☁︎ chapitre 24

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Jeudi matin, et malgré une courte nuit ne sortant pas de l'ordinaire, Sangmin se réveille avec un sourire sur les lèvres. Si tout se passe bien, il va enfin pouvoir revoir Taeyoung, lui parler, peut-être même le toucher. Surtout, il peut espérer avoir enfin des réponses. Il se convainc que rien ne pourra gâcher cette journée, de la même façon qu'il n'a rien laissé entacher sa journée chez Taeyoung au début des vacances.

Ce jour sera un jeudi radieux qui pourra régler beaucoup de problèmes, dénouer beaucoup de nœuds.

Alors que Jumin petit-déjeune tranquillement dans la cuisine, Sangmin fait son sac, récupérant le léger repas qu'il s'est préparé la veille, une gourde d'eau fraîche ainsi qu'un peu d'argent liquide. Un peu plus que d'habitude pour ne pas prendre le risque que Taeyoung lui paye quoi que ce soit au café. On n'est jamais trop prudent.

Lorsqu'il remonte la fermeture à glissière et dépose son sac dans l'entrée, un frisson lui secoue tout le corps.

Il manque quelque chose.

Sangmin se refait la liste des choses à prendre : argent, déjeuner, eau. De quoi d'autre a-t-il besoin pour un jeudi radieux ? Le foulard reste de plus en plus souvent sur son bureau, et bientôt il retrouvera sa place dans le tiroir de Sarang. Son journal...

Ni une ni deux, il se précipite dans la chambre pour le récupérer. Il l'a emporté tous les jours au travail. Au cas où. Juste au cas où. Son travail lui a pris tout son temps, mais, parfois, le désir brûlant de se réfugier entre les pages gondolées, de se noyer dans l'encre noire, lui tordait le ventre, douleur sourde et sournoise. C'est une précaution de plus, aujourd'hui. Qu'une précaution. Il va retrouver Taeyoung, tous ses soucis s'envoleront ou pourront attendre qu'il soit rentré.


Arrivé au Ver's House, Sangmin réussit à mettre ses pensées de côté quelque temps. Il ne garde que le bonheur à l'idée de retrouver Taeyoung pour accueillir dignement les clients, rester poli, aimable, souriant. De tous ces gens avec qui il échange quelques mots, personne ne doit se douter un seul instant du chaos qui règne à l'intérieur de ce corps frêle. Ses cernes disparaissent derrière son sourire et sa bonne humeur, les mots sortent par automatisme, ses gestes mécaniques sont habitués aux tremblements. Tout cela, est-ce vraiment dû à l'impatience de voir son petit ami ? Ou peut-être à l'appréhension de parler à M. Jung. Ça ne peut pas être dû à la peur, à l'angoisse, au désarroi. Aucune raison de s'inquiéter, aujourd'hui.

Sangmin profite de sa courte pause déjeuner pour chercher son patron, qu'il trouve dans la salle de repos des employés, en pleine conversation téléphonique. Il attend à une distance raisonnable, jusqu'à ce que M. Jung ne raccroche et ne lui adresse la parole. S'approchant timidement, Sangmin le salue en s'inclinant, utilisant un peu trop d'honorifiques pour que ça ne cache rien. Pas pour l'amadouer, seulement parce qu'il ne sait pas comment s'y prendre pour lui faire une telle requête.

— Tu as quelque chose à me demander ? comprend M. Jung.

Sangmin hoche timidement la tête avant de s'éclaircir discrètement la gorge.

— Je t'écoute alors.

— J'ai un rendez-vous important, cet après-midi, commence-t-il. Est-ce qu'il serait possible que je parte plus tôt ?

Son patron déverrouille l'écran de son téléphone, la mine concentrée.

— À quelle heure est ton rendez-vous ?

— Seize heures trente, mais il me faut environ quarante-cinq minutes pour y aller...

Consultant toujours son portable, M. Jung hoche la tête, une moue sur les lèvres. Quelques secondes s'écoulent dans un silence tendu par l'attente où seul le bruit des doigts du patron tapotant l'écran se fait entendre. Tap, tap, tap. Son trop régulier pour le cœur de Sangmin. Ça lui rappelle les tic et les ploc.

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