Pour que ton âme soit en paix

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CUT

J'ai passé plus de vingt ans rongé par la haine et la colère, elles faisaient partie de moi, m'accompagnant chaque jour, guidant chacun de mes pas. J'ai passé quasiment la moitié de ma vie enfermé dans l'enfer de leur absence, un jour j'avais tout, et le lendemain je n'avais plus rien. Ma femme, l'amour de ma vie était morte, ma fille, ma petite princesse s'envolait à l'autre bout du monde avec mon frère, je cédait le marteau à Death. J'étais un mari, un père, un président et d'un coup, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Malia était le centre de tout mon monde, elle était l'essence même de tout ce que je faisais, tout ce dont je rêvais. Nous avions des projets plein la tête, pour notre famille, pour le club. J'aurais préféré crever ce jour-là, prendre sa place, ça aurait dû être moi après tout. J'ai jamais vraiment remonté la pente, la soif de vengeance et de sang s'est emparée de moi, devenant ma plus fidèle compagne de route. Apprendre que j'avais un frère, qu'il était celui qui a ôter la vie de ma femme, qui s'en est pris à elle a fini de m'anéantir. J'ai loupé des années de vie auprès de ma fille, puis, quand je l'ai retrouvé j'ai vu en elle sa mère, je n'ai pas su, je n'ai pas pu ne voir qu'elle. C'était trop, trop de souvenirs, trop de douleurs jetées en pleine gueule, je n'ai pas su faire face, je me suis laissé couler, abandonnant une nouvelle fois ma petite fille devenue femme. Je n'ai pas su être ce père qu'elle méritait tant, celui dont elle aurait aimé recevoir amour et réconfort, celui dont elle aurait seulement aimé la présence. Je n'ai pas su être assez fort, même pour elle. J'aurai aimé, vraiment, mais il est de ses douleurs que l'ont ne contrôle pas et qui au contraire contrôle toute votre vie, présente et future. J'ai dû m'éloigner, brisé le cœur d'Ava une fois encore, briser le mien par la même occasion, laisser aux bon soins de mes frères Eden, mon petit-fils. J'avais besoin de prendre le large, de faire le deuil, l'ai-je fait ? Je n'en suis pas si sûr, le ferait-je un jour ? Peut-être. J'ose espérer aujourd'hui, chose que je n'aurai pas pu faire il y a quelques mois et ça, c'est grâce à elle, Ely. Ce petit bout de femme qui a  débarquer dans un bar, un soir ou je voyais ma peine, elle m'a accompagné, m'a écouté et n'est jamais plus repartie. Elle sait qu'elle ne remplacera jamais Malia, que je ne l'aimerais jamais autant, que mon cœur lui appartient jusqu'à ma mort et elle m'accepte comme ça, parfois, je me sens mal de ne pas pouvoir lui offrir ce qu'elle mérite, lui offrir plus, j'ai même eu envie de lui dire de partir, j'ai pensé le faire aussi, pour qu'elle soit libre d'aimer et d'être aimé en retour, elle refuse, elle est têtu ma petite Ely. L'emmener ici a été une décision dure à prendre, j'ai longuement hésité puis j'ai surtout réalisé que je n'en avais pas le temps, mon club avait besoin de moi, je devais aider Death, il venait de perdre Tess, tout comme moi, on lui avait arraché sa femme, je me devais d'être present, de l'épauler, d'essayer de lui rendre ce qu'il m'a offert des années durant. Ce qui me lie à lui, c'est bien plus fort que les liens du sang, c'est un lien invisible, indéfectible, il est mon âme sœur amicale, je n'aurais jamais traverser le temps sans sa présence. Je lui dois tellement plus que je ne saurais lui rendre. Une fois encore, toute cette douleur ne provient que d'une seule et même personne, une personne qui s'est donné pour but de venger la mort de sa mère, de ruiner l'existence de personnes qui n'avait jamais entendu parler de lui, le coupable de sa peine n'étant plus, il s'est mis en tête de me faire payer pour mon bâtard de père, que je détestait moi-même. Cette personne n'est autre que mon frère, mon putain de frère, ou ce que j'appellerais aujourd'hui, un résidu de fond de capote qui va crever. Il est là, assis face à moi, son regard haineux, déterminé et fier braqué sur moi, je suis sur que ce fils de pute pourrais presque en bander. J'ai l'impression de l'observer en silence depuis une éternité, assez pour permettre à mon cerveau de se rappeler tout ce qu'il nous a fait subir, tout ce qu'il nous a pris, je reste là, les bras balands, incapable d'amorcer le premier geste, le premier coup qui se promet d'être libérateur. Suis-je prêt à le crever ? Suis-je prêt à laisser mourir avec lui tout ces sentiments qui m'habitent depuis si longtemps ? Je crois que je flippe, j'ai peur qu'à la fin, je ne ressente plus rien, qu'il me prenne ma haine, ma colère, qu'il les enterrent avec lui, alors qu'elles font chaque jour ce que je suis, qu'elles m'ont permis de survivre.

- Alors grand frère, tu bandes de m'avoir enfin, après tout ce temps ? Après tout ce que je vous ai fait et surtout tout ce que je lui ai fait a elle ?

- Ferme ta gueule espèce de fils de pute. Hurlais-je

- J'ai pourtant bien l'impression que ta femme est devenue justement ma pute dès l'instant où je l'ai baisée et qu'elle me suppliait, tout ça devant ta petite fille chéri.

Je lève mon arme, et tire, une balle dans la tête. C'est fini, il est mort. De mon poing, je tape le mur de béton du sous-sol de la grange, c'est pas ce que j'avais prévu, je sais pas vraiment non plus ce que j'avais prévu d'ailleurs. Mes pensées sont brouillées, hantées, son corps inerte, tout ce sang qui ce dégage de ma femme. J'aurai aimé qu'il souffre , qu'il paie, qu'il me supplie de le tuer, mais c'était trop, le laisser continuer aurait été comme le laisser la tuer une deuxième fois, je ne pouvais pas. J'ai besoin de ma fille, besoin de ses bras, besoin qu'elle sache. Quand j'arrive au bar où elle nous attends je m'effondre littéralement dans ses bras, je pleure ma femme, elle pleure sa mère à son tour, je pense même que nous pleurons toutes ces années qu'il nous a pris.

- Il est mort, ta mère peut enfin reposer en paix. Lui dis-je après quelques minutes dans ses bras.

- Merci.

- Je suis désolée ma fille, tellement désolée, même si je n'ai jamais su te le montrer sache que je n'ai jamais cessé de t'aimer et que ta mère t'aimait plus que tout, elle serait extrêmement fière de la femme que tu es devenue.

- Je t'aime aussi, Papa.

Je la serre dans mes bras, je sais que je ne pourrais jamais rattraper le temps perdu mais je sais surtout qu'il me reste toute une vie pour me rattraper et être enfin, le père qu'elle mérite.

Hell's Snakes MC #3 :  Ice & Adriana Où les histoires vivent. Découvrez maintenant