☁︎ extrait de journal nº 14

11 4 5
                                    

— • ☁︎ • —

Mardi 31 juillet 2018 — 23 h 59, la cuisine

J'étais dans la cuisine quand maman est rentrée. Elle avait les yeux fatigués mais cette fois son regard était différent elle m'a souri et au lieu de me demander comment était ma journée et de me souhaiter une bonne nuit elle a demandé si on pouvait parler. Elle avait pas besoin d'en dire plus pour que je comprenne et finalement moi j'ai rien dit je l'ai juste écoutée. Elle m'a raconté ses conversations avec Jumin surtout celle du début des vacances Jumin qui voulait chercher des réponses dans la lettre qui lui a montré le foulard que je garde et que j'avais avec moi le jour où peu importe elle m'a dit qu'elle avait vite compris qu'elle avait eu la mauvaise réaction que c'était plus facile de faire comme ça plutôt que d'agir comme une mère. Je peux même pas compter ou me rappeler le nombre de fois où elle a dit qu'elle était désolée qu'elle s'en voulait et qu'elle avait honte.

Elle m'a aussi avoué qu'elle avait lu la lettre quelques jours après que Jumin l'a cherchée parce qu'elle pensait que ça l'aiderait à mieux me comprendre mais finalement ça lui a fait plus de mal encore de savoir ou de se dire qu'elle avait été une si mauvaise mère avec moi alors que c'est pas vrai... de penser que c'était sa faute alors que je lui avais écrit plusieurs fois que non... de voir que j'allais aussi mal. J'ai pas osé lui dire que ça s'arrangeait pas.

Maintenant je sais que si elle a mis du temps à me parler c'était pas que pour digérer tout ça et accepter c'était aussi parce qu'elle avait honte de son comportement et peur de pas trouver les bons mots de me blesser encore plus. Elle m'a dit qu'elle se fichait bien de savoir de qui je pouvais bien tomber amoureux tant que j'étais heureux et qu'elle pouvait avoir confiance en la personne concernée.

Elle pleurait pendant qu'elle me parlait aussi elle pleurait parce qu'elle arrivait pas à accepter que j'aie pu aller si mal et qu'elle ait pu en rajouter une couche elle pleurait parce qu'elle était heureuse aussi pour moi et qu'on soit une famille unie comme ça. Elle m'a fait un câlin et je me suis senti redevenir un bébé dans ses bras comme si j'effaçais tout pour recommencer.

Moi aussi je pleurais.

Parce que je suis heureux de l'avoir retrouvée.

Parce qu'elle pense que ça va bien alors que c'est tout le contraire.



Mercredi 1er août 2018 — 22 h 12, ma chambre

Quand je suis rentré j'ai pas pu attendre deux minutes avant de raconter toute la soirée d'hier à Jumin. Ça l'a à peine surprise que maman m'ait enfin parlé peut-être qu'elle l'avait prévenue mais ça n'a pas d'importance. C'est pas parce qu'elle était pas surprise que ça se soit enfin fait qu'elle était pas heureuse elle m'a pris dans ses bras tellement longtemps que c'est devenu gênant comme câlin mais à vrai dire je m'en fichais bien j'étais heureux de la voir aussi heureuse ça lui fait un souci de moins en tête à elle aussi. Notre famille ne risque plus de voler en éclats ou de basculer du moins pas à cause de maman.

D'un autre côté j'ai peur que ça confirme ma théorie. Y a une petite chance pour que ça aille bien et de fortes chances pour que tout s'écroule. Taeyoung m'a envoyé un message aujourd'hui dans l'après-midi pour me dire qu'il était rentré et il m'a proposé un rendez-vous dans un café sur le toit d'un bâtiment de Séoul. Demain je peux le revoir demain si j'arrive à négocier de partir plus tôt au travail j'ai déjà les arguments pour faire pencher la balance en ma faveur et je sais que M. Jung pourra accepter si c'est que pour une fois mais j'ai peur. Taeyoung était toujours aussi distant et froid dans son message alors j'ai peur de comment nos retrouvailles vont se passer j'ai peur de ce qu'il va bien pouvoir me dire.

Si ma théorie se confirme ça va foirer avec lui.

— • ☁︎ • —

IncompatiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant