Le Poids des Silences

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Ice

Deux semaines que mon frère Pax à passé le cuir à sa belle Charlotte et qu'elle a annoncé sa grossesse. Je suis heureux pour eux, ils le méritent plus que n'importe qui après ce qu'ils ont déjà traversé, mais les voir ensemble me ramène à Adriana et l'hypothèse d'un éventuel mioche dans son ventre quelque part au Mexique, me laissant dans l'ignorance.

Je ne peux pas dire ce que je souhaite au fond, si j'espère la voir débarquer le bide déjà arrondi ou bien le bide vide, pas d'elle ni moi, pas de mélange de nous deux en elle, et rien que d'y penser mon ventre se tord. Je n'ai jamais voulu de gosse alors pourquoi l'idée que cette nana d'une nuit ne porte pas mon enfant m'atteint autant. Putain de foutue sirène !

Je dois retrouver Shadow, mon frère et mon près par intérim, notre père a décidé de se tenir un peu à l'écart quelque temps pour se remettre tranquillement de sa blessure lors de l'enlèvement de Cha'. On trouve le comportement de nos parents bien trop suspects, mon père qui passait son temps au club, ne vient presque plus et les seules fois où il est présent, ma mère l'est aussi, chose encore plus inhabituelle. Du coup, comme si les rôles étaient inversés, nous avons convoqué nos vieux.

Au bar, mon frère n'est toujours pas là, contrairement à Pax... On discute un moment tous les deux, il est apaisé ça se voit, je crois que je l'ai jamais vu parler et sourire autant que depuis que sa sorcière est là. Quand mon frère arrive, il s'installe avec nous, nos parents le suivent de près et nous prenons ensuite la direction du bureau du près.

Shadow indique le siège de président à mon père qui le refuse, on se regarde interloquer avec mon frère quand notre paternel s'assoit aux côtés de ma mère.

- Tu m'expliques ? Lui demande Shadow.

- Écoute fils, je ne reviendrai pas.

- Quoi ? Comment ça ? Le coupais-je.

- Écoutez les garçons nous dit mon père. Je vais rester membre, mais je ne reprendrais pas le marteau. J'y ai beaucoup réfléchi ces dernières semaines.

- Arrête ton putain de baratin, Pa' le club, c'est ta vie, tu préférais crever que d'y renoncer. Lui dis-je

- Ice, tu parles correctement à ton père. Me dit ma mère.

- Non stop, c'est terminé, vous nous cacher des choses depuis des semaines, on attend que vous nous en parliez à chaque fois, maintenant stop parce que je vais finir barge. Qu'est-ce qu'il vous arrive ? Toi, tu es jamais aussi venu et toi, tu n'as jamais été aussi absent.

- Je suis malade Ice. C'est pour ça que ton père est tout le temps avec moi.

Le choc est rude, ma mère est malade et je n'ai rien vu. Elle a coupé ses cheveux, mais comme de nombreuses femmes, cette coupe garçonne lui va d'ailleurs à merveille. Et à présent que je le sais, je fais attention à tout. Ces sourcils qu'elle dessine au maquillage, sa peau plus pâle que d'habitude, ce poids qu'elle a perdu en nous disant que c'est tout le stress de ses dernières semaines qui l'ont causé.

- Malade comment ? Tu vas guérir Man' ? Lui dis-je.

- C'est un cancer métastatique de stade 4 les enfants. Je peux avoir des traitements, mais je ne guérirais pas.

Je regarde Shadow, comme moi, il tombe de haut. Notre mère, c'est toute notre vie, qu'est-ce qu'on va devenir sans elle ? elle pleure, en fait tous les trois pleurent, je touche mes joues pour voir. Rien. Je n'ai jamais vu ma mère pleurer, c'est la femme la plus forte que je n'ai jamais connu, et que dire de mon père qui a cet instant ne nous cache rien de l'homme brisé qu'il est ? Je l'admire pour sa force et son courage. Ils me regardent tous, pas de réaction. Je me sens vide, ma vie est une accumulation de merde depuis quelques semaines et ça, c'est le coup de trop.

- Je suis désolé leur dis-je et je pars.

Je les entends m'appeler sauf ma mère qui leur demande de me laisser du temps. J'arrive au bar, tout le monde me regarde, je n'ai sûrement jamais eu cette tête, je suis le blagueur de la bande, toujours à rire de tout et de tout le monde, aujourd'hui je n'en ai pas la force. Tous comprennent que l'heure est grave. Je ne peux pas les affronter, je dois partir.

Une merde n'arrivant jamais seule mes pas se stoppent à hauteur de ma bécane quand je reconnais la petite brune qui s'approche, ma petite sirène, elle est magnifique, comme dans mes souvenirs. Mon cœur et mon corps la réclame, je l'observe de loin. Rien à changer. D'un signe de tête, je lui dis bonjour alors qu'elle arrive à ma hauteur et je démarre. Je me casse, je n'aurai pas la force de lutter, et craquer est bien là dernière chose dont j'ai besoin. J'ai déjà trop de choses dans la tête pour y ajouter ses yeux envoûtants, son corps à se damner et son rire qui raisonne encore à mes oreilles comme une putain de mélodie enchanteresse. Putain de bonnes femmes !

Je roule sans aucun but, puis en revenant sur Bolingbrook, j'entre dans un bar. Je ne suis jamais venu ici, la déco n'est pas trop mal, la musique est un peu merdique, mais pour me saouler ça fera l'affaire. Je porte mon cuir, les gens l'observent avec respect pour certain et avec dédain pour d'autre, qu'ils fassent tant qu'ils ne viennent pas chercher la merde, ça me va.

Ça doit bien faire trois heures que je suis là, je sais plus à vrai dire, je suis bien bourré, mais toujours en état et mes pensées ne se sont pas fait la malle. Une jolie blonde s'approche, tiens, toi peut-être que tu me feras oublier.

- Tu me suis beauté ? Lui dis-je.

Ouais, je sais, technique d'approche assez direct et pourri, mais les violons, c'est pas mon truc, je propose, elle accepte et me suis, elle refuse pas de problème, j'en trouve une autre, ce n'est pas ce qui manque et d'instinct mes pensées s'orientent vers une brune aux yeux aussi bizarres qu'uniques.

- Avec plaisir mon beau.

Vivement que je la fasse taire sa voix m'insupporte. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est au club que je la ramène. En temps normal, je me serais contenté de la ruelle derrière, mais là, j'ai besoin de me prouver à moi-même que le retour de la petite sirène ne m'atteint pas, et surtout de me le prouver à moi-même. Elle sera sûrement plus là, et tant mieux c'est ce que je souhaite. Mais ma famille et moi saurons qu'elle n'est rien de plus que l'histoire d'une nuit.
Mon cœur se serre à cette pensée, ouais essaie toujours de te convaincre mon vieux, me dit-il.

La fille, Lydia, Livia ou je ne sais pas trop comment elle s'appelle me suit avec sa bagnole, je ne suis pas bourré au point de la faire grimper derrière moi, place sacrée. À peine arrivé qu'elle me saute dessus à même la cour. Bon finalement, je vais peut-être réussir à oublié pour cette nuit.
Quand on entre dans le bar, la miss à ma suite, le silence se fait et quand je balaie la foule du regard et tombe sur deux billes bicolores, je comprends soudain. Elle est là, elle a attendu. Je vais jouer le con jusqu'au bout, je tire mon coup d'un soir par le coupeet commence à me diriger vers les chambres quand une voix envoûtante et qui a hanter chacune de mes nuits depuis quatre mois retentit.

Hell's Snakes MC #3 :  Ice & Adriana Où les histoires vivent. Découvrez maintenant