2- Un souvenir heureux?

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Chapitre 2

Un souvenir heureux ?

      — Ca y est, pensa Harry, c'est le moment. Ils sont là pour moi. Ils sont venus me chercher...

      Une petite voix au fond de lui ne put s'empêcher de lui murmurer, comme soulagée :

      — Enfin !

      Les trois créatures encapuchonnées étaient cachées par de longues et amples capes noires, mais Harry connaissait l'état de pourriture avancée que celles-ci dissimulaient. Il n'ignorait rien de leurs corps décharnés, des cloques putréfiées qui recouvraient leur peau, de l'odeur de mort qu'elles dégageaient, du froid que leur présence répandait. Le cœur de Harry se serra et une boule d'angoisse lui empoigna la gorge. Il ne pouvait faire le moindre mouvement. Au moins son immobilité, en attirant les Détraqueurs sur lui, aurait le mérite de les éloigner des Dursley. Il était clair que, de toute façon, c'était après lui qu'ils en avaient. Dans quelques instants, ils dépasseraient les trois Moldus, sortiraient du tunnel et s'avanceraient vers lui pour l'encercler. Il fallait qu'il fasse quelque chose, qu'il bouge, qu'il essaie de fuir, d'appeler à l'aide ou encore mieux, de se défendre. Après tout, il savait très bien réaliser le sortilège du Patronus... mais tout son corps était devenu si glacé ! Remuer semblait si difficile !

      Il commençait à ressentir les effets néfastes de la proximité de ces créatures monstrueuses. L'idée même de bonheur lui sembla plus étrangère que jamais, alors que les souvenirs les plus malheureux de sa vie s'imposaient à lui avec une férocité bien trop impérieuse pour qu'il pût y résister. Une voix familière se faisait déjà entendre faiblement, en arrière-plan, comme un écho très lointain :

      Lily, prends Harry ! Prends Harry et sauve-toi ! Je vais le retenir...

      Harry ne se rendit même pas compte que sa prise se faisait moins ferme sur sa baguette alors que la lumière autour de lui continuait de faiblir. Il ferma les yeux, écoutant avec un mélange de détresse et de fascination les dernières paroles de son père, la toute première personne qui était morte pour le protéger... Il ne fut rappelé à la réalité que par la voix de l'oncle Vernon qui, apparemment, l'avait enfin repéré :

      Mon garçon ! hurlait-il. Que fais-tu ici ? Pourquoi as-tu sorti cette... cette chose ? Range-moi ça tout de suite !

      Luttant de toutes ses forces contre le flot de souvenirs qui l'assaillaient, Harry fixa son attention sur les Dursley. Ils avaient presque atteint la sortie du tunnel, suivis par les Détraqueurs et, malgré l'obscurité, le jeune sorcier parvint à distinguer la scène. Il en resta interdit.

      Les Détraqueurs, au lieu de se diriger vers lui comme Harry l'avait pensé, restaient volontairement au niveau des Moldus. Ils semblaient s'être répartis les membres de la famille, et chacune des trois créatures tournait autour de l'un des Dursley, à l'affût, comme un rapace guettant sa proie. Si l'oncle Vernon ne semblait absolument pas affecté par la présence des monstres invisibles, et continuait à vociférer contre Harry, Dudley semblait légèrement indisposé. Il transpirait et tremblait doucement, comme s'il couvait une mauvaise grippe.

      Le visage de la tante Pétunia, en revanche, ne ressemblait plus en rien à celui de la femme froide et rigide que Harry avait toujours connue. Tout son être semblait s'être littéralement décomposé, et une horreur absolue se dessinait à présent sur ses traits. Elle avait passé ses mains dans ses cheveux et tirait dessus sans ménagement, laissant pendre sur ses joues des mèches de son chignon décoiffé. Ses genoux tremblaient dangereusement et sa respiration était chaotique et précipitée, comme si elle manquait d'air. Soudain, elle s'effondra au sol, son cri déchirant perçant la nuit, et se mit à pleurer.

Harry Potter et L'Ensorceleur d'étoile (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant