6. Chute du quarante-troisième étage (Yvan)

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(Yvan)


L'interprétation des rêves.

Le voyage au cœur de l'inconscient.

Les non-dits, les interdits restent accrochés à chaque cellule nerveuse.

Comme la gangrène, le phénomène est paralysant, hallucinant.

Tant qu'il n'y a pas le silence de rompu, rien ne peut se faire.

Mais, ce silence est parfois pire.


Les gouttes de pluie ruissèlent sur le carreau de la maison dans une lenteur monotone.

Dommage que ce ne soit pas de la neige ; ça lui rappellerait les paysages enneigés de son enfance.

Pourtant, il n'y avait pas de montagnes, seulement des buildings, menaçant de s'effondrer.

Comme jadis, lorsque ses ancêtres y travaillaient encore.

Ce n'était peut-être pas spacieux; mais il se peut se vanter à présent d'avoir une pièce remplie de bouquins précieux.

Les temps changent.


Puis, là, il se pose avec une tasse de thé fumante, dans un petit salon, sur un canapé en cuir, comme le font les vieux, sans doute.

Est-il dépassé ou l'époque ne lui correspond plus ?

Tout comme cette nation qu'il ne reconnaît plus.

Parfois, les méthodes peu scrupuleuses sont plus attrayantes que de vivre ici, dans les pas de l'Enfer.

Il fait toujours les mêmes rêveries récurrentes; il cherche des réponses tandis que l'horloge sonne de temps en temps.

Il ne sait pas ce qui lui arrive, mais il sent un mal être, une sensation étrange qui emplit et perfore son estomac.

Comme si ça commençait à naître, au plus profond de ses vagues à l'âme, un désir malsain, une aversion pour la vengeance.

Parfois, il est vrai qu'il danse avec des couteaux.

Mais, dans l'histoire, il n'y a jamais de femme, loin du crime passionnel; il y a plutôt une charmeuse de serpent.

Cette idée prend de plus en plus de place dans son esprit indolore.

Un fort pressentiment.

Une image sur du papier glacé.


"-Fais chier."


Le sommeil ne lui vient pas.

Certes, il n'est pas encore dans sa chambre.

Mais merde, il devrait sentir ses paupières s'alourdir sous le poids de l'ennui.

Il ne doit pas assez s'ennuyer.


Car quand même, Freud est un peu luné, c'est dur de le suivre à une heure pareille.

Il n'a jamais trop accroché à ses théories, mais il reconnaît son talent pour la démonstration, même si ça tombe parfois dans la perversion.

C'est là qu'on voit qu'il vient plutôt de l'école des romantiques, de ceux qui croient encore, qui s'émerveillent devant la beauté naturelle des Alpes ou encore, de la Pentagonie.

Il donnerait n'importe quoi pour voyager, juste comme ça, aller à la rencontre d'autres cultures, car apprendre est une manière de survivre.

De ne pas vieillir.


Ivanova, je n'ai que toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant