Une multidute d'émotions

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Adriana

Je me retrouve au bar, un café à la main, j'en ai bien besoin après notre petite réunion et mes révélations. Je ne me suis jamais sentie aussi épuisée que ces dernières 24h.
J'avais en tête qu'après avoir tué mon frère, mes démons seraient derrière moi, que mes enfants et Tessa seraient vengés, que mon âme serait apaisée. Finalement, il n'en est rien, je ne me sens pas forcément mieux, le contre coup de tout ça m'assaille. J'ai tué mon frère, c'est un fait, quelque chose que j'attendais depuis de long mois, si je pensais que ça me suffirait, je me suis fortement trompée. Je me sens mal, je me demande ce qu'auraient pensé mes parents, j'ai tué mon sang. Aussi pourrit soit-il, il était mon frère, je ne regrette pas, mais je ne me sens pas mieux pour autant. Comment vivre avec le fait d'avoir ôter la vie à celui qui aurait dû être tout ? Sans que je le veuille réellement mon cerveau me remémore tout ces moments qu'on a passés ensemble avant de perdre nos parents.
Jusqu'alors, nous étions une fratrie aimante et soudée, là où l'un était les autres n'étaient jamais loin. C'était nous contre le reste du monde, on se couvait, c'est comme ça que nos parents nous ont éduqués, dans l'amour, la tendresse et même la solidarité. Je ne saurais dire le nombre de fois où nous nous sommes couverts, étant la seule fille, j'étais la petite protégée. Angel est l'aîné, il me couvait ou que je sois, peu importe si j'étais responsable de telle ou telle situation, il prenait à cœur de me défendre. On s'aimait, mon cœur saigne à l'idée de ce que j'ai fait, de ce que nous sommes devenus, nous, pourtant si unis et si proches, sommes devenus à la limite des étrangers. Quand mes parents sont morts, Angel comme nous tous, a perdu ses repères, ses piliers. Je n'ai pas perdu que mes parents ce jour-là, j'ai perdu mon frère. J'ai dû faire le deuil de cette famille que l'on était, de tout ce qu'ils représentaient pour moi, pour nous. Je n'arriverai jamais à comprendre ce revirement de situation, ni tout ce que mon frère s'est mis dans la tête, le pourquoi du comment il rend mon oncle responsable de leur mort, ni pourquoi il s'est venger sur moi. Je ne comprendrais jamais celui qu'il est devenu. Peut-être aurais-je dû essayer de le changer, de nous le ramener, mais à quel prix ? J'ai déjà payé si fort, le pire dans tout ça ? C'est qu'Angel fut un temps où il aurait été le plus merveilleux des oncles pour mes enfants. J'aurais tellement aimé qu'il le soit. Je pleure, sans savoir pourquoi, j'ai pendant des années chercher à me libérer de ses chaînes, pourtant aujourd'hui je ne peux retenir mes larmes de couler. Je crois que je le pleure, je pleure ce que j'ai fait, ce que nous aurions pu être, je pleure ce frère que j'ai tant aimé. L'amour n'excuse pas tout, il ne nous permet pas de tout pardonner, Dieu sait combien encore aujourd'hui j'aime mon frère autant que je le déteste. Je l'aime pour ce qu'il a été, pour tout ces moments de bonheur que l'ont à partager, pour tout ces moments où il était le véritable lui, je le déteste pour ce qu'il m'a fait, pour ce qu'il est devenu et pour ce qu'il m'a obliger de commettre. Et enfin, je pleure sa délivrance. Je l'ai lu dans ses yeux avant de lui ôter la vie, le regret, l'amour, le pardon, la fierté, la résignation, l'abandon... J'ai lu avec certitude tout ce qu'il n'aura jamais su me dire. Il m'attendait, le poids de tout ce qui l'a fait l'accablais. Après toutes ces révélations, j'ai baissé mon arme, je n'étais plus prête à faire ça, je l'ai détaché, il a relevé la main, collé le canon à son front et cette dernière phrase qu'il a prononcé restera a jamais gravée dans la mémoire. Elle m'a prouvé que mon frère était encore là, quelque part, enfoui sous cette tonne de douleur.

