Salle de réunion, 13h58
Dans un dernier regard vers son téléphone, l'homme vérifie si son billet a bien été validé sur le site en ligne, afin de pouvoir rentrer chez lui sereinement.
C'est con d'avoir le permis et de n'avoir jamais pu se payer une voiture, même quelconque.
Il connaît ce pays pour les imprévus et surtout pour les grèves, les retards, les dysfonctionnements.
Chez lui, tout était acté, ça ne se passait jamais comme ça.
Mais encore pire; là-haut, il n'y avait pas toute cette vague de violence.
Ou alors, ça lui semblait moins brutal car il mettait ça sur le coup de la patrie, et de toutes ces conneries.
Aimer la Russie est une allégorie.
"-Encore deux minutes. On va bientôt commencer. Installez-vous."
Donnant les dernières directives, l'équipe opérationnelle se met en place, bien silencieuse, traduisant une certaine anxiété.
En même temps, ils sont en alerte, et ce n'est pas prêt de s'arrêter.
Oh que non, il paraît que ça va continuer, de plus belle.
Comme dans une sorte de crescendo dans le dernier opéra rock de l'année.
Alors, tout le monde s'installe peu à peu, dans un calme presque militaire, les visages graves et ternes.
Puis, il y a lui, qui regarde depuis le haut de la tour, le sol qui se dérobe à des centaines de mètres.
C'est impressionnant cette hauteur, mais pas autant que cette envie de cracher.
Des milliers de mots sur un tableau de bord.
D'ailleurs, qu'est-ce qui l'empêche d'attraper ce feutre et juste de créer ?
Il est juste un pauvre flic, spécialisé dans le terrorisme, voilà tout.
Alors la poésie, il peut la ranger au placard, parmi ces dossiers poussiéreux, que personne n'ouvre plus jamais.
Il ne restera que les couronnes de fleurs sèches pour pleurer, encore un peu.
"-Bien. Je pense qu'on est bon. On va démarrer cette réunion de crise, merci d'être venu."
L'informaticien attribué s'occupe de projeter un diaporama, histoire que le personnel ne s'endorme pas; car oui, depuis quelques jours, on sent les nuits blanches et les nerfs abîmés.
Encore heureux que la caféine tourne dans les mains.
Toujours, encore et encore, les mêmes tourbillons innocents.
Mais à ce stade, il faudrait presque se rincer la bouche de vodka-Doliprane.
Endiguer et anticiper.
"-Je ne vous refais pas le bilan des pertes. C'est une catastrophe. Les suspects sont toujours en fuite. On travaille en coordination avec Interpol. Des infos sinon ? "
A tour de rôle, quelques personnes interviennent pour étoffer les dernières nouvelles, mais rien de très intéressant.
C'est toujours la même chose, une cavale qui leur échappe, malgré les caméras de surveillance et les frontières.
C'est du délire, comme dans un film à la Matrix.
Surtout en 2024, ça craint.
"...On continue de se pencher sur ce dossier. On ne peut les laisser s'échapper ainsi, ils méritent d'en payer le prix, n'est-ce pas ? Bien, passons aux différentes alertes à la bombe dans la capitale, aux points stratégiques et à nos communications avec les différents Ministères."
VOUS LISEZ
Ivanova, je n'ai que toi
RomanceLa médecine légale n 'arrive même pas à déterminer réellement la "pire" mort. L'un dira blanc; l'autre noir. En pleine gare de Paris, station 4 septembre, une carcasse git encore sur les rails, brûlante à souhaits. Plusieurs services sont dépêchés s...