Du temps, il m'a fallu du temps pour accepter ta perte, toi qui n'étais rien mais pourtant si important.
Le silence, je l'ai gardé pendant tout ce temps, mais il est temps que j'en parle.
Le pire sentiment qu'une femme puisse vivre, c'est celui de la perte d'un enfant. Tu n'étais même pas formé et pourtant dans mon cœur, c'est comme si tu avais existé.
J'ai appris que j'étais enceinte de toi deux semaines après ma rupture avec celui qui aurait dû être ton père. Je ne t'aurais pas gardé, j'étais si jeune, ma vie était tout sauf stable, ça aurait été une mauvaise idée...
Mais pourtant, aujourd'hui, je rêve de la vie que j'aurais eue avec toi. Mais ce n'est pas ça, la vie. Tu n'aurais pas connu ton père ou alors très peu. Ça aurait été compliqué...
Mais rien ne s'est passé comme prévu. J'avais peur, je ne savais pas à qui parler. J'avais peur d'être jugée, reniée. Je ne pouvais pas en parler à ma mère, ni à mes amis, j'étais seule. Tout le monde pensait que j'étais triste à cause de ma rupture, mais en réalité, j'étais triste à cause de la décision que j'allais devoir prendre. Un soir, dans la panique, j'ai avalé cette plaquette de Surgam déconseillée pour les femmes enceintes. Je me suis dit que comme ça, je ne devrais pas aller à l'hôpital. Et le lendemain, je t'ai perdu. Coïncidence ou pas, sur le coup, je m'en suis voulue. Je t'avais tué. J'étais détruite, je m'en voulais, je me dégoûtais. Alors qu'au fond de moi, je savais que quoi qu'il arrive, je n'aurais pas pu te garder.
Après, j'ai appris que ça ne pouvait pas te tuer, que c'était arrivé parce que ça devait arriver. Malgré tout, je n'arrivais pas à oublier cette culpabilité qui me collait à la peau.
Après ta perte, je n'ai pas pu regarder ou même tenir un enfant sans en souffrir. Un seul de mes amis a compris, les autres ont essayé. L'été qui a suivi a été horrible, je n'arrivais plus à regarder un bébé sans me sentir mal.
Une de mes cousines a eu un bébé cette année-là. Juste pour affronter la chose et avancer, je me suis forcée à le prendre dans mes bras. Ça a été horrible et en même temps si libérateur. Mon cœur s'est détruit, mais ça m'a permis d'avancer.
Malgré tout, encore aujourd'hui, quand je regarde un enfant d'environ 2-3 ans, je ne peux m'empêcher ce pincement au cœur. Je t'imagine souvent, mais je me dis que tu es bien mieux là-haut. Mon petit ange...
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Une vie...
Short StoryVous allez plonger dans ma tête, ma tête pleine de questions et de problèmes sans réponse. Dans ce journal les texte s'enchaine sans suite logique .Je vous partage des moment de ma vie, mes angoisses, mes erreurs et mes doutes plus que present. Ceci...