Douce nuit

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ICE

M'allonger aux côtés de ma femme est exactement ce qu'il me faut pour apaiser mes maux. Elle a sur moi ce pouvoir comme magique, dès qu'elle apparaît dans la même pièce que moi, sa lumière éclaire soudain la noirceur dans laquelle je me trouve. Je sais qu'elle regardait dans le babyphone, parce que je fais pareil, je sais aussi qu'elle m'a vu pleurer. Si beaucoup d'hommes se cachent pour le faire, moi je n'ai pas honte de le faire devant ma femme, ce n'est pas une faiblesse, je ne me sens pas moins homme pour autant, ni moins virile, seulement en confiance. Je sais qu'avec elle, je peux être moi, laisser libre cours à mes émotions, à celui que je suis vraiment. Elle a toujours les mots qu'il faut, les gestes qui me soulagent, elle partage ma peine, ma colère. Elle est bien plus que ma femme et la mère de mes enfants, elle est ma confidente, ma meilleure amie, ma coéquipière, mon tout. Je sais que quoi qu'il se passe, quoi que je fasse, elle sera là, elle m'est d'un soutien inébranlable. On est allongé, je la serre fort contre moi, j'en ai besoin, ça me semble même vital en cet instant, sa main est posée sur mon torse, elle me fait des petites gratouilles comme elle aime le dire, ses doigts forment des arabesques sur mon torse, personne ne parle, mes yeux sont rivés au plafond, dans le vide. Mes pensées tourbillonnent encore et encore, revivant ces derniers jours encore et encore, comme une boucle infernale, un serpent qui se mord la queue encore et encore. Le départ de ma belle, l'attaque, mon père qui pleure au-dessus du corps sans vie de ma mère, le fait de ne pas trouver Adriana, le bâtiment qui explose, moi qui la croit morte, l'accouchement, les premiers jours, l'enterrement d'aujourd'hui. Et finalement, la guerre. J'imagine la traque, le goût du sang, de la vengeance, elles m'appellent inlassablement. Je me demande qui sera parmi mes frères sera le suivant à rencontrer la faucheuse, où s'il n'y aura que des Whites et ce fils de pute de Zack. J'imagine les innommables tortures que j'aimerais lui faire découvrir. J'imagine mon sourire digne de celui du Joker quand il perdra la vie. Je me demande qui de mon père ou Cut lui ôtera la vie, qui finira ce fils de pute.

- Hey ça va ? Me demande ma belle

- Ça va t'inquiète pas.

- Tu peux me parler tu sais, tu n'as pas à te cacher, pas avec moi.

- Je sais petite sirène. Je ne me cache pas face à toi, jamais. Je n'ai pas honte avec toi et tu le sais. C'est juste que je sais pas quoi dire...

- Commence par le début, tu es perdu dans tes pensées depuis plus d'une heure...

- Je pense à ces derniers jours, à tout ce que la vie m'a pris et m'a offert, à ce qu'il va se passer ses prochaines semaines, aux dommages collatéraux...

- Hey, vous êtes soudés, ça va aller. Vous allez le retrouver, j'en suis sûre, il ne pourra pas se cacher éternellement, vous finirez par l'avoir, je te le promets.

- À quel prix ? Dis-je

- C'est-à-dire ? Me répond-elle

- Je suis plus tout seul, Adri. Je peux plus partir sereinement, ni même ne plus craindre de ne pas revenir. Vous êtes là, toi et les enfants. Je ne survivrai pas s'il vous arrivait quoi que ce soit.

- Hey, regarde moi Ice, regarde moi. Tout ira bien, et justement, on est là, c'est la raison pour laquelle tu seras encore plus prudent que tu ne l'es déjà, pour cette même raison que tu rentreras tout les soirs, pour nous prendre les enfants et moi dans tes bras. Et lorsque tu partiras, je te promets de protéger nos enfants, puis, je ne suis pas seule pour ça. On est toute une famille Ice. Tout ira bien.

- Je l'espère, je l'espère vraiment de tout mon cœur.

