle en me regardant avec un air battu.

Bon...

Ouaiiiiiis ! » crie-t-elle sans me laisser finir.

Je la suis jusqu'au bord de l'eau et trempe les pieds. Elle se retourne, revient vers moi, le bas de son short déjà humide. Je l'attends, mes orteils se rétractant sous les attaques régulières de la marée. Bientôt, on est nez à nez. Son regard est ancré au mien. Silencieux, nous profitons de la magie de l'instant. Elle se rapproche et je l'enlace contre mon torse. Ses bras entourent mon cou et se perdent dans ma tignasse. Je sens son souffle apaisant effleurer ma nuque et j'en frémis. Son parfum m'enveloppe.

« Merci », murmure-t-elle dans mes bras.

Doucement, elle se décolle de moi. Je la retiens par les hanches. Je me plonge dans ces bûches brûlantes et aperçoit le bleu de sa flamme intérieure. Son regard m'hypnotise une nouvelle fois. Jamais je m'en lasse. Main dans la main, nous retournâmes jusqu'à nos affaires abandonnées sur le sable doré.

Au fil des saisonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant