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La nuit du vendredi au samedi, Sangmin n'arrête pas de repenser à sa conversation avec Taeyoung, serrant le foulard de sa mère contre son cœur. Ça le travaille tellement qu'il en a même discuté avec Jumin, à voix basse avant qu'ils ne s'endorment : elle est du même avis que son petit ami et lui, le plus tôt il parle, le mieux ce sera. Sans que cela ne surprenne Sangmin – bien qu'il n'ait pu cacher son sourire même dans le noir –, Jumin n'a pas manqué d'insister sur sa présence et son soutien sans faille. Quoi qu'il arrive, quoi que Sangmin dise, quoi que leur mère réponde, elle sera là, assurant même qu'elle n'hésitera pas à réagir et répliquer si Sarang vient à avoir des gestes, propos ou regards déplacés.
À leur réveil, elle a à peine ouvert les yeux qu'elle lui rappelle de sa voix endormie qu'elle ne faillira pas à son devoir de petite sœur. Coûte que coûte, elle le défendra.
— De toute façon, ajoute-t-elle en sortant lentement de son lit, si maman réagit mal c'est qu'il y a un alien dans sa tête. Je vois pas d'autres explications.
Sangmin pince les lèvres, pas totalement convaincu. Il envie la foi que Jumin a en leur famille, lui qui ne peut s'empêcher de douter de tout et surtout d'imaginer le pire. Malgré tout ce qu'elle a déjà dit et fait pour le rassurer, il ne se débarrasse pas de ses angoisses qui l'ont encore maintenu longtemps éveillé.
Tous deux quittent la chambre et s'installent à la table de la cuisine pour prendre leur petit déjeuner ; leur mère a laissé un mot. Elle sera de retour pour le déjeuner. Serait-ce le moment... ?
— Tu m'as raconté votre conversation d'hier, commence Jumin, mais comment ça s'est passé avec Taeyoung, cette semaine ?
Le regard perdu sur le bout de papier, relisant sans les voir les lettres écrites de la main de Sarang, Sangmin hausse simplement les épaules.
— Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? insiste Jumin.
— Qu'il se passe rien, on s'est pas vus en dehors du lycée.
— Rien du tout ? Même pas votre tout premier bisou ?
Sangmin fronce les sourcils, manquant de déglutir de travers. Le rouge lui monte aussitôt aux joues, tout comme le souvenir des lèvres de Taeyoung si près des siennes lui revient en tête. Il a été prêt à l'embrasser au beau milieu de la cour. Ce premier baiser, il en rêve peut-être plus qu'il ne le pense.
— T'es tout rouge, le taquine sa sœur, t'es sûr qu'il n'y a rien eu du tout ?
Secouant la tête, Sangmin fronce un peu plus les sourcils.
— Il n'y a vraiment rien eu, Jumin, et je t'ai déjà dit que ça te regardait pas.
Pour toute réponse, elle hausse innocemment les épaules.
— On va à notre rythme, continue Sangmin. Ça viendra quand ça viendra, c'est tout.
— Votre rythme ? Ou ton rythme ? Parce que c'est différent, tu sais. Peut-être que ton rythme n'est pas le sien et qu'il vous faut trouver un équilibre. Les couples, ça fait des compromis, non ? Pour que les deux y trouvent leur compte. Peut-être que Taeyoung a envie d'avancer un peu plus vite dans votre relation, tu lui as demandé ?
— Il m'a... Il m'a déjà dit le week-end dernier que mes limites seront les siennes... C'est déjà un compromis, ça, répond-il, le cœur serré.
Un compromis qui invisibilise totalement les envies et ressentis de Taeyoung.
— Ça veut dire ton rythme, ça. Écoute, je sais pas comment ça se passe entre vous quand vous êtes dehors, par exemple, mais c'est pas parce qu'il a dit ça qu'il a envie de s'y tenir. Faut en discuter.
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Incompatibles
JugendliteraturIssu d'un milieu défavorisé et aîné de sa fratrie, Sangmin porte le poids de la pression de la réussite ; il lui faut se lancer dans de brillantes études et ainsi assurer un avenir meilleur à sa famille. Pour y arriver, il doit jongler entre le lycé...