" Princesa, regarde moi. Fait le je t'en supplie Princesa. Je ne supporte plus celui que je suis devenu, le poids des remords est trop lourd, j'espère que tu pourras un jour me pardonner, je te demande pardon. Délivre moi, Princesa, délivre toi. Tire. ''

Je l'ai regardé une dernière fois, j'ai vu ses larmes coulées, les miennes ont suivi et j'ai tiré. J'ai un temps hésité à ne pas sortir, puis j'ai pensé à mes frères, à mon oncle, et surtout à lui, Ice. Il a été ma lumière dans ce tunnel menant droit en enfer, si j'en suis ressorti, c'est grâce à lui. Je n'ai pu qu'ironiser en les retrouvant la, me pleurant, c'était trop. Trop d'émotions, trop d'un coup, je voulais taire et garder pour moi ces derniers instants avec mon frère, qu'ils m'appartiennent, que personne ne me juge pour lui avoir pardonner en lui offrant la mort.

J'embrasse tendrement Ice avant de me diriger vers l'escalier pour prendre une douche, a peine ai-je franchi le premier étage qu'une douleur m'assaille, je me pli en deux et j'essaie tant bien que mal de retenir un cri de douleur. Je sais que quelque chose ne va pas, j'ai du mal retomber en sortant de la maison, je vais prendre ma douche et j'irai voir Ava. Je monte encore deux trois marches avant que la douleur ne me reprenne mais cette fois, sans que je ne puisse retenir mon hurlement. J'ai dû réveiller tout les morts du quartier tellement il était puissant.

- Adriana ? Tu vas te tenir à moi, je vais t'accompagner au cabinet. Me dit soudainement la voix d'Ava . Mon Dieu je pourrais bénir cette femme d'être toujours là quand on a besoin d'elle.

- Passe par derrière, je ne veux pas inquiéter Ice.

- Adri... Commence-t-elle

- Non, Ava, c'est pas négociable, il s'inquiète pour un rien, j'ai juste pris un mauvais coup, je veux bien que tu m'ausculte pour le rassurer mais il sera prévenu quand t'auras fini j'ai pas besoin qu'il me stress pour un petit bobo.

Elle acquiesce malgré qu'elle n'ait pas l'air réellement ravie. La douleur me reprend bien rapidement, je mord mon bras pour ne pas crier, et je semble avoir serrer Ava très fort car elle sert les dents tout en me faisant un sourire crispé.
Au bout d'un moment interminable on arrive au cabinet, je m'installe, la douleur est de plus en plus présente, forte, insupportable.

- Ava fait quelque chose. S'il te plaît.

- J'appelle Ice.

- Pourquoi ? Je vais crever ? Jusqu'au bout cette chienne de vie m'en fera voir.

Ice arrive et m'embrasse le front, l'inquiétude se lit sur son visage, je serre sa main, je lui la broie quand la douleur reviens.

- Ava tu m'expliques ? Pourquoi tu fais rien putain, elle souffre bordel !

- Parce qu'elle est en train d'accoucher !

- Quoi ? Je m'écris en même temps qu'Ice, les larmes ruissellent sur ces joues instantanément

- C'est impossible, dis-je

- Adriana, tu vas accoucher. Je te l'assure. Tu vas devoir pousser.

- Non, non. Laisse moi me lever c'est bon je pars. Tu racontes n'importe quoi, Ice dit lui, dit lui que c'est impossible !

Je lis dans ses yeux l'espoir, et je refuse ça. Je ne peux pas, elle se trompe, c'est impossible. Je n'ai plus de ventre, je n'ai rien, le Doc l'a dis. Je la déteste de lui faire ça, de nous le faire. Elle sait à quel point on a souffert de les perdre, pourquoi lancer un pronostic alors qu'elle sait que c'est impossible. Je crois que je frise l'histerie, je crois même l'insulter, la menacer et tout un tas d'autres choses. La douleur reviens, ne s'arrête pas, elle me percute, me découpe en deux, j'ai mal, je n'ai jamais eu aussi mal, j'ai envie de crever, c'est la main d'Ice que je fini par mordre, ça me soulage pas, mais il l'a dis pour le meilleur et pour le pire, alors je le laisse partager ma douleur avec joie, c'est égoïste, mais là, j'ai besoin qu'il souffre avec moi, qu'il me soulage.

Hell's Snakes MC #3 :  Ice & Adriana Où les histoires vivent. Découvrez maintenant