3- Une visite inattendue

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Chapitre 3

Une visite inattendue

      L'oncle Vernon avait fini par obéir et le trajet vers la demeure des Dursley s'était déroulé sans encombre, dans un silence pesant, troublé uniquement par les reniflements de la tante Pétunia et les halètements de Dudley qui peinait sous sa charge. Lorsqu'ils furent arrivés à la maison, ce dernier déposa sa mère sur le canapé du salon et s'effondra lui-même dans un fauteuil.

      Harry se rendit subitement compte qu'il était très fatigué. Il avait envie de dormir, mais ce n'était absolument pas le moment de se reposer. Même s'il se sentait faible et nauséeux, il devait s'occuper de sa tante, dont l'état ne semblait pas s'améliorer, ainsi que de Dudley. Il voyait bien que son cousin, même s'il s'efforçait de ne pas le montrer, était lui aussi au bord de l'évanouissement. Il décida d'ignorer son oncle, dont le teint recommençait à virer au cramoisi – ce qui était toujours chez lui le signe d'une explosion de colère imminente – et se dirigea sans un mot vers la cuisine.

      Il commença à fouiller les placards, mais malheureusement, ceux-ci avaient été expurgés de presque toutes les gourmandises qu'ils contenaient en raison du régime hypocalorique et hyper-protéiné auquel était soumis Dudley, et par conséquent toute la famille. Harry avait lui-même terminé quelques jours auparavant les dernières provisions qui lui restaient du voyage dans le Poudlard Express. Il finit par découvrir une cachette tout en haut de la hotte de la gazinière et y trouva un paquet de vieux cookies au chocolat presque vide. Dans l'immédiat, cela devrait faire l'affaire.

      — Mange ça, dit-il à son cousin lorsqu'il revint dans le salon.

      — Je n'ai pas le droit... mon régime, essaya de protester Dudley.

      — Mange, l'encouragea le jeune sorcier avec un faible sourire. Je t'assure que tu te sentiras mieux après.

      Dudley se jeta alors sur le paquet de gâteaux et dévora en quelques secondes trois cookies secs dont les miettes tombèrent au sol. Le manque de réaction de la tante Pétunia face à l'outrage que subissait son beau tapis persan immaculé n'était pas bon signe. Elle avait arrêté de pleurer, mais conservait un air absent et des yeux vitreux. Harry essaya plusieurs fois de la faire manger, mais elle le repoussait avec des gestes frénétiques. Soudain, elle plongea son regard dans le sien, l'attrapa par le col de son sweat-shirt et l'apostropha d'une voix larmoyante :

      — Pardon, pardon, j'avais promis, j'avais promis, mais je... je...

      Harry, interloqué, conclut de ces étranges paroles que sa tante ne le reconnaissait toujours pas et il s'en inquiéta beaucoup. Il n'avait jamais vu quelqu'un réagir aussi violemment à l'attaque d'un Détraqueur. Pétunia Dursley ne semblait pas uniquement désespérée et fatiguée comme l'était son fils. On aurait plutôt dit qu'elle frisait la perte totale de raison.

      Il finit par s'asseoir sur le tapis, épuisé, et se mit à grignoter à son tour de petits bouts de biscuits au chocolat. Malgré leur aspect rassis et leur goût un peu rance, il se sentit mieux au fur et à mesure qu'il les mangeait. Il observa un moment le manège de son oncle, qui ne savait manifestement pas quel comportement adopter et qui alternait entre crier, faire les cent pas, saisir Harry par le col avec un air profondément dégoûté, et aller s'agenouiller au chevet de sa femme.

      Harry commençait à retrouver ses esprits. Prenant la mesure de ce qu'il venait de se passer, il commença à réfléchir à la suite. Des Détraqueurs les avaient attaqués, en plein monde moldu, lui et le peu de famille qu'il lui restait. Cela signifiait que le pouvoir de Voldemort était déjà bien plus étendu que ce qu'il pensait. S'il n'avait pas hésité à envoyer des Détraqueurs en pleine banlieue résidentielle, cela signifiait que Harry ne serait à l'abri nulle part tant qu'il n'aurait pas regagné Poudlard.

Harry Potter et L'Ensorceleur d'étoile (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant