Incompatibles

☁︎ chapitre 17

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Lorsque que Sangmin ouvre les yeux, mardi matin, une drôle d'impression le parcourt du sommet de la tête jusqu'au bout des orteils. Une idée, le reste d'un rêve ou d'un cauchemar, un pressentiment. Quoi que ce soit, ça ne lui plaît pas. Il n'y a aucune raison pour que cette journée soit différente des autres. Sa majorité ne compte pas. Son anniversaire ne peut pas être jour de fête, surtout pas en ce moment. Le climat familial ne s'y prête pas, le noir qui afflue en permanence ne s'y prête pas.

Sa routine ne dévie pas ; Jumin et Sarang dorment quand il quitte l'appartement et il est encore et toujours le premier à s'installer dans la classe. Soupirant, il sort quelques affaires de son sac et tâche de se plonger dans ses révisions. Il lui est de nouveau compliqué de se concentrer, impossible de travailler malgré son week-end déjà très peu productif. Malheureusement – ou heureusement ? –, il est bien vite dérangé par l'arrivée de Taeyoung. Ce dernier jette un coup d'œil par-dessus son épaule avant d'adresser un large sourire à Sangmin ; une fois à son niveau, il se penche pour lui déposer un baiser sur la joue – contact si doux qui fait rougir Sangmin – et murmurer à son oreille :

— Joyeux anniversaire.

Sangmin glisse la main dans celle de son petit ami, pressant tendrement ses doigts, et répond un faible merci. Il se redresse même sur sa chaise, invitant Taeyoung à se pencher de nouveau pour lui rendre son baiser.

Outre ces quelques secondes d'intimité secrète, la matinée ressemble à toutes les autres. Ce n'est qu'à la pause déjeuner que le comportement de Taeyoung paraît à nouveau étrange à Sangmin, par rapport à une journée normale. Il lui a pourtant déjà souhaité son anniversaire, alors que signifient ces regards tendres et amusés qu'il ne cesse de lui jeter sur le chemin de la cantine ? Même alors qu'ils discutent calmement, une fois installés, ces coups d'œil continuent, de plus en plus nombreux et insistants.

— Qu'est-ce qu'il y a ? finit par demander Sangmin.

Taeyoung hausse innocemment les sourcils, mais Sangmin ne manque pas le sourire qu'il tente de dissimuler en prenant une gorgée d'eau.

— Tu me regardes bizarrement depuis tout à l'heure, insiste-t-il.

— Je suis heureux d'être avec toi, c'est tout. Surtout aujourd'hui.

D'un geste hésitant, il tend la main vers la sienne, effleurant sa peau du bout des doigts avant que Sangmin n'échappe à ce contact, cachant sa main sous la table. Il baisse le nez vers son plateau, les oreilles rouges ; Taeyoung murmure un pardon et Sangmin secoue la tête.

Le déjeuner suit son cours sans autre petit incident du genre, Taeyoung rebondissant facilement avec un nouveau sujet de conversation. Ils sortent tôt de la cantine et s'avancent vers leur arbre habituel, au pied duquel Sangmin s'installe. Son petit ami resté debout, il lui adresse un regard interrogateur.

— Tu m'attends deux minutes ? Faut que j'aille chercher un truc dans mon sac.

Sangmin se contente d'un signe de tête pour répondre ; a-t-il vraiment d'autre choix que laisser Taeyoung faire ? Ce dernier s'en va aussitôt, non sans lui lancer quelques regards par-dessus son épaule jusqu'à disparaître de son champ de vision.

Immédiatement, Sangmin se sent seul. Son soleil a disparu, laissant derrière lui un vide glacial qui le fait frissonner. Il jette un regard circulaire à la cour, seulement pour voir quelques camarades rire derrière leur main en lui lançant des œillades peu discrètes. S'il était un peu plus près, il pourrait entendre leurs commentaires à son égard. Ça n'arrête plus, et, désormais, il attend l'angoisse au ventre le jour où ce sera leur couple qui sera évoqué par les rumeurs. Si tout le monde critique déjà sa relation amicale avec Taeyoung, aucun doute que les remarques seront plus blessantes sur leur relation amoureuse, compter sans celles sur leur orientation sexuelle.