Hell's Snakes MC #3 : Ice & Adriana

L'ignorance protège quand la vérité fait mal

Ice

Personne ne semble se soucier du départ précipité de ma belle, sauf Charlotte et moi, ça fait un moment maintenant qu'elle est partie aux toilettes, je me lève et m'apprête à la rejoindre. A peine ai-je passé la porte du club que ma petite sirène passe à côté sans m'adresser un mot, pour ma part, je ne manque pas ses yeux rougis, elle a pleuré, j'en mets mes burnes à couper.

- Adriana ? Je l'appelle mais elle ne me répond pas, elle semble ailleurs, bien loin, dans un monde où plus rien ne l'entoure.

Je la rejoins et l'attrape par le bras, je nous dirige sur le côté à l'abri des regards, je ne compte pas la laisser être mal sans rien faire.

- Tu m'expliques? Lui dis-je en caressant sa joue de ma main.

- Il n'y a rien à expliquer Ice. Me répond-elle.

- Dit pas de conneries, t'as pleurer je l'ai vu.

- Et ? Ça te donne le droit de vouloir tout savoir ? C'est ça ? J'ai même plus le droit de pleurer sans te rendre des comptes ? tu vas faire quoi ? M'accompagner ou que j'aille à chaque fois c'est ça ? Me balance-t-elle en dégageant ma main.

- Pourquoi tu t'énerves d'un coup là ? J'ai pas le droit d'être là pour toi ? De te soutenir ? C'est quoi ton putain de problème sérieux ?

Bon, la direction que prend la conversation n'était pas prévue, pas du tout même, et je dois dire que nos éclats de voix vont commencer à attirer l'attention mais je m'en tape, là j'ai besoin de crever l'abcès si je ne veux pas péter une durite.

- Mon problème c'est toi Ice ! Pourquoi tu te préoccupes de moi ? Pourquoi t'es toujours là si gentil et compréhensif ? Pourquoi tu me laisses pas partir et régler ça seule ? Pourquoi tu ne me laisse pas mener ma vendetta ?

- Mais putain parce que je t'aime Adriana, depuis ce putain de premier jour ! Parce que te voir aller mal me rend fou, rien que d'imaginer qu'il t'attrapent me donne envie de crever, parce que tes secrets nous détruisent, pourquoi est-ce que tu ne me parles pas Adriana ...

Je ne regrette aucun mot de ce que je viens de prononcer, j'aurai aimé le faire dans d'autres circonstances, sans le lui crier aussi. Mais elle devait savoir, je vois des larmes couler sur ses joues, j'essaie de les essuyer mais ces mots me coupent dans mon élan.

- Ce qu'on ignore ne peut nous faire du mal Ice.

Ça y est elle me rend fou, je comprend rien, elle souffre, je peux rien faire, je suis impuissant et je déteste l'être . Je me retourne et souffle comme un bœuf, je ne lui ferais jamais de mal, elle comme moi le savons mais là j'ai besoin de frapper un truc, l'arbre derrière moi fera l'affaire. Je frappe encore et encore. .

- Mais putain tu vas arrêter avec tes demi-mots ? Tu crois que ton silence ne me fait pas de mal ? Parle bordel ! Qu'on avance ! 

- Qu'est-ce que tu veux savoir Ice ? Que je déteste mon frère au plus haut point ? Que chaque nuit je rêve de le faire souffrir avant de la faire crever ? Que je me déteste autant que je le déteste ? Que j'ai rêvé un nombre incalculable de fois de crever là-bas ? Que je n'ai qu'une envie c'est de m'arracher le cœur à main nue tellement je souffre ? Que voir Charlotte le ventre arrondis me tue ? Qu'ils y a 6 mois j'étais à sa place ? Que dans trois j'aurais accouché ? Tu veux savoir quoi ? Comment mon frère a-t-il fait pour tuer nos enfants ? C'est ça que tu veux savoir ? Hurle-t-elle

Je recule, sous le choc, un trente-trois tonnes vient de me percuter de plein fouet. C'est pas possible, de quoi elle parle putain. Je me sens vide, j'ai l'impression qu'on vient de m'arracher quelque chose dont j'ignorais l'existence. Adriana pleure à chaudes larmes, je la vois tomber au sol, démunie, détruite. J'entends des cris, je vois des ombres s'activer autour de nous, des pleures, partout. Mon cœur qui bat, puis cesse, pour repartir à nouveau, je la vois, mais je ne peux pas bouger, j'en crève, j'en ai envie, mais je crève. On me parle mais je n'entends pas, je crois que mon esprit s'évade, se protège, il alimente sa haine en tentant de faire taire sa douleur comme il le peut.
Elle était enceinte, j'aurais dû être papa, elle savait, je l'ignorais. Elle était seule, je l'attendais. Elle a souffert pour me protéger, je n'ai pas sû la protéger. Ils étaient deux, ils ne sont plus.  Je sombre, la noirceur m'ensevelit, il doit mourir.

Je la regarde, elle pleure dans les bras de ma mère, je veux aller vers elle, je le veux jusqu'à dans mes tripes, mais je la détruirait, c'est de ma faute tout ça, c'est parce que c'est moi qu'il à fait ça. Sans moi elle n'aurait jamais vécu tout ça, elle n'aurait jamais souffert. Je m'approche délicatement, ma mère s'éloigne de quelques pas, comme les autres, Adriana ne me regarde pas, elle ne peux pas. J'embrasse son front et la serre dans mes bras.

- Je vais le retrouver, je te le promets, tu seras libre de t'en aller après ça si c'est ce que tu souhaites, je comprendrais . Je ne sais pas si elle m'a entendu tant le brouillard semble épais autour d'elle,Je me détache d'elle, fait un pas puis deux, j'ai l'impression d'avoir laisser mon cœur et mon âme à ses pieds. Un dernier regard et je pars en courant, j'entends des pas derrière moi, mais de tous, j'ai toujours été le plus rapide. Et je démarre. 

- La traque commence, je vais te chercher, te trouver te suivre, te hanter, tu vas avoir peur, tu vas souffrir et tu vas crever Angel. Dis-je en guise de promesse solennelle en regardant le ciel.