Les Ombres du Passé

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Adriana


- Livia ? Sérieusement ? Tu me fuis et quand tu te ramènes, c'est avec cette salope ? Lui dis-je

- Tu la connais ? Lui demande-t-il, surpris.

- Ouais, c'est une longue histoire, alors on monte ? Lui répond mon ex-meilleure amie.

Je rêve dégorger cette truie et de m'en faire un paillasson. Le regard qu'il me lance est mauvais, j'ai bien conscience qu'il n'est pas dans son état normal, pour dire vrai, j'ai même du mal à le reconnaître. Je savais que c'était une mauvaise idée de revenir, je n'ai pas l'intention de me confier, alors pourquoi suis-je là au final ? Je n'en sais rien et je le regrette amèrement quand je le vois avec elle.

- Tu sais quoi Ice ? Reste avec cette pute, je ne sais même pas pourquoi je suis là. Et au passage, tu lui demanderas comment est-ce que les Whites m'ont si facilement trouver dans une soirée bondée d'étudiants, surtout quand je me suis décidé à y aller à la dernière minute. Les gars, merci pour le verre et si j'ai un conseil, prenez votre pote et dégagez le avec sa pouffe. Moi, je me casse.

Je finis mon verre cul sec et je repars, mon cœur c'est entaché de cet électron libre, et putain ce que ça fait mal. J'entends Charlotte qui m'appelle, quand elle arrive à ma hauteur, je suis prête à entrer dans ma voiture.

- Écoute Adriana, il n'est pas lui-même ces temps-ci, à vrai dire il n'est pas lui-même depuis que tu es parti au Mexique. Il a appris une mauvaise nouvelle aujourd'hui, ça n'excuse pas son comportement, mais il ne va pas bien, il le regrettera demain.

- Pourvu qu'il s'étouffe avec ses regrets.

- Tu es parti Adriana, tu n'as plus donné signe de vie, tu ne peux pas lui reprocher d'avoir continué à vivre.

- Il ne faut jamais se fier aux apparences Charlotte, tu es bien placé pour le savoir. Ne dites pas à mon oncle que je suis rentré, je ne compte plus rester.

Je claque la porte et démarre, je ne sais pas vraiment où aller, comme je l'ai dit à Charlotte, je ne veux pas rentrer chez moi, ma famille ne sait pas que je suis de retour et je ne veux pas qu'elle le sache surtout lui. Surtout après être venue ici.
Je pourrais bien squatter ma voiture, mais je reste une proie facile si l'ont me reconnais. Je n'ai plus qu'un endroit où aller, un endroit où j'aurai préféré ne jamais remettre les pieds.

Quarante minutes plus tard, je suis garée sur le parking, le bâtiment se tient devant moi, il abrite mes plus beaux souvenirs d'étudiante, mais aussi mes pires blessures. L'angoisse s'empare de moi, mais il faut que j'y aille je le sais. À peine suis-je descendu que le bruit d'un moteur retentit... Pourvu qu'il ne sache pas que je suis là, je prie tous les Dieux possible et imaginable. C'est à cause de lui que cet endroit que j'aimais tant, m'angoisse aujourd'hui. C'est à cause de lui que je suis partie, il a détruit ce qu'il y avait de bon en moi, il m'a volé une part de moi-même et je jure qu'un jour, il paiera pour ça. Le moteur se rapproche, j'aurai pu remonter dans ma voiture pour me cacher, a quoi bon ? Au lieu de ça je cours jusqu'à la porte d'entrée de ma résidence universitaire, Livia ne vit quasiment plus ici d'après mon meilleur ami... À peine ai-je passé la porte qu'une crise d'angoisse me saisit. Je peine à reprendre mon souffle, à respirer, mes mains tremblent, je suis en sueur, ma vue se trouble. Ça recommence encore. Je sens une main se poser sur mon épaule et je sursaute, je manque de m'évanouir et me retiens au mur.

- Adri ça va ? Je lève les yeux et derrière la brume dans mon regard, je le vois. Ice.

- Dégage. Lui dis-je péniblement

- Pas tant que tu n'iras pas mieux.

Je m'assied et tente de me reprendre, les mains sur les genoux, j'essaie de calmer cette putain de crise d'angoisse. Et pourquoi il m'a suivi lui ? Pile-poil maintenant ? Je ne peux pas lui expliquer. Il ne doit jamais savoir, je dois le protéger quoi qu'il m'en coûte. Je peux porter seule ce fardeau, je le dois, je n'ai pas le choix. J'essuie rageusement les larmes qui coulent sur mes joues.

- Va-t'en Ice.

- Je ne partirai pas Adri. Tu n'as pas le droit de débarquer comme ça, te foutre dans cet état et me demander de partir.

- Je le fais pourtant, pars, c'est mieux pour tous les deux.

- Est-ce que tu me caches quelque chose ? Me demande-t-il en s'asseyant à mes côtés.

J'ose un regard dans sa direction et me perd dans ses yeux. Des yeux qui m'ont hanté ces quatre derniers mois, souvenir indélébile de cette seule nuit à ces côtés, de ce que j'avais et de ce que j'ai perdu. Auraient-ils eu ces yeux que j'aime tant ?
Ma main s'élève toute seule pour caresser son visage, j'en mémorise tous les traits, je ne veux rien oublier de ce qu'il est, de ce qu'il représente, mon amour impossible.

- Adriana, réponds-moi

- Je ne peux pas Ice. Je suis tellement désolée si tu savais, mais je ne peux pas.

- Pourquoi as-tu demandé à Charlotte qu'on ne prévienne pas ton oncle de ton retour ? Est-ce qu'il t'a fait du mal ?

- Mon oncle me donnerait le bon Dieu sans confession, Ice, jamais, il ne me ferait du mal.

- Alors qui ?

La peur m'étreint, j'aimerais pouvoir lui dire, me confier, qu'il partage avec moi ma douleur, qu'il m'aide à la surmonter. Mais je ne peux pas.

- Adriana, de qui as-tu peur ? Je retournerai cette ville pour avoir des réponses si tu ne me les donnes pas toi-même. Je connais chacune de tes réactions, je t'ai observé durant des heures, je sais que tu me caches un truc et que tu fuis.

- Comme tu m'as fui. C'est mieux ainsi Ice. Je suis désolée. Lui dis-je en embrassant sa joue. Prends soin de toi.

Une larme roule sur ma joue, et je monte au troisième étage, je rejoins cette pièce que j'aurais tant voulue fuir. À cause de lui.

Hell's Snakes MC #3 :  Ice & Adriana Où les histoires vivent. Découvrez maintenant