- Tu es reparti dans tes pensées ...

- Elle me manque tu sais.

- Je sais...

- Il m'aura fallut l'enterrement pour réaliser qu'elle était partie. Pendant cinq jours, j'étais tellement pris avec l'accouchement et les bébés que j'ai réussi à occulter tout ça, je m'attendais à ce qu'elle débarque pour attraper Connor... J'ai imaginer tant de fois tout ces moments qu'ils ne partageront pas avec elle, j'ai l'impression d'avoir perdu une partie de moi-même, qu'elle a arraché un morceau de mon cœur et de mon âme et qu'elle est parti avec. Dit, ça fait toujours aussi mal ? Comment on fait pour avancer, pour survivre ?

- Je ne vais pas te mentir et te dire que la douleur partira, elle sera toujours là, elle fera parti intégrante de ta vie mais je te promets qu'elle finira par s'atténuer. Tu vas avancer, un jour après l'autre, pour toi et surtout pour elle. Parce qu'abandonner serait la faire mourir une seconde fois, alors que continuer ta vie c'est la faire vivre à travers toi. Elle sera toujours là, une maman ne part jamais loin de ses enfants. Où que tu sois, elle sera.

- Épouse-moi.

- Qu..Pardon ?

- J'ai dit épouse-moi, ne soit plus seulement la mère de mes enfants, ni ma meilleure amie, à mes yeux tu es déjà ma femme, mais j'aimerais que tu le deviennes officiellement, je veux crier au monde entier, je veux que même ma mère de là-haut entende combien je t'aime Adriana.

Je sens soudainement sa main sur ma queue, geste qui semble d'ailleurs me griller quelques neurones. Est-ce qu'elle à répondu ? J'en sais foutre rien. Oh bordel, c'est bon. Sa main entame de léger va-et-vient ensserant ma queue juste comme il le faut. À quel moment on est passé d'une demande en mariage soudaine à une branlette ?

- T'es pas obligée Adriana. Dis-je mais d'ailleurs pourquoi je dis ça moi ? Bien-sûr que si elle s'arrête je meurs d'un afflux sanguin, ligne d'arrivée : mes couilles.

- Tu es si sûr de ça, chéri ? Me dit elle malicieusement.

- Ok, continue. Oh putain ! Tu vas me tué. J'ai l'impression d'être redevenu un puceau !

- Tu risque de le redevenir si tu ne te tais pas, tu vas réveillé les petits.

- Oh merde. J'avais oublié ça !!! Arrête.

- Mais chut ! Si tu ne fais pas de bruits il sauront rien ! C'est pas comme s'ils étaient collés au lit. Profites et détends-toi.

Je ne lui réponds pas et fait ce qu'elle me dis, je me laisse aller. Sa main m'enserre encore, plus fort, plus vite, sa langue danse avec la mienne, encore un peu et je vais lâcher la mayo. Ben ouais, ça fait des mois que je n'ai pas baisé, Ice Junior tireur d'élite est à la retraite, il ne joue plus qu'avec une cible, celle-là même qui me fait voir des milliers d'étoiles, et peut-être même deux trois éléphants bleus, y'a pas à dire j'en avais besoin. J'embrasse fougueusement ma belle.

- Je vais prendre une douche je reviens.

Je profite d'une bonne douche en essayant de me remettre de ce moment. J'essaie de ne pas m'éterniser, presser de reprendre ma belle dans mes bras et d'entendre enfin sa réponse.

- Tu ne m'as pas répondu, petite sirène... Dis-je en chuchotant que j'arrive près du lit.

Je m'approche un peu mieux et me rend compte qu'elle s'est endormie. La garce, elle va me tuer à me faire attendre. Si ça se trouve elle va me dire non, putain quelle idée encore. Il faut vraiment que j'apprenne à réfléchir avant de parler. Je finis finalement par sombrer dans un sommeil profond, rempli de rêve, d'une Adriana dans une somptueuse robe blanche.

Hell's Snakes MC #3 :  Ice & Adriana Où les histoires vivent. Découvrez maintenant